Le bonheur retrouvé (terminé)

Chloé

Nous apprenons à nous connaître au fil des jours. Si Jessica est cassante et directe au premier abord, elle est en réalité une personne douce et à l'écoute. Au début, nous espacions les jours pour nous voir. Aujourd'hui, il ne se passe pas un jour sans que nous nous voyions chez elle ou chez moi.

Je sors à peine de mon travail, que mon téléphone sonne. Je décroche le sourire aux lèvres.

—    Hey.

—    Salut ma puce, je te dérange ?

—    Non ! je viens de sortir du boulot.

—    Parfait, je passe te prendre dans vingt minutes chez toi.

—    Et où allons-nous ?

—    Une petite surprise.

—    OK, à tout de suite.

Je ne sais pas ce que me prépare Jessica, mais je dois dire qu'elle déborde d'imagination concernant nos sorties.

—    Où m'emmènes-tu ?

—    Surprise !

—    Mais encore ?

—    Tu verras

—    Dis-moi aller

—    Si je te le dis, tu risques de ne plus vouloir venir

—    Raison de plus pour que je sache !

—    Bon OK.

—    ... Je t'écoute !

—    On va s'envoyer en l'air.

—    Quoi ?

—    Devine plutôt où.

—    ...

—    Comment trouves-tu cet hôtel ?

—    Si tu veux être dévorée par les cafards c'est un bon choix.

—    Et celui-ci ?

—    Tu plaisantes ?

—    Quoi ? Il a quatre étoiles !

Je ne réponds plus, elle continue sans s'arrêter.

—    Aller ne boude pas !

J'aperçois un dernier hôtel. Là c'est trop ! Je m'apprête à protester lorsque la voiture dépasse celui-ci et se dirige vers le seul lieu encore visible : l'aéroport.

Mon corps se glace à la vue du petit aérodrome situé juste derrière l'aéroport international. Je n'ai pas spécialement le vertige, mais me dire que je peux tomber du ciel ne me rassure pas le moins du monde. Je ne dis plus rien et laisse mes jambes guider ma peur par un tremblement incontrôlable.

—    Chlo, ça va ? Je ne t'entends plus ?

—    Hum... ouais ouais...

Elle stoppe la voiture à une place de parking faisant directement face à ce qui s'apparente à une piste de décollage. Plusieurs petits avions me narguent de leurs ailes. Je ne me sens plus vraiment bien, et ne suis pas vraiment sûre de pouvoir lui faire plaisir.

—    Hey bébé, tu vas bien ?

—    Oui, je... Je t'ai dit oui. dis-je le regard toujours sur le petit avion bleu.

—    Chloé, tu as le vertige ?

—    Non, jusqu'à présent je ne l'avais pas.

—    Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Nous allons faire un baptême en hélicoptère.

—    Tu sais, dis-je en la regardant enfin, on aurait pu s'envoyer en l'air différemment.

—    Oh, je ne te dis pas que nous ne le ferons pas après. Tu viens ?

Je tente tant bien que mal de faire abstraction de ma peur, en sentant sa main glisser dans la mienne. Nous nous rapprochons de cette bête volante, l'instructeur nous y attend déjà.

—    Salut, mes jolies, je suis Jeff, je serais votre pilote pour la prochaine demi-heure. Donc j'ai Jessica et Chloé c'est bien ça.

—    Oui, c'est bien nous.

—    OK je vais d'abord vous faire un petit topo. Nous allons décoller pour faire le tour au-dessus de la ville, puis nous reviendrons à notre point de départ. Avant de partir, je vais vous montrer le fonctionnement du poste de pilotage, histoire que vous testiez à votre tour. Vous êtes prêtes ?

—    Oui, répond Jessica le sourire aux lèvres.

Nous sommes installés dans l'hélicoptère à l'avant de celui-ci qui offre trois places. Jessica est près du pilote et moi près de la sortie, même si cette issue ne me servira à rien à plusieurs mètres du sol. Après les vérifications d'usage, il actionne plusieurs boutons qui enclenchent le démarrage des pales. Le bruit est assourdissant, mais je peux voir le sourire de Jess excitée à l'idée que nous décollions. Finalement, une fois dans les airs, je profite du paysage. Je sens Jess se coller à moi et me parler dans le casque.

—    Alors comment trouves-tu ma surprise ?

—    Je ne pensais pas apprécier autant m'envoyer en l'air avec toi.

—    Oh... je ne sais pas si je dois me vexer, surtout que tu es celle qui en redemande le plus.

—    Il me semble pourtant qu'hier soir je t'entendais me répéter encore... hum... continue...

—    Certes !

—    Merci ma puce, j'apprécie vraiment cette nouvelle façon d'atteindre le septième ciel.

—    Je suis contente que ça te plaise. Je ne pensais pas que tu monterais quand je t'ai vu te décomposer aux abords de l'aérodrome.

Sans crier gare, au moment où nous allions nous embrasser, je sens l'appareil qui pique du nez. Je hurle en m'agrippant comme je le peux à la cuisse de ma compagne. Je sens mon heure arriver quand soudain l'appareil se stabilise et reprend sa descente normalement.

Mon cœur bat à tout rompre, mes yeux pleurs, je viens d'avoir la peur de ma vie. Jess me regarde en essayant de me rassurer de ses yeux verts.

Nous touchons le sol trente secondes plus tard, mes mains tremblent encore. Quand l'appareil s'éteint, et que nous ne sentons plus aucune secousse, nous déposons notre casque. Je sors de l'appareil quand j'entends ma compagne hurler sur le pilote.

—    Non, mais vous êtes un grand malade vous !

—    Oh ! c'était marrant, surtout la réaction de l'autre là-bas.

—    Premièrement, l'autre comme vous dite, c'est ma compagne ! Je vous interdis de lui manquer de respect. Deuxièmement, vous êtes complètement fou !

Revenue au calme, confortablement installé dans mon canapé, je m'endors doucement, fatiguée de ce trop-plein d'émotions.

Jess me masse la tête en chantonnant. Les yeux lourds je me sens partir quand la sonnette de mon appartement nous rappelle à l'ordre.

—    Ne bouge pas ma douce, je reviens.

Où veut-elle que j'aille en même temps ? Je me rendors confortablement.

—    Ma puce, le repas est prêt, réveille-toi.

—    Hum...

—    Aller marmotte, il est vingt heures debout.

Je m'étire tel un félin en perdition, avant de me redresser les cheveux en bataille. Un sourire se dessine sur mon visage quand je remarque la table basse dressée de deux assiettes remplies du chinois que nous avions commandé. Une rose en son centre pour parfaire le décor.

—    Tadam, me dit Jess.

—    Merci ma puce, c'est parfait.

—    Que veux-tu ? Je suis parfaite.

Je souris avant de déguster mon repas en compagnie de celle qui sera la femme de ma vie.