Chapitre 9: Prélude pour une histoire

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Quelques minutes plus tard

Je suis assise dans le canapé, Caleb s'est relevé et fait les cent pas devant moi, se grattant la joue de temps en temps, perplexe.

« Vous êtes en train de me dire que ce qui s'est passé hier n'est rien ? Dorothy a détruit le bureau après votre entretien ! Je mérite une explication, car, par ma grande surprise, je me lève à mon tour, énervée, je l'aurais appelé pour lui dire qu'elle avait rendez-vous avec vous !

— Vous m'avez demandé de faire quelque chose, c'est exactement ce que j'ai fait.

— Par « faire quelque chose », qu'entendez-vous par là ? Je porte ma main à mon front qui est fiévreux. J'étouffe entre ces quatre murs.

— Du genre qui permet de rebondir après un licenciement...

Je le coupe avant de finir sa phrase. Fini de jouer les petites prudes, on passe aux choses sérieuses.

« Abusif. Un licenciement abusif. Caleb me jette un regard qui en dit long sur ses pensées. Bon dieu ce qu'il fait chaud ici. J'essaie de me faire du vent avec ma main, mais rien n'y fait, je crève littéralement de chaud.

— J'ai rédigé une lettre de recommandation pour elle, ne m'en demandez pas plus ! Vous n'êtes que mon employée et je n'ai pas à recevoir d'ordres de vous ! »

Silence lourd, je tire sur mon col puis me rassois lourdement sur un accoudoir.

« C'est vrai. Sauf qu'aujourd'hui, que cela vous plaise ou non, je suis votre fausse petite amie et en tant que petit ami modèle et futur époux, vous vous devez irréprochable, du point de vue social et économique. Ce sera regrettable que votre petit jeu malhonnête soit ruiné. Le pire, c'est que c'est juste pour rendre jalouse votre ex-femme. Quant à Jones, elle mérite de rester à Mediatics. »

Caleb s'arrête de marcher et me regarde, prononçant gravement ces quelques mots :

« Sauf qu'après le ravage qu'elle a infligé elle-même au service général, elle est blacklistée de Mediatics. Si elle voulait revenir, elle devrait attendre que le PDG lève son blacklist. Or ce même PDG, moi-même, ne risque pas d'engager quelqu'un qui est instable et a ruiné les locaux.

— Je le conçois, elle n'aurait jamais dû faire ce qu'elle a fait... »

Mon patron lève les bras brusquement au ciel, un petit sourire victorieux sur son visage.

« Pour une fois que nous nous entendons sur quelque chose et que je ne vous force pas ! Ah !

— C'est bien que vous ayez rajouté la partie « que je ne vous force pas » qui est un reflet parfait de notre relation.

— Exactement Olivia, vous avez tout compris. »

Dans mon crâne, j'entends la voix d'Ashton qui dit de manière enjouée de ne pas faire une Anastasia Steele. On n'est pas encore passé du côté obscur de la force, mais on n'est pas loin niveau soumission professionnelle. Étrangement, je me surprends à le détailler. La taille de ses mains, ses doigts qui se plient, sa mâchoire qui se contracte lorsqu'il réfléchit, c'est calmant. Après un petit instant de flottement, je reprends :

« Si seulement vous pouviez me dire que j'ai tout le temps raison, ce serait réellement gratifiant.

— Je vous ai déjà proposé ce « petit » travail de deux semaines en tant que « compagne » donc vous devriez déjà vous sentir gratifiée. Vous êtes sans doute comme toutes les autres. »

Je me relève, bras croisés et m'avance vers la fenêtre, regarder la skyline d'Upper East Side est tout aussi relaxant d'une tasse de chocolat chaud.

« Vous ne me connaissez pas. »

J'entends ses lourds pas qui se rapprochent de moi, se plaçant à mes côtés.

« C'est vrai. C'est pour cette raison que nous allons apprendre à nous connaître. Et nous créer une histoire d'amour digne des plus grands films.

— N'exagérez rien, nous ne ferons pas de remake de Titanic. Dans notre cas, c'est notre travail qui coulerait, le vôtre en premier. »

Je tourne ma tête vers Caleb qui porte la main au cœur de façon tragique.

« Oh, il se tape la poitrine, touché. Caleb semble être aussi blessé qu'amusé. »

Je ris tranquillement avant de retrouver mon sérieux. Il s'agit de mon patron tout de même, un peu de tenue ne serait pas mal. Vraiment pas mal. Barnes sourit puis retourne sur le canapé.

« Vous avez un bloc-notes et un stylo ?

— Oui en effet, pourquoi ?

— Nous allons nous créer une magnifique histoire d'amour à faire pâlir plus d'un. Je rejoins mon sac et attrape les deux objets qui gisent au fond de mon sac. Si vous saviez tout le foutoir que l'on peut trouver dans mon sac... Une vraie Mary Poppins des temps modernes.

— Bien, je vous écoute. Mon stylo frôle le papier, prête à écrire, comme lors d'une réunion.

— D'abord, et parce que nous sommes un couple amoureux, le vouvoiement est étrange à utiliser.

Ce n'est pas faux Caleb, ce n'est pas faux.

Raconte-moi ta vie. »

Je dérape sur la dernière lettre et jette un regard confus à mon interlocuteur.

« Quoi ? Mon dossier ne vo –... te suffit pas ?

Je ne sais même pas si tu as des frères et sœurs, ni même ton plat ou ta boisson favorite, donc oui, c'est plus que nécessaire.

— Donc, tu veux apprendre à me connaître ? Je replace une mèche derrière mon oreille et m'installe confortable du côté opposé de mon patron. Je vous... non, te propose une idée. »

Caleb se rapproche de l'angle du canapé, de plus en plus proche de moi.

« Je t'écoute Olivia. »

Je me recule dans mon assise pour mettre le plus de distance possible.

« Nous nous posons des questions tour à tour, nous les notons et à partir de ça, on brode.

— Ça me paraît équitable. Il dégaine sa montre au poignet et dit impassible : il est 8 heures 15, nous commençons tous deux à 9 heures. Dépêchons-nous. »

Sur mon bloc, je fais un tableau avec différentes informations essentielles.

« Bon, puisque le temps nous presse, je crois que nous pouvons commencer. Tu veux... ? »

Caleb pose élégamment et hoche la tête.

« Je commence si tu l'acceptes. Ma première question est simple. Pourquoi es-tu venue ici et pourquoi Mediatics ?

— Je rêvais de travailler dans les affaires et le secteur audiovisuel s'est imposé avec le temps. Mon père est vendeur de journaux dans les alentours d'Oxford. Ça a toujours été très important pour moi de livrer des informations et du divertissement...

— C'est un bon début. Je suppose que tu n'as pas vraiment voulu devenir assistante.

— Exact. À mon tour à présent... »

Et voilà ce que je redoute. Que vais-je lui poser comme question...?

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now