Act. 37

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La dernière fois qu'autant de choses me trottaient dans la tête, c'est quand j'étais enceinte de Mila. Et même si j'avais voulu rester enfermée aux côtés de Sacha éternellement, chose qui semble surprenante, je ne peux pas. La vérité, c'est que nous vivons dans notre petit cocon car nous ignorons le monde extérieur. Mais même chez lui, je pense à mes responsabilités, à mon rêve, à ma famille. Je pense à Loris et Yann qui me manquent, au fait que Jonah est en ville. Aussi, je pense à Sacha qui m'a raconté sa vie à Los Angeles.

Il s'est forcé à faire des études uniquement pour que ses parents soient davantage proches de lui. Il a dû assister à des cours, s'enfermer dans une routine de travail pour étudier quelque chose qui ne lui plaisait pas.

Tout ce temps, il a dû abandonner son rêve. Une fois qu'il a eu le courage d'assumer son choix d'arrêter les études, l'enfer a repris de plus belle. Mais peu importe combien je le considère comme un rival, il mérite de gagner juste pour prouver à ses parents qu'il ne s'est pas trompé de voie.

J'aurais aimé avoir le temps de m'y attarder davantage, mais je n'ai pas pu. Nous en avons brièvement parlé, car j'ai compris qu'il ne souhaitait pas s'éterniser sur le sujet, et j'ai fini par recevoir un appel de Jonah.

C'est pour ça que je me retrouve en bas de chez Mike, assise sur le siège passager de la voiture de Milo, avec Sacha sur ma gauche.

— Merci de m'avoir accompagnée, dis-je en soufflant lourdement, la main prête à ouvrir la portière.

— Tu sais que tu peux revenir à la maison si ça ne va pas.

Je le regarde et j'esquisse un sourire. Le monde est à l'envers... vraiment à l'envers. Ou c'est nous qui le sommes, peut-être.

Quand j'hésite à descendre de la voiture, rongée par l'anxiété de retrouver ma famille, il me surprend à le faire lui-même. Je le regarde faire le tour et me rejoindre, puis m'ouvrir la portière.

— Tu n'as pas besoin d'affronter ça toute seule. J'ai ma part de responsabilité aussi.

Je sors de la voiture, me retrouvant face à lui.

— C'est toi qui n'as pas besoin de faire ça, affirmé-je. Les problèmes de ma famille sont un peu trop... explosifs.

— Je m'en doute, mais je n'ai pas pu être là pendant ta grossesse. Celui qui aurait dû te tenir la main, c'est moi, pas Jonah. Et même si on ne rattrapera jamais ça, je veux pouvoir te soutenir... surtout maintenant que tout le monde sait que je suis...

Le père. Mais il ne termine pas sa phrase.

— Tu n'es vraiment pas obligé, ma famille est... tordue. Tu...

— J'ai déjà affronté la plus tordue des Hunter, alors... me coupe-t-il en affichant un sourire narquois.

Quand bien même l'idée que Sacha soit présent me semble étrange, je ne le repousse pas pour autant et j'accepte sa présence. J'ignore ce qui m'attend chez Mike, et de savoir que je ne vais pas être seule pour l'affronter me soulage.

Alors il m'emboîte le pas dans l'immeuble de mon parrain et nous rejoignons son appartement. Une fois dans l'ascenseur, je me ronge nerveusement la peau des lèvres, le regard perdu dans le vide. Je sais qu'il n'y a pas de piège. Il n'y aura que Jonah, Déborah et sûrement ma mère. Mon père ne serait pas venu s'expliquer si vite, pas avant que nous ayons pu parler entre nous. Pourtant, j'angoisse. J'ai la sensation que tout ce qui s'est passé est ma faute, que cette grossesse est encore d'actualité quatre ans plus tard.

Le temps d'une seconde, je me sens... atroce. Toutes mes émotions se mêlent pour ne former qu'un amat de pensées négatives qui me hurlent de fuir, de ne pas me confronter à ça. D'ordinaire forte et sans langue de bois, je me sens vulnérable.

SupernovaWhere stories live. Discover now