Nantis

Chapitre 18 : Too many friends

Ellie posa son plateau sur une des tables les plus isolées du réfectoire, suivie de près par Gabrielle et Esther. La jeune fille s'installa à une chaise, accrochant ses longs cheveux bruns en queue de cheval, puis elle se retourna vers ses deux amies pour les interroger :

— Pourquoi les autres ne mangent pas avec nous ?

— Yanis révise un devoir pour cet après-midi, je crois, lui répondit Esther en croquant dans un morceau de pain.

— Et au cas où tu ne l'aurais toujours pas remarqué, Ethan nous ignore depuis la rentrée, ajouta Gabrielle après un coup d'œil au réfectoire derrière elle.

Ellie suivit son regard et tomba sur le concerné qui déjeunait avec deux garçons de sa classe. Elle ne voulait pas le préciser à Gabrielle, mais, si, effectivement, elle remarquait à l'instant que ça faisait un bail qu'elle ne l'avait pas vu dans le coin celui-là.

Ne préférant pas vraiment s'attarder sur l'information, elle se concentra sur son plateau pour commencer à manger et Esther reprit la conversation :

— Et Noah ?

— Je ne l'ai pas vu aujourd'hui, marmonna la jolie brune d'un haussement d'épaule. Je ne sais même pas s'il est au lycée. Vous avez fait quoi de votre week-end ? Enchaîna-t-elle pour changer de conversation.

— Rien, soupira la jeune rousse en se servant un verre d'eau. Mon père n'a pas digéré mes dernières notes et je suis privée de sortie jusqu'au BAC.

— Sérieux ? S'exclama Gabrielle en fronçant ses sourcils châtains et minutieusement épilés. Mais c'est dans plus d'un mois ! C'est horrible.

— Ne m'en parle pas. Yanis a été leur dire que j'étais sortie tous les soirs lors de nos dernières vacances... Avec toi, précisa-t-elle à l'attention d'Ellie qui semblait se foutre de leur conversation.

— Ne me regarde pas comme ça, l'arrêta la concernée. Je ne t'ai pas forcé à me suivre.

— On n'a pas tous tes parents, résuma Esther.

— Excuse-moi d'avoir des parents qui se fichent de mon existence, ironisa la jeune fille en retour.

— La ferme, soupira Gabrielle. Vous, vous en avez pas un des deux qui boit à se rendre ivre mort et qu'on retrouve allongé dans son salon en se levant le lundi matin avant d'aller en cours.

Les deux jeunes filles se retournèrent vers leur amie, un sourire compatissant sur leurs lèvres.

— Et bien, commenta Ellie. Ils sont beaux nos députés.

Esther l'incendia du regard, ne comprenant même pas comment elle faisait pour avoir si peu de tact. Elle ajouta à l'attention de Gabrielle :

— C'est ce qu'il s'est passé ce matin ma belle ?

— Oui. Ça devient de pire en pire.

— Pourquoi ? S'intéressa Esther.

— Je ne sais pas, soupira la jeune fille. Les élections approchent et il sait très bien qu'il ne sera pas réélu. Toute l'Assemblée est au courant de son penchant pour l'alcool. Il n'y a aucune chance qu'ils se fassent réélire.

— Ce ne sont pas les citoyens qui votent ? S'intrigua Ellie.

Elles la regardèrent, consternées.

— C'est moi l'idiote d'habitude, souffla Esther en esquissant un sourire lorsqu'elle comprit qu'elle était bien sérieuse.

— Ça va, je m'en fous de la politique et je n'ai pas encore l'âge de voter, je vous signale.