Act. 7

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Fort heureusement pour nous, le serveur est arrivé quelques minutes après le début de notre provocation malsaine, y coupant court. Je me suis sentie soulagée, parce que le fait que Sacha soit si sûr et certain qu'il m'attire m'inquiète. J'ai la sensation que lorsque cette porte a été ouverte, il est impossible pour deux personnes de la refermer totalement. Il faudrait donc que nous nous tenions loin de celle-ci, mais j'ai la désagréable impression que nous sommes prêts à franchir le seuil à tout moment.

Pas par amour, seulement par désir. Comme s'il ne rêvait que d'une chose depuis qu'il m'a revue : redécouvrir mon corps et ce qu'il a pu lui procurer il y a un temps. Mais était-ce à ce point intense pour qu'il veuille recommencer quatre ans plus tard ? Assez incroyable pour qu'il soit infidèle ?

— Tu es pathétique, soupiré-je sans me retenir.

Il était à deux doigts de porter sa fourchette à sa bouche. Désormais il me regarde, l'air intrigué.

— Tu es déjà le personnage le plus vaniteux, insupportable et arrogant que je connaisse, Sacha. Il fallait en plus que tu rajoutes infidèle à ta liste.

Il fronce les sourcils, surpris par ma réflexion.

— Infidèle ?

— Jade apprécierait de t'entendre parler à une autre fille de la façon dont tu le fais ?

— Je ne t'ai pas touchée, Ivy. On est juste deux vielles connaissances... hésite-t-il, amis ?

— Connaissances, dis-je froidement.

Des connaissances qui se connaissent un peu trop bien, si on prend en compte que j'ai déjà vu Sacha complètement nu. Quand je dis complètement, c'est qu'il ne portait même plus ses chaussettes. Véritablement comme un enfant sortant du ventre de sa mère.

Je me ressaisis. Ce n'est pas le moment de penser à Sacha nu. Certainement pas.

— Connaissances, reprend-il, et on se retrouve pour se remémorer nos années ensemble. Ce n'est pas de ma faute s'il y a d'aussi bons souvenirs entre nous.

Il insiste sur le ''bon'' délibérément et mes joues s'échauffent. Toutefois, je choisis de ne pas répondre. Je suis venue ici pour essayer d'avoir une relation correcte avec Sacha, pas lui donner la chance de me rappeler ce qu'il savait faire de sa bouche.

— Et sinon, Hollywood, la Californie... ça a été ?

Il hausse les épaules et je peux enfin goûter à mon risotto pendant qu'il prend la parole : 

— Beaucoup de soleil. Beaucoup d'opportunités. J'ai chopé des coups de soleil et j'ai fini par me rendre compte que la côte ouest n'était pas faite pour moi.

J'arque un sourcil, dubitative.

— Tu as passé quatre ans de ta vie là-bas, et c'est tout ce que tu as à dire ? Sérieux, Sacha.

— C'était cool. J'ai fait des tas de soirées sur la plage, je me suis fait des potes, mais j'ai réalisé que j'aimais trop Broadway pour ça. Hollywood, c'est un autre terrain de jeu, et ce n'est pas ce que j'aime. Moi, ce que j'aime, c'est performer sur scène, danser, chanter, vivre devant un public... pas passer des castings pour des séries à la con.

— Pourquoi tu n'es pas revenu plus tôt, alors ?

Je sais que je l'ai piqué à vif rien qu'à sa façon de se pincer les lèvres. Ça ne dure qu'une fraction de seconde, mais je sens que j'ai appuyé là où il ne fallait pas.

— J'avais la belle vie au bord de la mer pendant quatre ans, pourquoi est-ce que j'aurais voulu rentrer ?

— Parce que comme tu le dis si bien, Broadway est ta maison, répliqué-je avec amertume.

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