C'était juste un pari

Jour 1

Je n'avais pas dormi de la nuit. Ce gage me torturait l'esprit. Allait-on réellement le faire? Oui. Non. Oh putain... J'avais peur. Je n'oserais pas l'admettre devant mes amis, mais j'avais sincèrement peur.

Je m'habillai au ralentit, n'ayant aucune envie d'aller au lycée et espérant ne pas y aller tout court. Si seulement je pouvais trébucher dans les escaliers et me casser les jambes. 
J'enfilai mon uniforme, enfonçant ma chemise dans le pantalon, arrangeant correctement ma cravate et mettant ma veste par dessus.
J'arrangeai du mieux que je le pouvais mes cheveux vénitiens qui se rebellaient sans cesse. 
J'attrapai une barre de céréales avant de filer au lycée.

En chemin, j'ouvris ma barre pour en croquer une partie.
C'est à ce moment qu'une voix rauque, sortie de nulle part, me souffla près de mon oreille :

-Tu m'en passes un bout?

Peter. Je sursautai en apercevant sa proximité et décidai de me décaler un peu, ce qui ne servit à rien puisqu'il ne semblait pas vouloir s' éloigner de moi.

-Va crever, lui dis - je d'une voix sèche.

Il m'attrapa l'épaule et me la serra très fort.

-Tu m'en passes un bout? répéta-t-il.

Son ton était cette fois-ci plus insistant. Comme s' il sous-entendait quelque chose.
Bien-sûr, il voulait tout de suite rentrer dans l'action. 
Je soupirai longuement, ne voulant pas vraiment le faire mais la pression qu'il exerçait sur mon épaule m'intima que je ferais mieux. Je mis donc à contre cœur la barre de céréales devant sa bouche. Il en croqua immédiatement un bout, souriant d'un air satisfait avec la bouche pleine.

-Merchi!

-Hmf...

Les quelques élèves aux alentours nous regardèrent étrangement, étonnés de notre soudaine proximité. Je rougis légèrement, sentant une certaine gêne remplir ma poitrine. 
Ce qu'ils ne savaient pas c'est que ça ne faisait que commencer...

Devant la grille du lycée, j'aperçus les deux traîtres, nous regardant avec un sourire aux lèvres. Je leur rendis d'un air hypocrite leur sourire pour faire comprendre que j'étais toujours en colère contre eux. Et que je le serais pendant encore un moment. 

On devrait pouvoir choisir quand on veut s'affirmer haut et fort, pas être forcé comme ça. 

En arrivant à leur hauteur, Peter passa un bras autour de mes épaules, m'attirant contre lui. Précision: contre son torse musclé. 

-Les gars, Sam et moi, on sort ensemble.

Je me figeai sur place, oubliant tout d'un coup le corps si proche de moi. Je m'empêchai de me cacher derrière mes mains, ce que je crevais d'envie de faire en plus de retourner chez moi pour me cacher sous ma couette. Peter n'avait pas vraiment pensé à rester discret et avait même haussé le ton assez fort pour que les gens autour de nous l'entendent.

Comme attendu, les discussions autour de nous cessèrent. Tous nous regardaient d'un air surpris. 

-Non?! s' écria Nathan d'un ton faussement surpris. C'est vrai, Sam?

Le salaud. Il voulait juste l'entendre de ma bouche. J'étais sûr qu'il prenait un plaisir fou à me mettre dans cette situation. Je repris mon faux sourire.

-Oui! Depuis un moment d'ailleurs.

Les gars me regardèrent d'un air amusé et se retenaient d'éclater de rire, tandis que moi je les maudissais intérieurement.
Les chuchotements autour de nous s'élevèrent.

J'avais envie de pleurer.  

On allait être le sujet de discussion de beaucoup de personnes aujourd'hui.

12:30. L'heure du déjeuner.
J'avais passé la matinée à éviter de croiser Peter et à faire genre de ne pas entendre les discussions à notre propos. C'était assez dur d'ailleurs. Surtout que la plupart des discussions n'étaient pas vraiment positives.
En plus, pour moi, ce n'était qu'un demi-mensonge.
J'étais réellement gay. Mais je n'aimais pas ce mec. C'était donc un assez grand pas pour moi. Quelque part, je devais bien admettre que ce n'était pas mauvais. Je pensais depuis un moment à ne plus cacher mes préférences, mais j'hésitais. On pouvait dire que maintenant, c'était fait. Même si cela ne s'est pas fait de la façon que j'aurais voulu. J'aurais aimé pouvoir choisir de la façon et quand je voulais le faire. 

Peter décida donc de s' installer en face de moi à la cantine.
Génial. Que le spectacle commence.
On mangea dans un silence embarrassé avant qu'il ne se décida à ouvrir la bouche.

-Ça va?

J'arquai un sourcil étonné.

-Oui, bien sûr. Je dois juste faire genre d'aimer un gars que je hais. Mais à part ça, ni-quel. 

-Rooh, une semaine ça passe vite, t'inquiètes. Maintenant ouvre la bouche!

Il me tendit une cuillère remplie de chocolat. J'hésitai un instant mais en voyant certaines personnes nous regarder, je m'approchai et mangeai rapidement, pour éviter tout soupçon. C'était affreusement gênant. Pourtant ça n'avait pas l'air de le gêner lui. On dirait même qu'il s'amusait, avec son sourire idiot pendu aux lèvres.

-Attends, tu en as là...

Il se leva de sa chaise, se penchant au dessus de la table et avant que je puisse faire quoi que ce soit, il déposa ses lèvres sur le coin des miennes. Je sentis alors sa langue glisser lentement sur ma peau, léchant le chocolat qui s' y trouvait. Il se remit à sa place, passant désormais sa langue sur ses propres lèvres. Il me souriait d'un air victorieux. Oui, tout cela l'amusait. Il adorait m'humilier et m'énerver en sachant que je ne pourrais pas me défendre.

Mais là, il venait quasiment de m'embrasser. Il a dépassé les bornes. Enfin c'était juste le coin, mais quand même. 
Je laissai tomber ma cuillère, choqué par son geste. J'entendis quelques " Oh mais c'est trop mignon!" ou encore des "Beuh, c'est degue, qu'ils fassent ça autre part..." non loin de là.

-Bon bah j'ai fini. A plus tard, Sam.

Il se leva et quitta la table, me laissant seul et perturbé.

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Hey!
Voici donc le chapitre 2. Il est un peu plus court que le précédent mais j'espère qu'il vous plaira autant. C'est vraiment maintenant que "l'action" commence on va dire.  Je peux vous dire que j'ai vraiment adorée écrire ce passage. 
Merci d'avoir lu!