𝓑𝓸𝓷𝓾𝓼 𝓯𝓸𝓾𝓻

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Anthony et Leo se trouvaient dans la chambre d'hôtel de Matthew, les deux plus jeunes se disputant avec l'aîné.

- Mais Tony putain, elle n'a que douze ans et tu la laisses faire ! s'exclama Matthew.

- Et c'est pas un âge pour commencer avec les mecs, rajouta Leo. De toute façon, pour elle, ça ne sera jamais l'âge. Je m'en assurerai.

Tony avait une main posée sur sa hanche tant dis qu'il s'aidait de l'autre pour se frotter les yeux.

- Mais vous ne pouvez pas l'enfermer dans une cage, déclara-t-il avec agacement. Pour l'instant ce gamin ne lui a rien fait d'horrible, il a juste arrêté de lui parler depuis qu'il a appris le cancer de sa mère...

- Et bien c'est une bonne chose, non ? répliqua soudainement l'ancien militaire.

Il eut un instant de silence pendant lequel Tony soutint le regard de son jeune frère.

- I don't think so, Leo. Ce gamin vit avec le poids de la mort prochaine de sa mère depuis quelques années... et je pense qu'il s'est beaucoup renfermé sur lui même, depuis. C'est pour cette raison qu'il a dû cesser d'être proche de son entourage, et donc de Mia aussi. Sauf que ça les a tous les deux rendu très triste.

À nouveau, les trois frères se turent, jusqu'à ce que Matthew fit à nouveau retentir le son de sa voix :

- Moi je veux juste pas qu'un mec lui fasse à nouveau du mal. T'as bien ce que lui ont fait l'ancien mec de maman, et aussi notre père... Et puis même, là elle va recommencer à s'attacher à ce gamin et puis dès que sa mère va partir il va à nouveau la laisser tomber ou alors elle va revivre la mort d'une mère, c'est ça que tu veux !?

À cet instant, il eut un grincement de porte vers lequel les garçons se retournèrent. C'était Mia, vêtue de ses baskets et d'une jolie petite robe d'été. Son plus jeune frère avait probablement dû la laisser seule quelques instants pour aller téléphoner à sa petite copine.

La fillette les regarda tour à tour avec un air à la fois outré et à la fois énervé. Elle ne pouvait pas croire ses oreilles. Comment ses frères osaient-ils contrôler sa vie ? C'était tout ce qu'ils avaient fait depuis qu'ils l'avaient retrouvé. Et désormais elle se pensait assez grande pour pouvoir se gérer.

Mais au fond d'elle, elle savait qu'ils avaient raison sur un point : elle ne supporterait pas de revivre le deuil d'une maman.

- Mais ça va pas de vouloir m'empêcher de voir mon ami ? Oui à l'école c'était mon amoureux et alors ? J'ai le droit de vivre non !? Depuis le début vous comprenez rien, Éric il m'a fait trop de mal à moi et à maman, notre papa il me fait super peur, mais Paul, lui, il est gentil ! s'exclama Mia avant que ses yeux ne se mouillèrent et que sa voix se mît à trembler. Il est gentil, et bientôt il aura même plus de maman...

Les garçons sentirent leur cœur se briser. Alors, Leo tourna la tête vers une autre direction, Matt baissa la tête avec un air désolé, et Anthony fut le seul à regarder sa petite avec amour et compassion. Ce n'est que lorsqu'elle leva les yeux vers lui qu'il aperçut une larme couler le long de sa joue.

Dès lors, Tony attrapa une chaise dans laquelle il s'assit face à la fillette tout en lui attrapant les deux mains. Il essuya alors la petite larme qui coulait le long de sa joue à l'aide de la paume de sa main. À cet instant, la jeune fille se mit à trembloter et une vague de larmes s'échappa de ses yeux. Alors, le jeune homme murmura un petit « Sweetheart » avant de venir la prendre dans ses bras.

De leur côté, Matthew et Leo regardaient la scène avec impuissance.

Alors, voyant que les pleurs s'intensifiaient, l'aîné de la fratrie posa sa petite sur ses genoux, déposa un bisou sur sa joue et se leva avec elle dans ses bras.

- Tu vas où ? lui demanda soudainement le jeune militaire.

- Dans notre chambre, répondit l'aîné avec un ton glacial.

*

Anthony était posé sur le lit toujours avec la fillette dans ses bras. Il n'arrêtait pas de caresser ses longs cheveux blonds...

- Ma puce, je suis sûr que tes frères sont très désolés pour ce qu'ils t'ont dit... lui murmura-t-il tout en lui mettant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- M-Mais c'est pas ça mais maman est morte et moi je veux aider Paul quand sa maman sera morte aussi... et eux ils veulent pas me laisser faire !

- Mais ma chérie, nous on veut juste te protéger. On ne veut pas que tu souffres à nouveau comme quand on t'a récupéré...

- Mais je suis plus un bébé ! s'exclama la fillette tout en se détachant des bras de son frère. J'ai arrêté de souffrir.

- Alors pourquoi est-ce que tu pleures, là ?

Mia sentit la colère s'emparer d'elle. Alors, elle se leva du lit et commença à tourner le dos à son aîné avant de brusquement se retourner vers lui à nouveau :

- Je pleures parce que je veux pas qu'on parle de maman ! Maman elle est plus là, elle est morte. Et elle au moins, elle me prenait pas pour un bébé !

Anthony s'assît au bord du lit et mît sa tête entre ses mains.

- Maman ne te prenait peut-être pas pour un bébé mais je pense qu'elle ne t'a pas assez protégé. Elle a laissé Éric te faire du mal, et je ne referai pas la même erreur qu'elle. Tu n'es encore qu'une enfant, et tu ne devrais pas avoir été exposée et encore être exposée à de telles choses.

Des souvenirs refirent surface dans la mémoire de la fillette. Éric, ses coups, son odeur, sa perversité, et puis sa mère, sa mort, la solitude, la peur, la tristesse... Et après tout ce qu'elle avait traversé, son frère osait encore dire qu'elle n'était qu'une enfant. Sentant alors la colère l'envahir encore plus, Mia sentit le besoin de fuir.

Alors, elle couru hors de la chambre d'hôtel jusqu'à la sortie. Heureusement, il n'y avait personne à l'entrée pour la voir. La fillette n'avait même pas de chaussures sur elle, seulement les chaussettes qu'elle avait mis avant d'enfiler ses baskets. Alors, elle couru le plus vite qu'elle le pouvait sur du béton brûlant.

C'est à cet instant qu'elle le ressentit pour la première fois de sa vie ; la liberté.

𝓜𝓲𝓪, 𝓼𝔀𝓮𝓮𝓽𝓱𝓮𝓪𝓻𝓽 (𝔽ℝ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant