Nantis

Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime

C'était ridicule. Profondément ridicule. Pourtant, tout en pestant contre elle-même, Anna ne pouvait s'empêcher de continuer à lire ses fiches de philosophie. La première épreuve du bac était dans quelques heures et la jeune fille était incapable de trouver le sommeil. Alors elle lisait et relisait depuis une heure les mêmes notes, les mêmes noms de philosophes et leurs ouvrages à la con, les mêmes mots surlignés en rouge, puis en jaune et en vert. Et pourquoi toutes ces couleurs ? S'énervait-elle, ses fiches en mains. Elles ne savaient même plus à quoi cela correspondait. Elle n'était d'ailleurs pas sûre que ça avait eu un sens à la base. Elle avait juste ajouté toutes ces couleurs pour faire genre. Genre, elle était une intello. Mais elle ne l'était plus. Ou plutôt, elle avait peur de ne plus l'être. Et si elle ratait l'épreuve ? Et si elle redoublait ? La jeune fille songea, à cet instant, que ce serait un échec dont elle ne se relèverait jamais.

Anna ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle était en train de paniquer. Il fallait qu'elle se calme. Il fallait qu'elle relise ses notes encore une fois. Il fallait qu'elle...

— Ça ne te fatigue pas d'être aussi chiante ?

Elle sursauta, se retournant vers Noah qui dormait à côté d'elle. Enfin, qu'elle avait cru endormi.

— Il est deux heures du matin. Lâche ces putains de révisions.

— Je ne suis pas prête pour demain.

­— Tu es prête depuis que tu as dix ans, arrête tes conneries et rendors-toi.

Noah se mit dos à elle et remonta la couverture sur ses épaules. Elle l'observa pendant un instant, puis se décida à quitter le lit pour réviser dans la cuisine.

A peine eut-elle le temps de faire un demi-mouvement que le garçon se retourna vers elle, l'attrapant par la taille pour la coller à lui.

— Je t'interdis de quitter cette pièce.

— Noah, je ne pourrais pas dormir de toute façon.

— Tu stresses pour rien, tu es la meilleure élève de ta classe.

— Raphael est le meilleur élève de ma classe, corrigea-t-elle.

— Dors, conclut Noah.

Anna resta un instant silencieuse. Elle n'avait pas de temps à perdre à se disputer avec son petit ami. Autant attendre qu'il se rendorme - et connaissant Noah, ça serait vite réglé - pour pouvoir s'éclipser discrètement.

— N'y pense même pas.

— Depuis quand tu lis dans mes pensées ? S'offusqua-t-elle.

— Depuis toujours. Tu es d'une banalité affligeante. Toutes tes pensées sont évidentes.

— Je te remercie, grinça-t-elle.

— Maintenant, dors.

— Je ne peux pas, insista Anna. Je ne suis pas comme toi.

— Comment suis-je ? Interrogea le garçon, gardant les yeux clos et son bras autour la taille de sa petite amie pour l'empêcher de s'enfuir.

— Confiant.

Noah soupira dans le creux de son cou. Il savait sa nuit perdue. Alors il se releva et alluma la lampe de chevet à ses côtés.

— D'accord, reprit-il. Donne-moi ça.

— Non, ce n'est pas ce que...

Le garçon n'attendit pas la fin de sa phrase et lui piqua ses fiches des mains. Il les parcourut brièvement, puis en pris une au hasard.