XXXIV

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Le soleil brillait d'un éclat ardent, insouciant de la catastrophe qui s'était produite en secret de ses rayons lumineux, durant la nuit. Il faisait miroiter sa lumière sur la scène morbide qu'il trouva dans la pièce où le carnage avait eu lieu. Les mille et uns morceaux de verre se firent chatouiller par les rayons de l'astre diurne, et vinrent refléter cette lumière dans toute la salle. Éblouis par ces centaines de débris éparpillés sur le sol, Guillaume se cacha les yeux. Il s'était allongé quelques heures, histoire de reprendre son souffle et son énergie afin de faire un point sur leur situation, espérant que Natacha se porterait mieux une fois qu'elle aurait encaissé le coup. La demoiselle n'avait pas ouvert la bouche depuis que le chef des Dons actuel, sa famille et Alban étaient partis aux urgences. Le jeune homme craignait bien que la scène eut réveillé en elle le même traumatisme et bouleversement qu'elle avait éprouvé à la mort de Nathanaël.

Elle était assise, à l'autre bout du canapé, le regard plongé dans le vide et les membres crispés, sans avoir pu trouver un sommeil quelque peu réparateur. Suite à l'attaque et au départ d'une partie du groupe, la douleur de ses blessures s'était subitement réveillée une fois que l'adrénaline puissante qui l'avait traversée un peu plus tôt eut quitté son corps, la rendant en proie à une torture physique mais aussi psychique. L'un des dons s'était chargé de soigner en grande partie des blessures à l'aide de plusieurs incantations inconnues mais il paraissait que la torture psychologique était encore bien présente. Guillaume s'était par ailleurs demandé pourquoi le guérisseur du groupe n'avait pas pris la blessure d'Alban en charge, mais il semblait que la plaie ait été causée par un artefact maléfique contre lequel le pouvoir du don était inefficace. Après avoir pleurer silencieusement durant de longues minutes, Natacha avait passé toutes les dernières heures de cette catastrophique nuit à essayer de s'endormir sans y parvenir car à peine fermait-elle les yeux, que d'atroces images jaillissaient dans le fond de son âme en peine.
Le regard ainsi vide, elle semblait dans un autre monde, où la culpabilité était probablement la reine du tumulte de ses tourments. Son fiancé finit par se lever, après avoir longuement étirer ses muscles. Autour d'eux, les trois dons restés en leur compagnie s'afféraient à rendre la pièce un peu plus propre, essuyant toute les traces de sang des murs et du parquet. Avant cela, Guillaume et Natacha avaient été contraint par leurs semblables à se doucher diligemment et à changer de tenues. Les autres Dons avaient insisté pour qu'ils fussent propres, au cas où les forces de l'ordre débarquaient subitement.

En effet, l'un des Dons avait appelé la police, afin de porter plainte pour une attaque mais avait choisi de les appeler qu'au matin venu afin de préparer quelque peu les lieux. Si le carnage devait rester visible pour que les soldats de l'ordre puisse prendre quelques clichés importants pour leur enquête, les Dons avaient choisis d'effacer les jets de sang et autre indices macabres afin de ne pas aggraver l'affaire plus que nécessaire. A la place, ils avaient crée de faux indices, qui tromperaient à coup sûr l'ensemble des policiers, en les menant vers une piste erronée, mais bien plus réaliste. Guillaume resta assis sur le canapé où il s'était allongé, observant passivement leur allié faire ce travail, et se demandant un instant pourquoi la vie à cette époque était si compliquée, malgré l'aisance de la population.

Laissant là ces interrogations philosophiques, il finit par se relever, et commença à aider ses trois compères dans leur tâche.

" La police ne devrait pas tarder à arriver, annonça une femme d'une bonne trentaine d'année, la chevelure aussi blonde que Guillaume était brun, avant de poursuivre en fixant Natacha. Vous devriez vous balader un peu, elle est encore en état de choc et ça lui ferait du bien je pense..."

Guillaume hocha la tête, et se dirigea vers sa fiancée. Il s'agenouilla face à elle avant de tenter de plonger son regard dans le sien. Mais les jolies iris noisettes de sa compagne restaient bloquées dans le vague. Il caressa sa joue afin de provoquer une réaction chez elle, mais là encore, elle ne semblait ni le sentir, ni le voir. Le jeune homme soupira. Il n'avait pas envie de la brusquer, mais il s'accordait avec la femme blonde : elle avait besoin de prendre l'air. Soucieux de son état, il entrelaça ses doigts au sien et la tira vers lui, dans l'espoir qu'elle se réveille enfin de sa léthargie post-traumatique.

Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le ChoixWhere stories live. Discover now