Le bonheur retrouvé (terminé)

Gabrielle

Je suis enfin rentrée, entre les bouchons, la chaleur et les orages, la route du retour nous avait lessivés, étant trois à conduire nous n'avions pas fait de pause, ce qui nous permit de rentrer beaucoup plus tôt. Pendant les quelques heures de repos qui m'étaient octroyées, j'avais réfléchi à la situation dans laquelle je me trouvais, mais je demeurais toujours incertaine.

J'ai pris la décision de ne pas pardonner les écarts de conduite d'Adèle, car il est certain qu'elle recommencerait, c'est dans sa nature, tel un oiseau, elle vole d'un nid à un autre, et il est hors de question que je vive avec une personne en qui je n'aurais plus confiance, à chaque message, j'aurais toujours un doute sur l'identité de l'expéditeur, et la jalousie que je développerais, accentuerait la fin de notre couple. Donc hors de question de lui laisser une chance.

Du côté de Lise, la situation est beaucoup plus complexe, le fait qu'elle ne m'a pas tout dit avant notre rencontre m'amène à douter de sa loyauté et de sa sincérité. Pour elle, je ne suis peut-être qu'une simple aventure. Elle a sûrement un arrangement avec sa copine, Lise accepte que Sophie sorte avec des hommes et en retour elle accepte les relations que peut entretenir Lise avec d'autres femmes. Elle m'a affirmé ne plus avoir de sentiment pour sa compagne, mais dans ce cas pourquoi reste-t-elle avec ? La peur ne peut pas l'obliger à subir ce qu'elle endure dans sa vie de couple, elle doit cacher autre chose, encore un mensonge. Il faut vraiment que je discute avec elle, pour ajouter les pièces manquantes au puzzle.

Le téléphone à la main, je recherche dans mon répertoire le numéro de la personne qui m'aidera à faire le bon choix.

— Allo !

— SOS, âmes en peine j'écoute !

— Rachel... comment sais-tu que j'ai besoin de conseils ?

— Je suis ta meilleure amie, je sais tout !

— Ne dis pas de bêtise, je suis sûr que tu as eu ma mère au téléphone !

— Bon OK, c'est vrai, ton frère voulait des nouvelles de ta mère...

— Et... Elle n'a pas pu s'empêcher de parler de mes peines de cœur avec vous...

Je sens dans le ton de la voix de Rachel qu'elle sait déjà beaucoup de choses, elle est ma belle-sœur, mon frère a trouvé le bonheur et moi j'ai hérité d'une confidente, elle est toujours là pour moi, elle me connaît par cœur. Toujours prête à échapper au mauvais caractère de mon frère l'espace de quelques heures, nous sortons souvent ensemble, et aujourd'hui j'ai vraiment besoin de faire une petite virée avec elle.

— En fait, Cathy ne m'a rien dit, tu sais qu'elle a encore un peu de mal par rapport à ta sexualité. Depuis que tu as rompu avec Adèle, elle espère encore que tu retournes auprès d'un homme...

— Non ! Elle croit encore que c'est une passade, franchement, ça fait plus de trois ans !

— Eh oui ! que veux-tu, c'est comme ça, elle accepte, mais ne comprend pas...

— Bon OK, donc tu as eu Franck ?

— Tout à fait ! Ton beau-père en sait beaucoup plus apparemment...

— Il ne sait surtout pas tenir sa langue...

— Cela étant, je suis là si tu souhaites en parler, je veux bien t'aider.

— Merci, on peut se rejoindre en ville devant « La terrasse », dans une heure ?

— OK ça marche, à toute, bisous.

Une heure plus tard, vêtue d'une robe légère bleu-marine assortie à une paire de chaussures en toile blanche, j'attends Rachel l'éternelle retardataire devant notre lieu de rendez-vous, un bar situé au cœur du centre-ville. Face à la grande place, en cette saison d'été, on peut observer les allées et venues des passants. Un coin de la place est aménagé avec une plage artificielle avec du sable fin, quelques transats y sont installés pour profiter du soleil, et l'on entend les enfants jouer dans la piscine.

Rachel arrive enfin, comme à son habitude, elle a dû passer un long moment devant son dressing et son miroir afin de choisir sa tenue. Perchée sur de hauts talons, elle porte une magnifique robe à bretelle parsemée de fleurs, qui met en valeur sa généreuse poitrine, un chapeau de paille sur la tête, elle dissimule ses étincelants yeux bleus derrière de grosses lunettes noires. Je lui fais signe de me rejoindre à la table que j'ai choisie, un peu à l'écart du passage intense qu'il y a devant le bar.

— Coucou ma belle !

— Coucou... Tu ne veux pas que l'on te reconnaisse ? Avec ton chapeau et tes lunettes...

— Très drôle... Je me protège du soleil ! Et si tu continues, je repars !

— Oh non, j'ai vraiment besoin de toi.

— OK, alors dis-moi tout ma chérie.

Je lui raconte tout depuis le début, en commençant par mes échanges avec Lise sur internet, puis notre rencontre, avec mon coup de foudre qui est plutôt étonnant vu qu'elle n'est pas mon type de femme et pour finir notre séparation le lendemain.

Rachel me pose quelques questions au sujet de Lise, et finit par me donner son avis.

— Bon ! D'après ce que tu me dis, tu es amoureuse d'elle...

— Amoureuse ? Je ne sais pas... Je crois... Enfin, c'est trop tôt...

— Mais tu n'es pas indifférente bien qu'elle ne soit ni blonde ni sexy ?

— C'est ça !

— OK... Appelle-la, dis-lui que tu souhaites la revoir, mais qu'elle doit être honnête avec toi, elle doit quitter sa copine avant que vous puissiez commencer quoi que ce soit !

— Tu es sûr, tu penses qu'elle la quittera ?

— Oui ! Je suis certaine qu'elle trouvera le courage de le faire pour tes beaux yeux.

— OK, je l'appelle après la rentrée.

— Pourquoi attendre ?

— Je dois préparer mes cours, et je ne veux pas être déconcentré.

— Tu me fais rire, ça fait cinq ans que tu es professeur dans le même collège, je suis sûr que tes cours sont déjà prêts !

— Certes, je vais y réfléchir.