Chapitre 9

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J'ail'impression de redescendre d'un coup sur Terre. Elle est plus là,les autres se foutent de moi, et j'ai toujours mal au crâne. Çam'énerve de pas savoir ce que j'ai dit et fait hier. Ça a pas dûla faire trop fuir sinon elle m'aurait laissée seule, mais quandmême... Je vais voir Hugo. En fait, j'ai surtout envie d'éviterAbi'. J'ai trop honte de moi, de cet échec lamentable. J'ai pasenvie de lui raconter à quel point Alice s'en fout de moi, j'aijuste envie de prendre mon petit dej' et de rentrer chez moi, et deme rouler en boule dans mon lit.


« Alors,t'as fini dans les bras de la prédatrice ?

-S'ilte plaît, on peut parler d'autre chose ?

-Oulah,ça s'est mal passé ? Mais je croyais que vous aviez passé lanuit ensemble ?

-S'ilte plaît...

-Nanmais vraiment, raconte-moi !

-Bahelle voulait juste mon cul mais j'ai refusé mais j'ai quand mêmeadoré l'embrasser et en vrai elle s'en fout total de moi, et ça mefait chier, ça te va ? » J'ai encore été agressive.J'ai encore envie de pleurer. J'en ai marre d'être moi.


Abi'débarque. Voilà, forcément, je râle, elle rapplique. Tout ce queje voulais éviter. « Allez, viens, on va préparer le petitdej' toutes les deux ok ? » J'accepte. Avec un peu dechance si je la fais pas trop chier elle me laissera tranquille. Etpuis, le plus vite le petit dej' sera pris, le plus vite je pourrairentrer chez moi. « Eh, il s'est passé quoi ? Je pensaisque ça s'était bien passé avec elle ? Elle avait l'air debien t'apprécier nan ? Et puis, tu l'as embrassée putain, jepensais même pas que t'allais y arriver ! Franchement t'as prissur toi, c'est cool !

-Ouais,sauf qu'elle en a rien à battre de moi...

-Enmême temps tu venais pour lui parler à la base, vous vousconnaissez à peine, tu t'attendais pas à ce qu'elle tombe amoureusede toi en une soirée comme dans une mauvaise comédie romantique ?Si ça se trouve, vous allez vous revoir et ça ira mieux le momentvenu !

-Ouaisbah rêve pas, y'a aucune chance qu'elle veuille me revoir...

-Detoute façon toutes les filles lui sont passées dessus, tu vas bienfinir y avoir le droit toi aussi !

-Benen fait... J'ai refusé.

-Mais...Quoi ? Tu te fous de moi ? T'en avais enfin l'occasion !Pourquoi t'as fait ça ?

-Jesais pas... J'avais juste pas envie d'être juste une de plus...

-Detoute manière si tu sors avec elle, tu seras forcément une de plus.

-Ouais,je sais, et je sais qu'elle me gardera pas longtemps, mais je saispas... J'ai envie qu'elle me porte de l'attention en fait. C'estsuper égoïste, je sais, mais j'ai juste envie qu'elle me regarde,qu'elle m'aime.

-Ouaisbah abandonne, je t'avais prévenue que c'était une traînée, y'aque le cul qui l'intéresse.

-Ellea le droit de vouloir s'amuser aussi...

-Luicherche pas des excuses. J'aime pas quand elle fait ça, et j'aimeencore moins quand elle te fait ça.

-Bon,je vais amener le petit dej'. »


Jepars avec la brioche en direction du salon. Il faut absolument que jecoupe cette conversation, sinon je vais exploser. Je pose mon trophéesur la table. Je repars en direction de la cuisine, récupèrequelques verres, les ramène, et continue les allers-retours le plusvite possible pour éviter toute conversation. Je veux voir personne.Je veux juste partir d'ici. Je finis par m'asseoir à table avec lesautres, mais j'ai pas envie de manger. Je trifouille un peu unetranche de pain, mais j'arriverai pas à l'avaler. Je regarde monportable et prétexte un message de ma mère pour m'en aller. C'estpas du tout son genre, en vrai, à tous les coups elle remarqueraitmême pas que je suis pas là.


