𝓜𝓲𝓪, 𝓼𝔀𝓮𝓮𝓽𝓱𝓮𝓪𝓻𝓽 (𝔽ℝ)

𝓑𝓸𝓷𝓾𝓼 𝓽𝓱𝓻𝓮𝓮

Le nez rivé sur son téléphone, Anthony se dirigea vers sa sœur qui était assise dans le séjour de la chambre d'hôtel. 

Ses autres frères avaient été obligés de prendre des chambres séparées puisque l'hôtel n'avait au maximum que deux lits par chambre.

Et c'était Matthew qui s'était retrouvé isolé.

- Sweetheart, commença l'aîné sans lever le nez de son téléphone, il y a Irène, la maman de Paul, qui m'a envoyé un message. Ils sont aussi descendus dans le sud avec ses deux grandes sœurs, et elle m'a demandé si on voulait passer prendre l'apéro chez les grands-parents de Paul. J'ai accepté. On y va ce soir...

Mia eut un pincement au cœur. Elle savait que la mère de Paul et son frère Tony travaillaient parfois ensemble, mais jamais ça n'était allé plus loin jusque là.

- Q-quoi ? dit-elle en levant les yeux de son dessin.

- Tu m'as bien entendu, répondit l'aîné en prenant place à côté de la fillette. Qu'est-ce qui s'est passé avec ce garçon ?

Mia posa son dessin sur la petite table à côté d'elle, et fit face à son frère.

Il lui avait appris à parler de ce qu'elle ressentait, alors c'est ce qu'elle fit.

- C'est juste qu'il m'a blessé... c'était pas que mon amoureux. C'était aussi mon ami, dit-elle de sa petite voix.

- Il t'a fait du mal ? poursuivit le jeune homme avec un air si sérieux.

- C'était pas trop méchant... juste qu'il a arrêté de me parler du jour au lendemain.

- Je vois. Tu sais ma puce, les garçons sont bêtes quand ils sont encore petits.

- Mais on est plus petits, répliqua la fillette.

Anthony prit sa sœur dans ses bras.

- Je sais, mais tu resteras toujours ma petite.

Il lui fit un bisou sur la tempe avant de retourner à ses occupations. Mia, elle, sentit son regard se vider. Elle repensa à quelques souvenirs qu'elle avait eu avec Paul, et puis elle reprit son dessin... l'air de rien.

*

Le soir même, Mia se retrouva chez les grands-parents de Paul. Comme prévu, toute sa famille était présente. Et tous ses frères étaient là, même Matthew et Leo qui avaient été tirés de force de leur chambre. Cet apéro sonnait plus comme un diner entre collègues de boulot plutôt qu'un apéro entre connaissances.

Il était dix-huit heure mais le soleil rayonnait encore, et la température était encore assez chaude pour que les adultes permettent aux enfants de se baigner dans la piscine en terrasse chauffée. C'était la première fois que Mia se baignait dans une piscine perchée en haut d'un immeuble. En tout cas, la vue était fort sympathique.

Pendant que les sœurs de Paul étaient sur leurs téléphones posées sur le rebord de la piscine, Mia et Paul faisaient quelques longueurs. Ils étaient bien zyeutés par les adultes qui prenaient l'apéro, spécialement Mia sur qui ses frères avaient toujours l'œil.

- Bon sinon ça va les cours ? T'aime le collège où t'es ? finit par demander Paul à la fillette après l'avoir rejoint depuis l'autre bout de la piscine.

- Ça va, je suis dans un collège-lycée français privé. C'est un peu dur, mais je me suis fait des copines dans ma classe, répondit Mia avec un air un sourire un peu gêné.

- Oui, je savais que t'étais là-bas, poursuivit le garçon.

Son regard était rivé vers l'horizon, et le soleil se reflétait dans ses iris bleutées.

- Comment ça tu savais ?

- C'est mes parents qui m'ont dit.

- Ah, d'accord... et toi, tu es où du coup ?

- Ecole à la maison, répondit le jeune homme tout en posant ses deux coudes sur le rebord et en remuant ses pieds dans l'eau.

- Ah bon ? Pourquoi tu t'inscris pas dans un collège ? demanda la blondinette d'un air intrigué.

- Ben... c'est pour passer plus de temps avec ma mère. Elle...

Paul marqua une petite pause, comme s'il réfléchissait à la suite de sa réponse.

- C'est parce qu'elle a un cancer, avoua-t-il finalement.

Mia se tourna vers la maman du jeune homme. Elle était toute souriante, et elle riait aux éclats. Elle ne laissait transparaître aucun signe de faiblesse sur son visage. Mais ses cheveux... ses cheveux paraissaient si peu naturels. La jeune fille comprenait maintenant pourquoi.

- Oh nan, Paul... je suis trop désolée... répondit-elle les larmes aux yeux.

Il eut un silence ente eux pendant quelques instants, jusqu'à ce que le jeune homme décide finalement de se tourner vers son amie, sans pour autant la regarder dans les yeux.

- Je sais que tu sais ce que ça fait de perdre sa maman, c'est pour ça que je te le dis. Mais le répètes pas s'il te plaît...

- Promis, murmura la fillette tout en hochant de la tête.

Il eut à nouveau un moment sans paroles.

- Mais... du coup... c'est pour ça que tu as arrêté de me parler quand on était encore à l'école ?

Paul haussa des épaules, le regard perdu dans le vide.

- Je peux te faire un câlin ?

Mia fut elle même surprise par sa soudaine demande. Mais elle eut à peine le temps de revenir sur ses paroles que le garçon s'approcha d'elle et l'enlaça, une main autour de son corps et l'autre s'accrochant au rebord. Son corps était tout chaud, et les gouttes de ses cheveux tombait dans le dos de la petite...

Anthony les avait remarqués du coin de l'œil, mais poursuivait sa conversation l'air de rien. Matthew et Leo, eux, les avaient bien vu. Mais Matthew ne dit rien tant dis que son frère lui murmura quelque chose à l'oreille, l'air pas content. Tommy, lui, était trop occupé à parler affaires avec les autres adultes.

- Désolé d'avoir arrêté de te parler à l'école... dit Paul tout en se détachant de la petite.

Il avait un air de marbre, comme s'il ne s'autorisait aucune émotion.

- C'est pas grave, je comprends mieux maintenant.

- T'es trop gentille comme fille.

Mia sourit et regarda son ami avec de grands yeux remplis d'empathie. Soudain, les grands-parents de Paul les appelèrent pour manger un bout. Alors, la fillette sortit de la piscine suivie du jeune homme avant de venir sur les genoux de son frère Leo pour l'embêter et le tremper. Ce dernier ne tenu pas compte de l'eau qu'elle avait mis sur son jean et vint tout simplement la serrer contre lui, comme pour l'enfermer.

Pendant ce temps Paul s'installa aux côtés de sa mère qui passa son bras sur ses épaules, et leurs regards se croisèrent depuis la première fois depuis qu'ils s'étaient retrouvés.