Act. 35

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         Ses lèvres ont un goût de familiarité cette fois-ci, comme si je me rappelais l'effet qu'elles m'ont procuré la dernière fois. Et ce qui a toujours été dangereux avec Sacha, c'est la façon dont l'envie de ne jamais le quitter se glisse sous ma peau. Je rêve de ressentir ce que je ressens en cet instant pour le restant de ma vie.

J'ai envie de lui dire de ne jamais me lâcher, de lui faire comprendre que je suis folle de lui. Il m'a demandé de le faire si je l'aimais, je ne suis donc pas sûre d'être capable de me détacher de lui.

Moi, la Ivy difficile, obsessionnelle, rongée par son fort et dévastateur caractère, me voilà. Je m'abandonne complètement à lui.

Alors que mes lèvres dansent intensément sur les siennes et que je sais que rien ne pourra surgir du passé, je ne suis plus vraiment moi-même. Ou peut-être que c'est tout à fait ce que je suis... je suis la véritable Ivy, celle que seul Sacha connait. Celle qu'il est le seul à avoir vu il y a quatre ans et qu'il ramène à la vie aujourd'hui.

Sacha, Sacha Sacha...

Il prend son temps pour m'embrasser, comme s'il savourait chaque seconde cet instant, à l'inverse de la dernière fois. Il tient mon visage en coupe entre ses mains, délicat et enivrant. Pour la première fois, nous nous embrassons en ayant pleinement conscience de nos sentiments. Il ne s'agit pas du passé, mais bien du présent. J'ai toujours rêvé de l'embrasser en sachant qu'il m'aimait. J'ai même fait le vœu, une fois en soufflant mes bougies d'anniversaire, qu'il finisse par m'aimer.

Le voilà réalisé.

Ça ne me ressemble pas d'être aussi romantique, aussi accrochée aux sentiments. Mais l'amour m'a toujours changé. Quand il se glissait chez moi et que je m'autorisais à l'aimer, j'étais méconnaissable.

Et aujourd'hui, suspendue à ses lèvres, je retrouve cette Ivy si spéciale. Celle qui se sent vivante. Dans ses bras, je ne suis plus seulement bonne à briller sur scène, mais à briller tout court.

Les larmes salées qui se sont mis à déferler sur mes joues se mêlent à notre baiser.

Si je dois être trahie par qui que ce soit sur cette terre pour pouvoir me sentir aimée, alors que seul Sacha en ait le droit. Tout ce qui viendra de lui sera toujours acceptable. Qu'il me montre le pire de lui-même, je continuerai à l'accueillir à bras ouvert.

Il m'attire contre lui par la taille et fait quelques pas en arrière. C'est uniquement quand il s'assoit sur le lit que nos lèvres se détachent. Mais sans attendre, il rompt la distance en m'installant à califourchon sur ses jambes.

Il analyse mon visage à mesure que mon cœur menace d'exploser dans ma poitrine.

— Ne pleure pas, Ivy, me souffle-t-il en essuyant grossièrement mes joues. Je déteste quand tu pleures.

Je ferme les yeux et je dépose mon front contre le sien. J'ai besoin d'une seconde pour assimiler tout ce qui est en train de se passer entre nous. Je prends conscience de mon corps sur le sien, de son souffle près de ma joue, de son odeur si familière et une vague de papillons s'élève dans le creux de mon estomac, me coupant la respiration. Je glisse ma main contre sa nuque, les doigts légèrement tremblants. Je sens la mienne caresser doucement la peau de mon dos. Je ne m'entends plus penser tant mon cœur bat fort.

Sa présence... celle-ci. Cette force entre nous, je suis incapable d'y résister. J'aurais voulu qu'il soit là quand mon monde a basculé. J'imagine un monde où Sacha aurait été là pour me tenir la main quand Mila est née. Un monde où il m'aurait rassurée.

Un univers où les comédies musicales n'auraient pas existé.

Je me recule légèrement, le souffle court, et nos regards se percutent. Je plonge dans son regard noir. Je regarde ses cils épais, sa peau claire, ses lèvres qui n'appartiennent qu'à moi...

SupernovaWhere stories live. Discover now