Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibre

Chapitre 21

J'ai tellement hâte d'être vendredi soir que je ne vois pas le temps défiler. Telma vient dormir chez moi. Ça va nous permettre de discuter un peu.

Quand nous rentrons du lycée, nous faisons rapidement nos devoirs, puis commençons notre marathon de films Netflix tout en nous posant un masque et en mangeant des pizzas (une tradition depuis très longtemps).

Nous sommes en train d'installer les matelas par terre, quand elle me pose une question qui doit sûrement lui trotter dans la tête depuis pas mal de temps.

— Tu l'aimes bien Lucas ?

Cette question sonne plus comme une affirmation.

Je suis assez surprise, je ne m'y attendais pas vraiment.

— Bah... euh... non, enfin... bah, je sais pas trop..., je bafouille.

Bon, j'avoue que dans la catégorie réponse claire, je ne suis pas dans le top dix.

Je suis moi-même surprise de ma réaction. En général, quand un sujet me gêne, je réponds d'une façon très détachée mais là, c'était le cafouillage total.

— Écoute Steacy, je m'y connais assez bien en histoire de cœur pour savoir si un garçon te fait de l'effet.

Je soupire mais je ne me résigne pas.

— Avant qu'il n'arrive dans la ville, je le détestais tellement que, même s' il tombait dans une flaque de boue, marchait dans une crotte de chien ou se faisait exclure du lycée, ça ne m'aurait absolument rien fait. Mais là, plus les jours passent, plus je lui trouve des qualités toutes plus ridicules les unes que les autres.

Je me prends la tête dans les mains en abandonnant le matelas qui refuse de se déplier et m'assoit sur ma chaise.

— Je suis pitoyable. Le pire, c'est que ça me fait peur de penser ça. Depuis le ciné... tout a changé.

Telma s'approche de moi et s'assoit sur mon lit.

— Moi, je pense que tu te prends beaucoup trop la tête. Tu vois l'amour comme un problème de maths super compliqué. Tu sais, si moi je m'amusais autant avec les garçons, c'est justement parce que je trouvais ça drôle. Aujourd'hui, je me rends compte que les garçons ne sont pas des jeux et qu'il faut les respecter. Mais, tu peux quand même un peu t'amuser. Il faut simplement trouver le juste milieu. Tu n'es pas en train de préparer ta future famille avec ton copain. Tu n'es qu'une adolescente, tu as le droit de profiter un peu.

Voyant que je vais protester, elle me coupe aussitôt.

— Et ne me dis pas que tu as déjà beaucoup de choses à gérer avec le MDV. C'est comme dire qu'on a du ménage à faire dans sa chambre avant de faire ses devoirs. Ce n'est qu'une manière de repousser les problèmes.

— Bon... J'avoue qu'il me fait quand même un certain effet derrière ses airs d'insupportable macho prétentieux.

Je la voie se fendre le visage avec un sourire parabolique.

— Moi je propose qu'on oublie le pari ! Je sens que cette histoire va se faire toute seule !

— Oh, ne t'emballe pas non plus, je dis simplement qu'il est gentil. Et puis pour moi cette histoire de pari n'a jamais existé !

— Ah, ça c'est ma Steacy. Bon, maintenant que cela est fait, tu vas enfin pouvoir lui avouer tes sentiments.

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.

— Quoi ? Mais jamais de la vie ! Imagine qu'il se fiche de moi et me trouve pathétique. Ou pire, qu'il me mette un rateau. Ou, qu'il me dise...

Soudain, je me rends compte du plan de Telma.