K7[10] L'Été.

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Toi parti, l'été autrefois tant attendu, enivrant, amoureux et sensuel était devenu, depuis peu, froid et étouffant. Le soleil brûlait ma peau et la chaleur rendait chacun de mes pas de plus en plus lourd. Et le froid des immeubles, des gens, de l'architecture macabre de la ville emplissait mon âme.

Toi parti, il ne me restait que la mélancolie, la nostalgie des moments où je fut heureux et un vide envahissant.

Ce vide emplissait alors tout mon être, comme une vague ayant déferlée sur la plage de mes jours heureux, comme une marée ayant monté et engloutie chaque souvenir de ce bonheur ressenti et partagé autrefois.

Je n'étais alors qu'une chair qui brûlait sous un soleil de Juin.

Et les vagues, elles, sur les plages de mon adolescence, s'écroulaient sur ce sable. Cette marée d'angoisse effaçait toute trace de ces souvenirs, ces réminiscences qui me rappelaient le temps où je fut heureux. Il ne restait plus que cette mélancolie étouffante et la solitude aussi lourde que ce soleil de Juin.

Cet été, j'allais devoir errer sur ces plages et sous ce soleil de plomb, habité par l'ennui et la mélancolie.

Cet été, je ne le supportais plus.

Les mièvreries adolescentes m'écœuraient désormais. Filles et garçons, leurs lèvres pulpeuses et leurs corps gorgés de sèves que j'aurais tant aimé savourer à nouveau: tout me laissait indifférent et me lassait.

Chaque rire et sourire me rendait encore plus triste, encore plus nostalgique de ce bonheur perdu.

J'avais l'impression d'être le fantôme, l'ombre de tout ceux là.

Tous ceux là qui goûtaient encore à l'innocence, l'insouciance d'un âge où tout leur est permis. Tous ceux là qui, en ce moment même, se délectaient de la joie la plus pure, du bonheur le plus sincère.

Tous ceux là qui apprenaient à être en communion avec les autres et la nature, à en faire l'amour sous les étoiles.

Tous ceux là que je ne croise plus, ou alors très peu. Tous ceux là qui sont et qui furent ce que j'étais avant l'hiver de mon existence.

Je suis encore adolescent, mais seulement dans l'âge. J'ai déjà trop perdu dans le blizzard et l'été ne parvient plus à me réchauffer.

J'ai vécu trop de choses, subi trop de choses pour me laisser emporter à nouveau dans l'ivresse et l'insouciance de l'adolescence et des étés langoureux.

Mon seul été à moi, c'était avec toi.

Mais tu est parti.


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Eté 2018-Juin

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