Jerécupère mon manteau dans la penderie, mes chaussures dans un coindu salon, mes affaires, et me barre d'ici. Comme Alice et moi on adormi habillées, j'ai même pas à me changer, et tant mieux. Jereferme la porte derrière moi, et commence à marcher. Il commence àpleuvoir. Merde. Mon parapluie est au fond de mon sac. La flemme dele sortir. J'accélère.


Lapluie s'intensifie, j'arrive chez moi trempée. Je dois avoir unetête pas possible, même si maintenant je suis un peu moins malade.Y'a pas à dire, le doliprane est mon ami. Mes clés sont dans mapoche. Je les récupère, et fais tomber un papier en même temps. Detoute façon, c'est pas étonnant, vu le bordel qu'il y a àl'intérieur. Mouchoirs, papiers de bonbons... C'est pire qu'undépotoir. Je le récupère, j'aime pas laisser mes déchets parterre. Je le jetterai tout à l'heure.


 Jetourne la clé dans la serrure, ouvre la porte, et me précipite àl'intérieur. Je vais jusqu'à la poubelle et en profite pour vidermes poches. Mouchoir, mouchoir, coquillage, écouteurs... Je fais ungrand tri. Première poche, ok ! On passe à la deuxième. Lapremière chose que j'en ressors est un morceau de papier cartonné.Il y a un numéro de téléphone dessus. J'ai pas souvenir d'avoiraccepté un numéro de téléphone, quelqu'un a dû le poser là hiersoir, peut être en montant se coucher. J'espère que c'est pas lemec des pizzas. Si ça se trouve, c'est Hugo, il veut peut êtrequ'on re-danse ensemble un de ces quatre. En vrai, ça me tenteraitbien, je me suis bien amusée avec lui, et il a l'air vraiment sympa.Je vais envoyer un message à Abi' pour savoir si elle connaît lenuméro.


Saréponse ne se fait pas attendre. « PTN c'est celui d'Alice !Félicitations meuf ! » Je sais pas comment décrire monétat. C'est comme si je passais du choc à l'exhalation ausoulagement, tout ça en même temps. J'ai envie de sauter partout.J'y crois pas. Elle est partie en vitesse pourtant, et puis, commentelle a pu glisser ça dans ma poche sans que personne ne s'en rendecompte ? Wait. C'est pas une mauvaise blague d'Abi j'espère. Sielle ose me faire ça... Nan, elle oserait pas quand même... Si ?« C'est une blague ? » « Nan, bien joué ! »Ouah... J'y crois pas...


Jelui envoie un timide « Hey, c'est Lu... ». Elle me répondpas. Elle doit être occupée. Je finis de vider mes poches, et vaisranger mon manteau. Il est onze heures. Mes parents doivent êtrepartis je ne sais où encore, mais ils ne sont pas là. Je monte medoucher, et en profite pour me regarder dans le miroir. J'ai lescheveux en bordel, et mon maquillage noir qui a un peu coulé. Unsein plus gros que l'autre, un peu trop de gras au niveau du bide, etdes cicatrices plein les jambes. Je me demande si elle auraittoujours envie de moi si elle me voyait sous cet angle. En plus, j'aiplein de petits boutons d'acné sur le dos. Pas vraiment sexy. Jevois pas ce qu'elle pourrait me trouver. Finalement c'est pas plusmal que j'aie refusé de coucher avec elle. Je suis moins repoussanteavec mes vêtements.


 Finalementje décide de me faire couler un bain. J'ai besoin de me détendre,et de réfléchir à ce qui s'est passé. Et j'ai la flemme de resterdebout aussi. L'eau est bouillante. J'aime bien quand ça me brûlela peau. Ça fume, c'est cool, j'ai l'impression d'être dans unhammam. Je coupe ma respiration et plonge la tête sous l'eau. Jesuis obligée de sortir mes genoux de l'eau du coup, et la sensationde froid est pas la plus agréable, mais la baignoire est trop petitepour m'immerger totalement. Je reste comme ça, je bouge plus, je mesens apaisée. D'un coup, toute la fatigue, toute la flemme du mondem'envahit. Je veux plus bouger.  

Lu'Where stories live. Discover now