18; Callie

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JE TENDS À REESE une boîte de pansements. Il me dévisage, se demandant probablement ce qu'il peut bien faire avec ça. Je désigne alors ses jointures couvertes de sang. Reese acquiesce et commence à éponger le sang. Ça me fait tout bizarre de le voir là, dans ma minuscule chambre, assis en tailleur sur mon lit. C'est comme si nous étions revenus à cette époque où Reese passait pratiquement tout son temps chez moi, dans ma chambre. Sauf que nous sommes loin de cette réalité à présent.

« - Tu n'étais pas obligée de faire ça, Callie, m'assure Reese.

- Je n'avais rien à perdre. Et puis... J'en avais envie. »

Reese sourit faiblement, mais je vois bien que ça lui en coûte. Il n'est pas dans son état normal. Il est tout chamboulé par ce qui vient de se passer.

Après la bagarre, c'est moi qui suis allée vers lui. Charles et Bethany prenaient déjà la fuite, quand je me suis dirigée vers mon ancien petit ami. Charles devait être extrêmement sous le choc, car il n'a pas cessé de lancer des petits coup d'oeil nerveux à Reese. Tout le monde semblait autant en état de choc. Personne ne bougeait. Tout ces idiots fixaient Reese comme une simple bête de cirque. C'est là que j'ai compris qu'il fallait que j'intervienne. Je me suis donc faufilée au travers de la foule pour atteindre Reese et lorsque j'ai été suffisamment près de lui, je l'ai attrapé par le bras. Il semblait surpris au début, encore un peu sous le choc. Ses yeux étaient écarquillés et ses mains tremblaient. Je lui ai demandé de me suivre et il s'est exécuté, une expression d'hébétude sur le visage. Je l'ai traîné jusque chez moi, sachant qu'il était hors de question qu'il retourne chez Annie et Moira McDonough dans cet état.

Je m'assois tranquillement sur le bord de mon lit aux côtés de Reese. Il lève nerveusement les yeux vers moi. Ses mains tremblent toujours.

« - J'ignore ce qui m'est passé par la tête, murmure Reese

- Tu as défendu ton ami, Reese. Tu as simplement été loyal envers lui.

- Il y avait d'autres moyens d'être loyal. J'aurais dû... J'aurais dû chercher à discuter avec ces deux salauds au lieu de me bagarrer. La violence n'aide en rien.

- Reese, tu es en colère. C'est normal ! je rétorque.

- Non ! Non ce n'est pas normal. C'est... C'est... » s'exclame mon ex-petit ami.

Je lui prends la main. Reese sursaute, mais ses épaules s'affaissent l'instant d'après. À mon contact, il arrête aussitôt de trembler. Quand j'étais plus petite et que je faisais des cauchemars, je me réveillais toujours en sursaut, le corps tremblant. C'était ma mère qui venait me réconforter. Elle s'assoyait sur mon lit et se mettait à me frotter le dos, tout en me disant des paroles réconfortantes. Ce simple souvenir fait monter une vague nostalgie en moi. Je secoue la tête pour chasser cette-dernière et me mets à frotter doucement le dos de Reese dans le seul et unique but de le réconforter. Ou plutôt, serait-ce moi que j'essaie de réconforter ? Après tout, cette fichue bagarre à réveiller en moi des souvenirs douloureux que j'adorerais oublier. Malheureusement, c'est impossible.

Est-ce égoïste de ma part de souhaiter oublier certaines choses ? Reese fait de son mieux pour retrouver la mémoire, alors que moi je ne souhaite que la perdre.

« Tu peux tout me dire, Reese. D'accord ? »

Il hoche frénétiquement la tête, se mordant la lèvre inférieure.

« - Tu penses toujours que je suis un mec bien ? me demande-t-il d'une petite voix.

- Reese, tu es humain.

- Ça ne répond pas à ma question.

- Bien sûr que tu es quelqu'un de bien, mais tu as des défauts comme n'importe quel autre être humain, je lui assure.

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