Chapitre 12

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Alorsque j'étais en pleine contemplation du plafond, quelqu'un ouvre laporte. Je me retourne. C'est Abi. « Tu viens ? On vaouvrir les cadeaux.

-J'aipas envie, et j'ai pas de cadeau...

-C'estpas grave, on va dire que le mien est un cadeau commun ! Allez,fais pas ta mauvaise tête, tu te tortures là ! Et puis, c'estAlice qui m'envoie, dit-elle malicieusement.

-Jem'en fous j'ai pas envie de la voir. » J'avoue que mon cœurs'est quand même emballé lorsque j'ai entendu son nom. « Arrêtede mentir, tu es complètement amoureuse d'elle, et tu le sais bien.Tu ne lui en voudras jamais bien longtemps. Et puis de toute façonje ne te laisse pas le choix, tu viens et puis c'est tout. » Àce moment là, elle me soulève pour me porter jusqu'en bas. J'aibeau me débattre, elle a beaucoup plus de force que moi.


Quandelle me pose par terre, tout le monde est autour de la table et meregarde. Super. Voilà pourquoi je ne voulais pas redescendre. Alicevient me voir. « Ça va mieux ? ». Abi a raison, jene peux pas lui en vouloir bien longtemps. Dès que je la vois, jefonds. Je hoche la tête. Elle reprend la parole : « Allezviens, on va ouvrir les cadeaux ! », et m'amène autour dela table en me tenant par la main. Je n'ai pas la force de laretirer. Je la suis et vais m'asseoir. Quand je pense qu'onm'attendait alors que je n'ai rien à offrir...


Tourà tour, les gens donnent leurs paquets. CDs, livres, DVDss'enchaînent. Le cadeau d'Abi c'est une trousse de toilette avecplein de petites perles de bains et de savons effervescents. Elle n'apas oublié de préciser que j'étais impliquée, je suis soulagée.Lorsqu'Alice s'est levée pour faire la bise afin de remercier toutle monde, elle m'arrête. « Avoue, là je te fais une bisegratuitement. » Elle n'est pas aggressive ni rien, aucontraire, elle a plutôt l'air malicieux, maisje rougis quand même.« Désolée, j'ai complètement oublié...

-C'estpas grave tu sais, on va dire que mon cadeau c'est ça ». Avantque je n'aie le temps de dire ouf, ses lèvres se sont retrouvéescollées aux miennes. Je retire tout ce que j'ai dit précédemment.Je l'aime, mais qu'est-ce que je l'aime! J'en ai des papillons dansle ventre. Elle me caresse la joue. Je fonds. Je ne peux pas m'enempêcher, c'est plus fort que moi, je passe ma main dans son cou etlui rends son baiser. J'ai chaud mais je me sens bien. Elle sedécolle de moi le temps de me faire un petit bisou sur la joue. Jefrissonne avant de lui rappeler « Tu sais, ça veut toujourspas dire que je suis ok pour coucher avec toi...

-Oui,c'est ce que j'avais cru comprendre, mais j'ai bien aimé t'embrasserquand même. Il faudra remettre ça ! »


Remettreça ? Oh mon dieu je suis tellement aux anges, j'aimeraisaccéder à sa demande tout de suite si je pouvais. Si j'osais. Çame rend tellement heureuse de me dire qu'il reste une chance... Jem'en veux d'avoir déchiré la photo, Maintenant je voudrais lareconstituer et l'encadrer pour la poser sur son bureau. J'ai peur desa réaction quand elle va voir ce que j'ai fait. J'espère qu'ellene va pas trop m'en vouloir.


Alices'éloigne pour aller danser, alors je m'approche de ma meilleureamie. J'ai bien besoin de lui parler, maintenant que la magie sedissipe. Elle n'aura été que de courte durée. Je pensais parler lapremière, mais c'est Abi qui y va en premier. « Alors ?J'ai bien fait de te ramener non ?

-Dis...Quand tu m'as fait descendre, tu savais que ça allait se passercomme ça ? C'était prévu ?

-Bendisons que oui et non. Elle m'a confié que vendredi, ça lui avaitbeaucoup plu, de t'embrasser, et qu'elle était déçue que tu aiesrejeté son câlin, alors je lui ai avoué que tu n'avais pas decadeau pour elle, avec une idée derrière la tête. Alors remerciemoi un peu ! dit-elle toute fière

-Doncc'était pas spontané ? »


Revoilàles montagnes russes. Abi a du voir ma tête déconfite, car elle atout de suite essayé de me remonter le moral. « Mais tu sais,elle a dit qu'elle voulait remettre ça, c'est positif !

