Chapitre 11

1 0 0
                                    



Çay est, le jour tant attendu (c'est à dire attendu depuis unejournée) est arrivé. Je panique, je pense à trois mille trucs enmême temps. Il faut que je me coiffe, je prends ma brosse, non,avant il faut que je mette mon collier, je pose la brosse, je prendsle collier, mince, ma jupe est froissée, je pose le collier...MERDE ! Une idée me frappe violemment. Je n'ai pas de cadeaupour Alice. Je suis un boulet. Je n'y ai même pas pensé, etaujourd'hui on est dimanche. Même pas moyen de passer en vitesse en« ville » pour acheter une babiole... Il va falloir queje me pointe chez elle les mains vides. Non seulement elle va metrouver nulle, mais en plus je vais me ridiculiser devant tout lemonde...


Ledoute m'envahit. J'ai envie d'annuler. De dire que je suis malade.J'ai peur de décevoir Alice si je fais ça. J'avais promis de luidonner ce qu'elle voulait. Et puis, Abi m'en voudrait aussi, elle quime pousse tout le temps à dépasser ma timidité maladive. J'hésiteà leur envoyer un message, après tout j'ai déjà tout gâchévendredi, j'ai pas envie d'empirer les choses. Je pense que je vais yaller quand même, parce que je n'aime pas mentir. J'ai peur d'êtredécouverte, et j'ai peur qu'Alice interprète mal mon absence.Qu'elle croie que je n'avais pas envie de venir. Qu'elle croie quej'ai peur de coucher avec elle. Bon, là ce serait en partie vrai, onne va pas se mentir, mais ce n'est pas pour ça que j'ai peur d'yaller.


Jefinis de me préparer tant bien que mal. J'ai envie de pleurer. Abim'attend devant chez moi. Elle devait passer me chercher pour aller àla fameuse fête, c'est désormais chose faite. Je ne peux plus medéfiler maintenant. On arrive assez vite devant chez elle. C'est unpeu dans la campagne de la campagne, c'est pour ça qu'on y estallées en voiture. Au moins, il n'y a pas à se soucier desvoisins : il n'y en a pas. La maison a l'air grande, et vieille.Je sonne. Le petit « dring dring » retentit. Je stresse.Comment je vais pouvoir lui avouer que je n'ai rien pour elle ?Je n'ai même pas osé le confier à Abi, alors comment le dire àAlice ? Elle m'impressionne encore plus que ma meilleure amie.


Alicefinit par ouvrir. Je manque de tomber à la renverse. Sa petite robeverte lui va tellement bien, ça fait ressortir ses yeux, verts euxaussi. Ils me font toujours autant d'effet. Elle est pieds nus. Ellene veut pas s'encombrer de chaussures j'imagine. Ses cheveux rouxsont un peu ébouriffés, quelqu'un a dû les décoiffer un peu.J'espère tellement que c'était un geste amical d'un des convives...Je ne suis pas jalouse, mais si je dois être « une de plus »j'aimerais ne pas être le second choix de la soirée.


C'estAbi qui me tire de mes pensées. Alice nous avait proposé d'entreret moi je restais là, plantée dans l'entrée, quelle imbécile...Elle doit être trop gênée, vu comment je la dévorais des yeux.Heureusement qu'elle ne peut pas lire dans les pensées. Du coup jen'ose pas lui dire que je n'ai pas de cadeau pour elle, le malaiseest déjà suffisamment grand.


 Jepasse le pas de la porte. Sa maison est en effet grande. Le parquetn'a pas l'air tout récent, mais ça lui donne un certain charme. Lesmurs sont blancs, neutres. Il y a un canapé en cuir, contre un mur.Je pense qu'il devait séparer le salon et la salle à manger maisqu'il a été poussé pour faire plus de place, vu qu'il n'est pasface à la télé. Il y a une table, rectangle, avec de quoi manger.Je ne sais pas combien on va être mais il y en a pour un régiment.Il y a des boissons aussi, mais pas d'alcool. Ça me va. J'aitellement tout foiré après avoir bu, il vaut mieux que je tente machance sobre cette fois.  


Aliceme tire de mes pensées, et de ma contemplation. « Vous voulezposer vos vestes peut-être ? Venez, c'est en haut !». Jela suis. La première chose qui me frappe dans sa chambre, c'est lefait qu'il y ait la photo qu'Abi avait prise lors d'une victoire del'équipe de hand accrochée sur un tableau en liège. Elle se tenaitau centre, avec Alice à droite et moi à gauche. Je ne sais paspourquoi elle tenait à immortaliser ce moment avec moi, vu que je nefais pas partie de l'équipe, mais elle l'a fait en tout cas. Jen'osais pas m'approcher, mais Alice a dû remarquer que je la fixais.« J'avoue que je l'ai mise un peu pour l'occasion, mais j'aimebien cette photo quand même ! ». Ah. J'ai l'impression deme prendre un coup de poing dans le ventre. Je pose mon manteau surson lit, avec celui d'Abi, et redescends pour m'asseoir sur lecanapé, suivie de mes deux accolytes. Un blanc s'installe. Je nesais pas quoi dire. J'ai envie de partir. C'était une erreur devenir, mais maintenant c'est trop tard.

Lu'Where stories live. Discover now