Chapitre 6

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La musique du madison selance. J'ai aucune idée de comment ça s'appelle en vrai, mais jem'en fous, je suis à fond. Un-deux-trois, jambe, un-deux-trois,jambe, on recule, un-deux, et on saute, et c'est reparti ! Abi'me rejoint entre temps pour danser à côté de moi. Sa présence mefait du bien. Elle n'a même pas besoin de parler pour me fairesourire. Je me sens bien. À la fin de la danse, Abi' va chercher unbalai, un magnifique limbo commence. J'suis imbattable à ça, mêmeles filles en classique vont moins bas que moi. Premier « round »,tout le monde passe. Deuxième, le balai descend un peu, tout lemonde passe, troisième... Jusqu'au moment où Abi' se rate, et qu'ungrand « Popopooooooo » résonne. Mais le balai descend deplus en plus, les gens tombent un par un, Alice s'est pas maldéfendue, mais elle tombe quand même avant moi. Normal, je suisimbattable ! La voir ne me fait plus rien, je suis beaucoup tropprise dans l'ambiance pour ça.


Ça y est, il ne resteplus qu'Hugo et moi. Les choses commencent vraiment à se corser. Lebalai n'est plus qu'à un mètre du sol. Je commence à galérer unpeu. C'est pas possible, comment il peut être aussi souple ? Ilprend des cours de danse lui aussi ou quoi ? Je me baisse,commence à avancer, mais ça devient un peu compliqué. Je sensquelqu'un me faire des chatouilles. Ok ça y est, c'est foutu, j'ai àpeine le temps de réaliser ce qui se passe que je suis déjà parterre. J'étais à deux doigts de le battre pourtant, j'en étaissûre ! Je sais pas qui m'a chatouillée, mais il va le payercher, c'est moi la championne du limbo d'habitude !


Mon concurrent me tendla main, je l'attrape et me relève. Il me propose un joint. Pourquoipas. On sort fumer. Il fait un peu froid dehors, mais on le sent pasvraiment, après tout le sport qu'on a fait. C'est encore lui quiroule. « Ptn mais t'as un de ces stocks !

-Bah ouais, c'est moi quifournis Abi', elle t'a pas dit ?

-Nan, quand je lui dis àchaque fois elle répond « j'ai mes sources » et elle medit rien de plus.

-Elle veut peut être pasque tu cesses de lui être dépendante, elle a peur que tu te barressi elle te tient pas par quelque chose.

-Pffff, n'importe quoi,t'es bête... » Je tire une taffe et rigole. Il rigole aussi.Je re-regarde les étoiles. Je me sens bien. Beaucoup trop bien.

« T'as pris descours de danse au fait ? T'es hyper souple, c'est fou !

-Ouais bah j'fais du rocken fait. Ça permet de se la péter un peu en soirée, j'aime bien.Et toi au fait ?

-Classique ! Pashyper original, je sais, mais voilà, j'aime bien.

-Oh, vas-y, montre moi !

-T'y connais quelquechose au classique ?

-Absolument pas. »


Je re-rigole etm'éloigne un peu de la baie vitrée, avant d'enchaîner quelquespas. Je saute, tourne, vole, j'arrive plus à m'arrêter, j'ai letournis, je vais tomber, je perds l'équilibre, je vais trop viteet... Et il me rattrape, m'aide à me relever, m'attrape par la main,avant de partir dans un petit rock. J'ai du mal à me laisser guider,et puis, surtout, à une seule main, c'est compliqué. J'attrape leroulé et le termine. Voilà qui nous gênera moins. On continue àdanser un peu, j'apprends quelques pas. Vive la danse.


« Eh, au fait, jet'ai pas félicité pour ton limbo ! D'habitude personnen'arrive à me battre.

-Tais-toi et danse, t'esdéjà suffisamment chiante à diriger, il dit en riant.

-Ouais, bah j'attends devoir tes pirouettes hein... » Il tourne, et me fait tournerensuite. Et re-tourner. Et re-tourner.

« Eh ouais, c'estbête que ce soit moi qui commande hein ?

-Nan mais arrête, jevais tomber !

