C'était juste un pari

Perdu.

Il n'était pas là hier. Ni avant hier. Je le savais car j'avais entendu des personnes en parler.
Il aurait une sois disante dépression à cause de "celui qu'il aimait". Donc moi.
J'espèrais que c'est faux.

Les deux jours qui avaient suivis ont été étrangement calmes. Certaines personnes m'avaient tout de même posé des questions mais pas plus.

Pourtant il me manquait.
Son regard sur moi me manquait.
C'était tellement hypocrite de dire ça alors que je venais de lui dire clairement que je ne voulais pas être avec lui.
J'étais hypocrite.
Je me mentais constamment.

On me demandait de temps en temps pourquoi je n'étais plus avec lui. Je me figeai alors et je me posai la même question. A cet instant les mots se brouillèrent dans ma tête. J'avais l'impression de ne pas savoir moi-même la réponse à cette question.
Et je me souvenais de ce raisonnement que j'avais eu la veille du jour où je le lui ai annoncé...

Les raisons étaient que je ne me sentais pas prêt, j'étais effrayé et perdu. Je ne me sentais pas prêt de soudainement devenir le vrai petit ami de Peter. Pas alors que une semaine avant je souhaitais sa mort. J'avais peur d'apprendre à le connaître davantage pour ensuite me rendre compte que c'était quelqu'un de bien. Et j'étais perdu car je ne savais plus ce que je ressentais pour lui et je ne voudrais surtout pas lui donner de faux espoirs.
Surtout, ne disait on pas que lorsque quelqu'un vous aime, on se met à bien l'aimer aussi car on est heureux qu'on nous apprécie?

Je m'étais dit qu'il me fallait du temps pour encaisser tout ça, pour réfléchir tranquillement. Et c'est pour ça que j'estimais que je ne devais pas sortir avec lui.
J'aurais pu lui dire tout ça, mais je ne le ferais jamais. Je ne croyais pas qu'il pourrait comprendre.
Il ne comprendrait pas mes sentiments.

Donc là, je me sentais coupable. J'avais l'impression que c'est réellement de ma faute. C'était probablement le cas d'ailleurs.

Lors de la première heure de cours aujourd'hui, je surpris une discussion entre deux filles de ma classe.

-Tu as vu...? Il est de retour.

-C'est vrai?

-Ouais, il a l'air plutôt normal pourtant...

-Mais à quoi tu t'attendais? Personne ne montre publiquement sa souffrance... Surtout pas lui.

-Mouais...

J'écoutai attentivement cette discussion. Je compris de suite. Il était de retour. Après deux jours d'absence. Quelque part j'avais hâte de le voir. Je ne savais pas à quoi je m'attendais mais j'avais juste envie de le voir et m'assurer qu'il va bien.

Je commencai à m'impatienter. L'idée de croiser son regard m'obsèdai.

Lorsque la sonnerie retentit, je foncai en dehors de la salle. Mon regard recherchai dans la foule de lycéens Peter. Je guettai la moindre chevelure blonde.
Et je le répèrai.
Debout devant son casier, il rassembla des cahiers. Je me figeai sur place.

Quel était mon but? Pourquoi désirais je le voir?
Est ce que je pouvais m'elancer vers lui et lui parler normalement?
On va dire que oui. Il faut que je sache s'il allait bien. Et j'espèrai ne pas l'avoir trop blessé...

Je m'avancai d'un pas décidé vers lui tandis qu'il referma son casier.
Il se tourna vers moi.
Son regard croisa le mien.
J'espèrai y déceler une quelconque émotion mais je ne voyais rien.
J'eus à peine le temps d'ouvrir la bouche que Peter me répliqua un sec:

-Qu'est ce que tu me veux, Sam?

J'ouvris la bouche et la referma. Je voudrais dire quelque chose mais rien ne sortit.
Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais.
Je ne comprenais pas sa réaction.