Chapitre 11

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— Arrêtez de rêvasser et courez ! Ce n'est tout de même pas bien compliqué !

La prof pivote vers moi et me crie :

— Steacy Rochelle, tu es censée courir, pas traîner comme un escargot !

Je déteste cette prof. Tout le monde la déteste. Petite et très musclée, son apparence est assez étrange... Ses quelques cheveux gris, tirés dans une queue de cheval ébène, m'informent qu'elle doit avoir la cinquantaine. Elle est typiquement le style de prof qui se lève le matin pour faire souffrir ses élèves. Que ce soit physiquement ou mentalement, elle nous martyrise pour son simple plaisir personnel.

C'était à présent le sixième tour de stade que nous faisions. Tous plus épuisés les uns que les autres, nous trottinons seulement. Ce qui déplait beaucoup à madame Nurlan.

— On reprend le rythme ! Le but du demi-fond n'est pas de faire de la marche rapide.

Tout le monde est à bout de souffle. La sensation que notre corps ne nous appartient plus saute aux yeux : je n'arrive plus à respirer. Une seule bouffée d'air réclame un effort surhumain. Courir autant, c'est du suicide !

Alors que je tente de tenir debout, je vois les jambes de Lucile, à quelques pas devant moi, se dérober après une foulée difficile. La scène m'apparaît dans son entièreté. Recroquevillée, au sol, elle peine à respirer. Un groupement se forme autour d'elle et Nurlan arrive, poussant les élèves sur son passage.

— Oh, mais ce n'est pas possible ! Vous êtes vraiment une bande d'incapables.

Je suis maintenant au niveau de Lucile, lorsque la prof la saisit par le poignet pour la relever violemment.

— Allez, debout ! La prochaine fois, j'emmène une cravache et le premier qui ne court pas, s'en souviendra à vie. Je peux vous le garantir !

Personne ne renchérit. Le pire dans cette histoire, c'est que nous savons tous parfaitement qu'elle en est parfaitement capable. Ça fait une heure et demie que le cours a commencé, et ça fait une heure et demie qu'elle nous menace avec des coups de cravache, des heures de colle au moindre repos, un zéro sur le bulletin... Lorsque Lucile s'étale par terre, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Une folle envie de la remettre à sa place me prend. J'hésite. Ce n'est pas dans mes habitudes. Je ne me fais jamais remarquer auprès des profs, ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Je me ressaisis, pleine d'amertume et hasarde seulement :

— Madame, je ne pense pas que tout cela soit nécessaire...

Elle me regarde, des éclairs dans les yeux et cela me dissipe toute envie de m'opposer à elle.

— Tu veux un zéro ?

Je fais profil bas. Pourquoi dois-je toujours me faire remarquer ? J'ai horreur de ça mais je réussis tout le temps à me mettre dans le pire situation. Je garde les yeux vissés au sol.

Comme si il lisait dans mes pensées, Lucas clame haut et fort :

— Steacy a raison Madame ! Il faut ralentir un peu la cadence, là !

— Tu es fou ! je lui susurre. Tais-toi immédiatement !

Il me lance un regard en coin.

— C'est de la torture ce que vous nous faites. Si notre endurance ne nous permet pas de suivre ce rythme, ce n'est pas de notre faute !

La prof lui lance un regard meurtrier puis conclue.

— Deux tours de stade de moins pour ceux qui ne s'en sentent pas capables.

Lucas me lance un regard en coin.

— C'est ce qu'on appelle le charisme ! Tu me revaudras ça, lance-t-il avec un clin d'oeil.

Il essaye de se faire pardonner pour hier, je le sais.

— Bravo ! Tu es le meilleur, je lance ironiquement.

Bien sûr, ce compliment s'accompagne d'un ton très théâtral, afin de lui montrer que je ne pense pas un mot de ce que je dis.

— Je sais, je sais, se vante-t-il.

***

Tandis que je défais mes sacs de cours, maman m'appelle. Je la rejoins, dans le salon.

— Oui, qu'est-ce qu'il y a ?

— J'aimerai que tu apprivoises un peu le MDV avant de commencer les rendez-vous avec Sa Majesté. Tu penses pouvoir y aller dans les jours qui arrivent ? Veux-tu que je t'accompagne ?

À vrai dire, j'aimerai bien me balader seule. C'est un endroit que j'ai apprécié et l'idée d'y retourner me tente. Ce n'est pas le monde qui me fait peur, mais plus le statut que je risque d'occuper.

— Oui pas de soucis, j'y irai. Et non, ne t'en fais pas, je vais y aller seule.

Elle paraît satisfaite de ma réponse car elle se contente de me sourire.

Je réussis enfin à m'endormir vers minuit et demi.


_

Et non, je suis toujours en vie !

Bon, une très longue pause s'est imposée. En effet, j'ai fait un arrêt dans la publication afin de me focaliser sur ma réecriture. 

Je suis vraiment super heureuse de pouvoir recommencer à poster, je vous avoue que ça m'avait vraiment manqué...

Mais dites-moi qu'avez vous pensé de ce chapitre, que pensez vous des modifications concernant le temps (maintenant au présent) ?

J'espère que ça vous a plu ! Et je vous dit à bientôt pour le chapitre 12 !

Gros bisous, prenez soin de vous,

Rose <3


Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant