chapitre 13

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Tel un gentleman, il tire la chaise qui est en face de la sienne afin que je puisse m'asseoir.

"Qu'est-ce que tu veux ?" Demande-t-il.

Je sais qu'il fait référence à ce que je veux manger ou ce que je veux boire cependant, ça ne m'empêche pas de répondre d'une autre manière dans ma tête.

Ce que je veux? Rien de bien compliqué.

Un homme, un vrai, avec un physique avantageux de préférence car on ne va pas se mentir, il faut d'abord qu'il enchante nos yeux s'il veut faire chavirer notre cœur. Ensuite : tendre, aimant, galant, protecteur, jaloux quelques fois et toujours présent, rien de bien compliqué.

Mais je crains que ce ne soit pas ce qu'il voulait savoir en posant cette question, quoi que s'il pouvait y avoir un homme avec ces critères sur la carte de menus, je n'hésiterai pas à le manger tout cru. Enfin bref...

"Seulement un verre d'eau suffit."

Il se dépêche d'appeler le serveur pour m'apporter mon verre d'eau.

"Alors, comment vas-tu depuis la dernière fois qu'on s'est vu?"

"Très bien, et je vois que tu te portes bien toi aussi."

Il me sourit, les yeux rivés dans les miens.

"Oui, c'est fou tu n'as pas du tout changé."

J'avoue que je ne sais pas trop comment le prendre, est-ce un compliment ou non? Est-ce qu'on est censé bien prendre le fait de rester toujours la même personne qu'il y a cinq ans? Je ne pense pas. Néanmoins, vue la manière dont il me l'a dit, je ne croit pas qu'il pensait à mal.

"Comme tu le vois, mais je ne peux pas en dire de même pour toi."

Et c'est la vérité, comment peut-on passer d'un physique embonpoint à celui d'un mannequin, et cela sans chirurgie?

Face à ma réplique qui ne cache en rien mon étonnement, il laisse échapper un rire amusé.

"Changeons de sujet, si mes souvenirs sont bons, tu travaillais à l'American Airlines, tu y es toujours?"

"Oui, j'y travaille toujours mais je suis actuellement en congé." Répondis-je.

Je voulais à mon tour lui demander s'il a réussi ce qu'il entreprenait il y a de cela des années mais je ne sais pas ce qu'il faisait, je sais juste qu'il était étudiant et à vrai dire, je n'ai pas cherché à creuser plus loin, je ne me suis guère intéressée à lui, ni à ses rêves, ses ambitions et je ne me souviens pas l'entendre me le dire et même s'il l'avait fait, je n'en ai aucun souvenir, ce qui ne m'étonne nullement.

Je me rends compte que j'ai été égoïste et même le mot est faible. Pendant qu'il m'épaulait, me soutenait, me remontait le moral quand j'étais au plus bas durant le temps où nous étions "ensemble", moi, je me contentais de recevoir sans lui donner en retour, sans me préoccuper de ses états d'âmes, de ce qu'il ressentait et j'ai dû lui causer beaucoup de peine ceci dit.

Le regret vient à l'instant de s'emparer de tout mon être, je regrette encore plus de ne le ressentir que maintenant, et que quand j'avais mis fin à notre semblant d'histoire, je n'ai pas cherché à le contacter de n'importe quelle manière que ce soit. Mon dieu!

Il a dû se sentir comme utilisé, ce qui n'est pas loin de la vérité pour ne pas dire que c'est totalement vrai.

Et là maintenant, je suis tranquillement assise à sa table après tout ce que j'ai pu lui faire, il devrait me haïr mais la manière dont il me parle ne me donne pas cette impression.

"Et toi, tu travailles dans quel domaine?" Je l'interroge.

Vaut mieux tard que jamais non? J'essaie de faire ce que je n'avais pas fait dans le passé.

"Dans l'hôtellerie et restauration." Avoue-t-il.

"C'est bien ça!" Fais-je d'une voix gênée.

Aussi pathétique que cela laisse paraître, c'est la seule phrase que j'ai réussi à reformuler.

Depuis ma prise de conscience par rapport à mes erreurs vis à vis de lui il y a quelques minutes, je me sens gênée. Et si au début de soirée j'avais hâte de le revoir, maintenant je veux juste m'enfuir d'ici tellement j'ai honte.

"Et les amours, tu as quelqu'un ?"

''Non et toi ?" dis-je simplement.

Présentement, je prie intérieurement pour que quelqu'un me sorte de là, de cette situation des plus étranges.

"Non, l'amour ne me réussit toujours pas, pour ne pas changer."

Je sens que cette phrase fait en quelque sorte référence à nous deux. D'ailleurs, son sous-entendu est assez explicite.

Mais à cet instant, Dieu a décidé d'exaucer ma prière car la sonnerie de mon téléphone retentit m'annonçant un appel entrant. Je décide de le récupérer avec empressement avant de me lever, après m'être excusée de quitter la table.

Je regarde celui ou plutôt celle qui m'a appelée et je n'ai jamais été aussi contente de voir un appel de Christy et je décroche.

"Qu'est-ce qui s'est passé après que nous t'avons laissée avec ton Apollon? Mais avant de répondre, je voudrais d'abord savoir si tu es à côté de lui en train de l'enlacer, blottis contre ses bras et..."

"Stop! Respire Christy, doucement. Et pour répondre à tes questions, il n'est pas à côté de moi et il ne s'est rien passé."

"Dommage que tu n'aies pas saisi l'occasion. Personnellement, je viens de me régaler avec un adonis et je me suis enfermée dans la salle de bain pour t'appeler mais je ne vais pas tarder à y retourner."

Je lève les yeux au ciel, ça c'est tout Christy, elle n'a aucune gêne à raconter ses nuits torrides avec ses amants sans oublier.

"Vas le rejoindre alors, on s'appelle demain pour que tu me racontes tout."

"Entendu ma belle, bonne nuit à toi, la mienne risque d'être courte." Rit-elle avant de décrocher.

Je retourne à la table sans grand enthousiasme. Et en pensant à ma soirée, je viens juste d'avoir une excuse pour rentrer chez moi plus tôt.

"Je suis désolée, une amie vient de m'appeler et elle ne se sent pas très bien, je me dois donc d'être à ses côtés." Mentis-je.

Je m'étonne moi-même du nombre de mensonge qui sont sortis de ma bouche ces derniers jours, ça ne me ressemble absolument pas, enfin normalement.

"Ce n'est pas la première fois je suppose ?"

"Pourquoi ?" Je demande, étonnée qu'il puisse penser ça.

"Tu avais l'air d'être lassée au téléphone, tu as levé plusieurs fois les yeux au ciel."

Cette fois, je ne suis pas loin de me faire griller.

"Euh oui..."

Après s'être changé des politesses, je me dirige vers la sortie pour la deuxième fois de la soirée. Mais il m'interpelle encore. Je ne peux pas sortir d'ici rapidement ?

"J'espère te revoir bientôt."

Pour toute réponse, je lui souris sincèrement et tourne les talons. Personnellement, je ne suis pas emballée par l'idée de le revoir prochainement du moins, pas de sitôt. Je pousse la porte et le vent me caresse le visage une fois à l'extérieur, cette fois-ci, je rentre chez moi pour de bon.

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