Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le Choix

XX

Un oiseau vint tranquillement se poser sur une branche verdoyante, piaillant gaiement sous les rayons chauffant du soleil, ignorant tout de la mauvaise humeur plus qu'explicite d'un membre du petit groupe qui marchait en contre bas. En effet, Natacha affichait une mine boudeuse, ayant été forcée de venir avec sa capricieuse petite sœur et Guillaume pour se promener dans les ruines du parc de Cheralye. Elle aurait bien rembarré Zinaïda pour avoir enfin la paix et réfléchir à un moyen rapide et efficace pour rentrer au Moyen-Âge, mais c'était sans compter sur les yeux assassins de Guillaume qui l'avaient assaillie dès qu'elle eut insisté pour rester seule. Et pire que tout, ce dernier avait refusé de la laisser sortir en short, jugeant sa tenue trop "provocante" pour qu'elle se balade ainsi dans les rues. La jeune femme avait bien trop chaud dans son jean, sous 25 degrés. Sa seule satisfaction avait d'avoir vu les réactions de Guillaume une fois dans la rue... En effet, sa première rencontre avec les voitures avait eu quelque chose de particulièrement risible. "Les coques de métal grondantes comme l'enfer" avaient eu le mérite de faire perdre ses moyens au jeune homme qui avait finalement essayé de les charger avant que Natacha n'intervienne pour éviter la catastrophe.

A présent, voilà qu'elle se retrouvait à accompagner les deux démons tout droit sortis des enfers, alors qu'elle aurait mille fois préféré avancer dans ses recherches, ou mieux, venir avec Charlie à l'hôpital pour aller voir Tristan. Délibérément, elle marchait en retrait pour éviter les deux présences qui avançaient devant elle.

" Vous avez mal aux jambes, peut-être ? Demanda son plus gros soucis en jetant un coup d'œil par dessus son épaule.

- Non, laissez moi tranquille." Grommela-t-elle, rancunière.

Haussant un sourcil, le jeune homme se surprit à apprécier le rejet plutôt brutal de la demoiselle. Voilà qu'il retrouvait la démone du premier jour, prête à mordre tout ceux qui osaient s'approcher d'un peu trop près. Soit, peut-être avait-il été un peu dur concernant les vêtements de la demoiselle, mais il n'aurait pu se résoudre à la laisser gambader jambes nues et épaules dévoilées. Pourtant, au cour de leur promenade, il avait eu plusieurs fois l'occasion de constater que toutes les jeunes femmes portaient ce genre d'atours, parfois même plus courts que celui de la jolie blonde.

" La mode de votre époque est assez...spéciale. Ne put-il s'empêcher de faire remarquer.

- Oui, et moi j'ai respecté votre mode à vous quand je suis venue, alors je vous aurai été reconnaissante de m'avoir laisser libre de choisir mes propres vêtements dans mon époque à moi ! " Grogna-t-elle, furieuse de s'être laissée faire.

Le débat en resta là, car un individu que Natacha ne connaissait que trop bien s'approcha du groupe. Alban avançait dans leur direction, un sourire scotché aux lèvres malgré son air crispé. La jeune femme sentit Guillaume se tendre à ses côtés, alors qu'elle allait poliment à sa rencontre.

" Alban ! Quelle surprise ! S'exclama Natacha rapidement, afin de cacher son exaspération.

En effet, elle aurait préféré garder le jeune homme blond loin de ses tracas, ne sachant pas si elle devait le considérer comme un ennemi ou un allié. Mais il n'était visiblement pas décidé à la lâcher, et elle avait parfois la vague impression qu'il la surveillait à toute heure du jour...

En y réfléchissant, la demoiselle vit tout de même, dans cette rencontre inopportune, une occasion d'éclaircir les intentions du blondinet qui semblait en cacher un tantinet trop à son goût. S'il se révélait être un allié, et qui plus est un don, ses connaissances, certainement plus avancées que celles au Moyen-Âge, pourraient s'avérer extrêmement utiles dans leur enquête sur le fameux collier. Dans le cas contraire, et malgré son attitude chevaleresque, elle n'hésiterait à se débarrasser de la menace qu'il pourrait potentiellement représenter en étant un péché capital... Elle ne pouvait omettre la dangerosité des péchés, qui semaient les vices et les destructions partout où ils allaient. La mort de Nathanaël avait été suffisante pour que la jeune femme demeure incessamment sur ses gardes, prête à parer la moindre attaque, consciente de la nature pernicieuse et dénuée de compassion de ses adversaires.