K7[05]: Dysphoria

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Tout est parti.
Et mon âme et mon être, remplacé par un silence assourdissant.

Et plus rien ne subsiste. 
Les souvenirs s'effacent, se meurent et agonisent, écrasés dans les rouages de la mécanique des algorithmes qui me font, tracent et scriptent désormais chaque pas de mon enveloppe charnelle vers un précipice mortel.
Et le vertige des limbes sera le signe qu'il sera trop tard.

Tout sera parti.
Je n'aurai laissé que le bruit sourd des mes pas lourds qui résonnent dans les couloirs et des cicatrices à la nuit et l'obscurité, déchirés par mes cris perçants.

Mais ne suis-je pas déjà mort de l'intérieur ?
Quand le goût est fade, le toucher, une blessure ?
Et quand les effluves des fleurs se noient dans l'odeur du kérosène ?
Et quand leurs couleurs se ternent à l'usure du temps ?

Quel est le mal qui me ronge si ce n'est que je ne suis plus ?

Par dehors, ils brillent tous, leur sourire est beau, leurs cernes à peine visible, ils ne se traînent pas, ils sont droits et forts.

Le poids de la mélancolie ne les fait pas toucher terre, 
Leurs songes ne leur creusent pas la chaire,
Et leurs pas ne sont pas une cérémonie mortuaire.

Leurs corps sont si beaux et si parfaits, quel est leur remède ?

Contre le noir âcre qui dévore ma nature humaine ?

Je réalise qu'au milieu des têtes baissées, je suis à terre.

Je vois l'usure des murs que je rase comme eux ; je vois que je suis comme eux.

Et que le masque qu'ils portent tous et leurs belles effluves, ne servent qu'à cacher la puanteur d'un cadavre encore pourrissant.

Des être emplis de vide, moribonds, malades d'un mal insaisissable.

D'une dysphorie mortelle.

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Hiver 2016

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