Chapitre 15

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Aucune réponse convenable ne me vient. À vrai dire, je n'ai jamais réellement fait face à ce genre de situations...

Je m'apprête à trouver une excuse bidon pour reporter la discussion lorsque j'entends des pas derrière moi.

Quand je me retourne, j'aperçois maman qui court comme jamais elle n'a couru pour essayer, il me semble, de nous rattraper. Je ne sais pas pourquoi elle est là mais ce n'est pas bon signe.

— Steacy ! Att...attends.

Je n'aurai jamais cru que voir ma mère courir derrière Lucas et moi me soulagerait un jour, mais elle vient mettre un terme à cette discussion très embarrassante. Maman essaie de courir à bon rythme mais elle est tellement essoufflée qu'une limace à la retraite irait plus vite. Elle a mis une éternité à arriver à notre hauteur, donnant à l'attente, une atmosphère très pesante.

— J'ai essayé de te prévenir à la sortie des cours mais je ne t'ai pas trouvée !

Elle reprend sa respiration, puis continue.

— Tu as un rendez-vous dans une heure. J'ai oublié de te prévenir je suis désolée.

C'est vrai qu'en ce moment maman est débordée de travail ; une de ses collègues est en arrêt maladie donc elle a le double à faire à elle seule.

— Mais pourquoi tu ne m'as pas envoyé un message ? Ça aurait été plus simple.

— Tu sais Steacy, il n'y a pas que le téléphone dans la vie, je voulais te faire une petite surprise en allant te chercher à la sortie des cours. Ça aurait été sympa non ?

Puis, se tournant vers Lucas.

— Oh la la, la nouvelle génération.

Celui-ci lui sourit poliment. Je vais mourir.

— Excuse-moi Lucas, mais je vais être obligée de te piquer ta dulcinée un petit moment. Tu viens Steacy ?

Sa dulcinée ? C'est une blague j'espère ! Depuis quand elle prend ces airs de bourgeoise ?

Sans dire au revoir à Lucas, je suis tant bien que mal ma folle de mère. On se trouve maintenant à quelques mètres de lui lorsque j'en profite pour faire une petite mise au point sur ce qui vient de se passer.

— Non mais ça ne va pas bien ? Ça ne va pas bien de dire des trucs comme ça ! On est juste amis maman !

Et encore...

— Mais il est mignon quand même. Il a l'air très à l'écoute et galant.

Je lève les yeux au ciel. Ça, c'est le plus gros défaut de maman. Dès qu'elle le peut, elle fourre le nez dans mes affaires. C'est pareil avec Lola. Elle adore être la première à connaître toutes nos histoires.

Elle a beau s'occuper de ce qui ne la regarde pas, elle a vu juste ; bien que Lucas soit brute, blessant et borné, il peut se montrer compréhensif et attentif quand il le veut.

— Mais, on va où ? C'est quoi le rendez-vous ? je finis par demander.

Maman semble tout de suite ennuyée.

— Je suis désolée d'avoir oublié de t'en parler... J'ai appelé Jean-Philippe il y a quelques jours.
Je comprends immédiatement ce qui va se passer.

— Tu as rendez-vous avec lui dans trois quart d'heure.

— QUOI ? je m'égosille.

— Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé avant. Il a réussi à te libérer une place dans son agenda.

Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant