K7[04]: Fume.

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Fume.

Fume le bitume,

L'asphalte et le gris des murs,

Que tu rase à en marquer l'usure.

Fume les algorithmes qui les font marcher

Les fait crever sur la pendule qu'ils ne font qu'accélérer

De leur lents pas, têtes baissées, mourants

A en perdre la raison de vivre

A ne savoir que survivre

A fumer lentement

Leurs rêves.

Au dehors,

J'aperçois mes frères.

Eux aussi, proches de la mort,

Flirtent avec elle, car la vie les a laissés à terre.

Sous les arcades des fleuves rayonnants, nous sommes groupés

Attendant l'aube pour survivre, attendant l'aube pour mourir.

Ils ne voulaient qu'une mère, ils n'ont eu que la misère

Des rêves pour vivre, des frères pour exister.

Je fais partie des leurs, en attendant l'heure

Que Dieu vienne nous délivrer

De nos âmes

Du mal

De mes doigts,

J'attrape la fumeuse

Dansante, si séduisante

Lui supplie « Prends moi, vas-y, prends-moi,

Emmène-moi dans tes ténèbres vaporeuses

Brûle-moi, tente-moi, dans les rives de Dante

Fais-moi subir tes supplices sempiternels,

Avant que les derniers feux du jour,

Les derniers vers ne s'étouffent

Que périssent les mortels

Des longs et lourds

Hivers éternels

Fume.

Fume tes passions

Tes cauchemars, tes pulsions

Fume tes songes de ta plume.

Fume tes lèvres gorgées d'amertume

Fume tes entrailles des flammes du blizzard

Fume avant que le crépuscule, de son teint blafard

Ne referme son œil sur toi ; meurs d'un supplice trop doux

Avant qu'il ne soit trop tard

Avant que la mort

N'aie tué ton tout

N'aie planté son poignard

N'aie versé le sang de ton corps

Et de tes pages.

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Hiver 2016

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