-T'es pas censée savoirfaire des pirouettes ?

-Pas sous l'emprise desubstances illégales monsieur...

-Ah bah vas-y, dis quec'est de ma faute ! »


On continue à rigoler,à danser, avant de re-rentrer. Les gens sont tous affalés sur lecanapé, en train de parler. Je m'asseois par terre, vu qu'il n'y aplus de place. Forcément, les gens peuvent pas s'empêcher de noustaquiner. « Alors, vous faisiez quoi dehors tous les deux ?

-Vous savez qu'il y a deslits en haut ?

-Ouais, mais c'estbeaucoup trop mainstream, ils préfèrent le dur du sol tu vois !

-A mon avis y'a pas quele sol qui est dur ! »

Ha. Ha. Ha. Le malaise.Alors pour me tirer de là, je ne vois qu'une solution. « Vousvoulez voir ce qu'on faisait ? » Et je prends la main demon partenaire. « Attends, attends, une minute ! »Il sort son portable, et lance Wakeme up before you go go.On recommence à danser. Il me donne les instructions au fur et àmesure, histoire que je sache à peu près quoi faire. Je me laisseplus ou moins porter, je fais comme je peux, cette fois j'ai vraimentl'impression d'avoir quelque chose à prouver. Je ne danse plusseulement pour moi. C'est comme si ma manière de danser allaitvalider ou non mon « excuse ».


Ala fin de la musique, les gens applaudissent, ils nous complimentent.Ils trouvent qu'on danse bien. Pas vraiment, mais bon. J'pense que detoute façon, ils sont pas trop en état de vraiment discerner le« bien danser » du « pas bien danser »... Onse rassoit. Une fille de l'équipe de hand nous demande si on avaitdéjà dansé ensemble avant.

« Nannan, pas du tout...

-Pourtanton dirait, en tout cas vous dansez vraiment bien !

-Mercic'est gentil... » Je sais pas trop quoi dire d'autre. Un blancs'installe. Du coup forcément, Alice relance la discussion. Ilfallait bien que ça arrive. Et devinez quel sujet rallie à la foisla danse et moi ?


« Jedois vraiment être hyper nulle, parce que j'ai essayé la valse avecLu, et elle a rien réussi à m'apprendre hein...

-Ouaismais toi on sait bien que tu cours après toutes les filles hein ! »Ouf. Ils se posent pas trop de question. Ils se focalisent sur elleplus que sur moi. Tant mieux. « Ouais, d'ailleurs Lu, quand y'aune dragueuse comme ça qui t'approche, faut pas te laisser fairesinon tu la retrouves dans ton lit sans même avoir eu le temps decomprendre ce qui se passe !

-Eh,j'ai quand même le droit de me faire plaisir nan ? »Ouais, mais pas avec moi. Laissez moi tranquille avec vos affaires decul.  


« Eh,les gens, ça vous dit un action ou vérité ?

-Ouais,carrément, et si la personne ment ou si elle fait pas ce qui lui estdemandé, c'est un shot ! »

L'idéedéclenche une vague d'approbation. J'approuve aussi. Pas parce quej'en ai vraiment envie, plus parce que j'ai pas envie de dire non,parce que je me sens bien, et que ça a tendance à me faire acceptern'importe quoi. Alors les premiers gens ont le droit à leurspremières actions et leurs premières vérités. J'apprends destrucs sur des gens que je ne connais même pas. Quand vient le tourd'Hugo, forcément, on lui demande s'il a réussi à me baiser. Okmerci et mon avis dans tout ça ? Pourquoi les gens ont tant demal à nous croire. Il répond que non, forcément, et que de toutemanière il en avait pas envie. Ça tombe bien, moi non plus. Mais ila quand même le droit à un shot. Après lui, c'est à mon tour. Pasenvie qu'on me pose des questions sur ma vie sexuelle. Pas envie queles gens sachent que je suis vierge. Pas envie qu'ils trouvent que jesuis une coincée du cul. Je demande une action. Je dois embrasserune fille, celle que je veux. Merde.

Lu'Where stories live. Discover now