-Elleaime jouer avec les gens hein ? Ça lui plaît de me voirsouffrir, de me voir me languir pour elle, de m'utiliser comme sonpetit jouet ? Ça lui plaît d'essayer de m'amener dans sonlit ? Ça lui plaît de me voir résister à ses avances, pourelle c'est comme un jeu ! Je lui donne du challenge. Au fondelle calcule tout. Comment m'embrasser pendant le « action ouvérité », comment essayer de me prendre dans ses bras quandje pleure, comment me dire que je vais de nouveau me faire avoir parses charmes... Tout ce qu'elle aime, c'est collectionner lesconquêtes. Je veux dire, ça ne me dérange pas qu'elle couche avecplein de gens comme ça, c'est super, ça lui fait du bien, et moi jesuis contente qu'elle trouve quelque chose qui lui plaise, mais tantque c'est avec des plans cul, avec des coups d'un soir, pas avecmoi... Je veux pas être une parmi les autres.

-Ouitoi tu veux être la bonne, celle qui va la détourner de cette voiede débauche et de dépravation, celle qui va compter pour elle, songrand amour ! ironise Abi

-Arrête,rigole pas comme ça, c'est pas drôle... En fait je veux justequ'elle m'aime. Je me fiche de ce qu'elle fait à côté. De toutefaçon, le sexe, ça m'a jamais intéressée.

-Ducoup si tu veux la laisser vivre sa vie et si tu ne veux pas coucheravec elle, c'est quoi le problème dans la situation actuelle ?

-Leproblème c'est qu'elle ne m'aime pas.

-Etalors ? Elle veut t'embrasser quand même, elle t'invite à sessoirées, je suis sûre que tu seras un minimum spéciale pour elle.Au pire tu n'as qu'à l'inviter quelque part, comme ça tu feras destrucs de couple avec elle, genre, y'a pas un bon film qui va passerau cinéma ? Ou alors il y a des parcs de loisirs pas loin!Attends... ALIIIIIICE ! Viens voir ! »


Jela déteste. À cause d'elle je vais devoir choisir une activitéalors que je ne sais même pas où elle aimerait aller, ou ce qu'elleaimerait faire. Je sais vaguement quelques trucs, grâce aux momentsoù je la stalkais un peu (ce qui consistait juste en deux choses :m'approcher d'elle dès que possible, dans le car par exemple puis àmettre mes écouteurs pour faire croire que j'écoute de la musique,mais en réalité écouter ce qu'elle dit à ses amis). La plupart dutemps ils parlent de films ou de séries. Du coup ça ne m'en dit pasvraiment plus sur elle, à part que son film préféré est suicideroom. Elle doit être unpeu dépressive pour regarder ce genre de trucs. J'ai essayé quandj'ai su qu'elle aimait. Je n'ai pas accroché du tout. Je nem'identifie pas trop aux personnages. Je suis loin d'avoir envie dem'ouvrir les veines sur du mozart, j'ai des amies, une enparticulier, et surtout, la fille que j'aime s'en fiche de moi. Dansle film ils ont le mérite d'avoir trouvé quelqu'un qui les aime,même si ça ne les a pas sauvés. Mais bref, tout ça pour dire quedes parcs à thème sur le suicide, il ne doit pas y en avoirbeaucoup.


Forcément,Alice arrive. C'est encore Abi qui va forcer les choses. « Jecrois que Lu voudrait t'inviter quelque part... ». Elle me faitun clin d'oeil. Je commence à paniquer. C'est où que je suis censéel'inviter moi ? Je n'ai aucune idée de ce qu'on pourrait faire.« Alors ? Tu veux l'emmener où ?

-Benje sais pas, je ne sais même pas ce que tu aimes, ce que tu as enviede faire, tout ça tout ça... Je crois qu'Abi a parlé trop tôt...

-Jecrois qu'elle tient vraiment à nous caser ensemble oui ! »

Ellerigole. Moi pas. Je me sens vraiment honteuse. Encore une fois j'aicru à mes rêves.

« Eh,fais pas cette tête...

-Vat-en ou je vais encore m'énerver.

-Maisj'ai pas envie de te laisser dans cet état, et puis, tu avais ditque tu voulais qu'on aille quelque part...

-J'aidit va t-en. » Cette fois je suis vraiment agressive.

Lu'Where stories live. Discover now