CHAPITRE 3

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POINT DE VUE DE MATTHIEU:

Matthieu aimait les matins. Non, il les adorait. Les matinées maussades où la pluie cognait sur les vitres, où le vent balançait les arbres et où il avait un milliard de choses à faire. Devant sa fenêtre, habillé d'un vieux tee-shirt et d'un short à carreaux, il souriait devant le déluge et son emploi du temps qui s'affichait sur son écran. Il soupira quand il se rendit compte qu'il est en retard de deux minutes sur son planning de la matinée.

Il descendit en direction de la cuisine, mit la machine à café en route et alluma la télévision comme simple bruit de fond. Tout en buvant sa première tasse, téléphone à la main, Matthieu marcha tranquillement à travers son salon avant de s'assoir nonchalamment dans son confortable canapé — meuble que son entreprise avait entièrement crée, une de ses premières collections, se rappela-t-il avec fierté. Comme toujours, cette journée était chargée. Réunions, rendez-vous avec clients, revues des projets en cours, déjeuner avec sa famille et un verre avec son meilleur ami. L'emploi du temps typique du PDG de l'entreprise familiale — travail et poste dans lesquels il excellait. Quand son père avait décidé de prendre sa retraite, provoquant la surprise générale, Matthieu était devenu un directeur d'une affaire bancale, au bord d'un véritable précipice. Il l'avait sauvé et au fil des mois, s'était aussi rendu compte qu'il était doué en la matière. Le simple graphique que son associé avait envoyé par email — à trois heures du matin, n'était qu'une énième preuve de leur succès.

Oui, il adorait les matins.

Comme à son habitude, il fut prêt à 9 heures pétantes dans son salon après avoir accompli sa routine matinale qu'il maîtrisait à la perfection. Sacoche dans une main, gobelet de café dans une autre, il sortit maladroitement de son appartement et se dirigea vers sa voiture, garée au parking de l'immeuble. Dès qu'il s'engagea sur une des avenues, il se rendit compte que s'il appréciait les débuts de journées, il vouait une profonde haine aux embouteillages parisiens. Et à ces foutus conducteurs qui ne savent pas conduire, cria-t-il après qu'un motard faillit rayer sa sublime Mercedes  après une queue de poisson. 

En dépit des bouchons et des idiots en moto, il arriva au bureau, sain et sauf, sans aucune minute de retard au compteur ou éraflure sur le par-choc de sa voiture.

Sa secrétaire, Aimie, habillée dans sa robe tailleur, fit magiquement son apparition dès qu'il poussa la porte du bâtiment. Le sourire de Matthieu se fit plus grand quand il remarqua un paquet de viennoiseries dans la main.

— Comment va ma secrétaire préférée ?

— Très bien et vous ?

— J'ai dormi comme un bébé. J'ai le droit à un pain au chocolat avant la réunion ? Je meurs de faim, vous ne voudriez pas que je décède à vos pieds, l'interrogea-t-il la gratifiant de son plus grand sourire.

— N'essayez pas de m'amadouer avec votre petite bouille. Je suis complètement anesthésiée.

Il eut envie de tirer la langue, tel un véritable gamin mais la vue de quelques uns de ses employés l'en empêcha.  Le sourire satisfait d'Amie le fit pouffer de rire.

— Nous avons une journée remplie. J'espère que vous êtes prête.

— Ne me vexez pas, lui répondit-elle du tac au tac tout en montant dans l'ascenseur.

— Jamais de la vie.

— Deux rendez-vous ce matin en plus de la réunion avec toute l'équipe.

— Ce programme mérite plusieurs pains au chocolat.

— Je vous ai pris un croissant en plus.

— C'est pour ça que je suis amoureux de vous, avoua-t-il avant de tirer la porte vitrée.

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