Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibre

Chapitre 6

Pourquoi il faut que ça m'arrive ? Je ne sais même pas comment redescendre.

Je me rappelle alors avoir mis mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Dieu merci.

Je compose le numéro de maman en vitesse.

— Bonjour ma chérie, comment vas-tu ? Tu as passé une bonne journée ?

Le ton qu'elle emploie ne fait qu'amplifier ma colère.

— Ça pourrait peut-être aller mieux si je n'étais pas coincée dans les airs sans pouvoir redescendre ! je hurle.

— Comment ça coincée dans les airs s'inquiète maman. Tu es où là ?

— Je suis dans le salon. Et pour être encore plus précise, je flotte dans les airs.

— Mais qu'as tu fais pour en arriver là ? Les voisins ne te voient pas ? Tu es bien seule au moins ?

— Je suis coincée dans les airs comme une débile, et toi tu me demandes si les voisins me voient ? C'est une blague j'espère ? je braille dans le combiné.

Elle m'ignore et m'explique :

— Steacy, tu vas coincer ton téléphone entre ton oreille et ton épaule, tu vas mettre tes bras au-dessus de ta tête et une main par-dessus l'autre comme si tu t'apprêtais à plonger. Ensuite ... tu vas t'élancer en direction du sol, tête la première.

Mais elle est folle ? Je vais m'écraser par terre ! C'est hors de question que je me fracasse le nez. Je ne me suis pas gênée pour lui dire ce que j'en pensais de sa technique.

— Tu veux redescendre oui ou non ? Je peux te laisser te débrouiller seule si tu préfères, finit-elle par dire.

— Non, non, c'est bon. Je vais le faire.

A contre cœur, je m'élance en direction du sol en appliquant tous les conseils indiqués. Comme je le craignais, je plonge. Juste avant que je ne me fracasse contre le carrelage, mon corps se redresse à l'horizontal, bien parallèle au le sol. La gravité semble reprendre ses droits, en conséquence de quoi je finis étalée de tout mon long par terre, sur le carrelage frais (ce qui, je l'avoue, n'est pas désagréable en ces temps de canicule).

— Allô ? Steacy ça va ? Tu as réussi ?

— Si ton but était que je finisse à plat ventre par terre, écrasée contre le sol comme une folle, oui, j'ai réussi. J'ai même extrêmement bien réussi.

— Tu es par terre là ?

— Oui, de tout mon long !

Puis, reprenant mon calme, je demande :

— Ça peut m'arriver à tout moment ce genre de chose ?

— Si tu ne sais pas contrôler ton don de vol, oui, en effet, ça peut arriver n'importe quand. Je ne pensais pas que les effets secondaires arrivaient si tôt...

Je réfléchis un court instant. Je sais parfaitement que sa phrase n'est pas anodine. Qu'elle espère me pousser à accepter de prendre des cours de vol. Je ne veux pas rentrer dans son jeu, mais je ne veux pas plus qu'il m'arrive ce genre de chose régulièrement. Et encore moins en public. Je soupire, ma sécurité prend le dessus sur ma fierté.

— Quand est-ce que je peux aller dans le Monde Du Vol ?

— C'est vrai ? se réjouit maman. Tu serais prête ? Donc tu nous crois à présent ! Tu penses que toute cette histoire est bien vraie ?

— À vrai dire, je viens d'être bloquée dans les airs sans pouvoir redescendre après être allée me faire tatouer le logo d'un monde secret. Si tout le cinéma que toi et mamie-Marie nous avez fait était faux, les effets spéciaux sont incroyables. Alors bon, difficile de ne pas vous croire !