Chapitre 1 : The funeral

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Achhadu an la ilaha Illa – ilahu wa achhadu anna Muhamadan Rasoulullah, murmura du bout des lèvres Noah Khan, l'index de la main droite relevée.

Il posa ensuite ses deux mains sur son tapis de prière, imitant son père à ses côtés, puis récita la prière d'Ibrahim. Paul et son fils se rendaient assez peu à la Grande Mosquée de Paris, mais l'annonce du décès de Betty Lefevre les avait poussés à aller se recueillir ce mercredi matin. Noah et Paul se retournèrent ensuite vers la droite et murmurèrent la formule du salut au même moment :

As salama 'alaykum wa rahmatullah.

Puis ils répétèrent la même formule en se tournant vers la gauche, avant de se relever et de ranger leur tapis en silence. Ils sortirent tous les deux de la salle des prières, remettant leurs chaussures restés à l'entrée, puis commencèrent à marcher dans la cour intérieure.

Noah adorait cet endroit. Il était calme, à l'abri du tumulte de la capitale. Les revêtements de marbres, de faïences polychromes, les fontaines de porphyre et les portes de cèdre donnaient au lieu une ambiance orientale qui rendait le garçon nostalgique de son pays d'origine. Pays qu'il n'avait jamais vraiment connu par ailleurs, hormis les étés qu'il passait avec son père au Pakistan depuis ses cinq ans.

— Je suis content que tu sois revenu à la maison, murmura Paul en suivant son fils dans les couloirs du bâtiment.

— J'imagine que Chloé ne partage pas ta joie, ironisa Noah en haussant des sourcils.

— Ne pense pas ça, elle s'en veut beaucoup pour tout ce qu'elle t'a dit.

— Disons juste qu'elle a été trop franche.

Paul s'arrêta de marcher et retint son fils par le bras, celui-ci se retourna vers lui.

— Je n'aurais pas dû te laisser quitter la maison, reprit Paul, Tu as dû avoir l'impression que j'avais choisi Chloé et Jonas plutôt que toi, mais ce n'était pas le cas... J'étais juste complètement perdu. Je ne savais plus quoi faire. Pardonne-moi.

— Je n'ai pas vraiment été exemplaire non plus, tenta de l'interrompre Noah.

— Mais c'est moi le modèle, reprit Paul d'un ton empli de regrets, Je sais que j'ai été affreux. Souvent absent, à travailler comme un dingue, pourtant, à chaque fois que je rentrais de mes voyages d'affaires, tu étais là. A la maison, à m'attendre. Tu ne m'as jamais abandonné. Tu n'es jamais parti sans me donner de tes nouvelles. Et quand j'ai ramené Chloé et Jonas à la maison, tu n'étais pas d'accord avec ça, mais tu es resté. Tu es toujours resté... Alors, je t'en prie, ne part plus jamais.

Paul avait sorti tout cela d'un seul coup, sans respirer, et Noah pouvait lire sur son visage une sorte de soulagement.

— Merci, souffla-t-il, surpris par sa franchise.

Ils continuèrent de marcher en silence, puis Paul reprit après un instant :

— Comment tu vas Noah ?

Le garçon savait que ce n'était pas qu'une formule de politesse.

— C'est dur, murmura-t-il, Je ne suis toujours pas allé voir Ellie. Je crois que j'ai peur de sa réaction. Elle n'avait vraiment pas besoin de ça. Elle doit se sentir tellement seule désormais, je n'ose pas imaginer ce qu'elle doit ressentir.

— Oui je sais, commenta Paul, songeur, Mais au risque de me répéter... Comment toi, tu vas ?

— Oh moi ? C'est vraiment important à un moment pareil ?

NantisWhere stories live. Discover now