CHAPITRE 7

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POINT DE VUE DE MATTHIEU:

— Oh mais ce n'est pas possible, cria-t-il de frustration.

Les poings sur les hanches, debout devant son bureau, il constatait le désastre causé par sa tasse de café. Son ordinateur faisait un bruit de moteur étrange et l'écran noir ne lui présageait rien de bon. Enervé contre lui-même, il soupira en tentant maladroitement d'éponger le liquide noir de son clavier. Qui lui avait jeté un mauvais sort ? râla-t-il. Les catastrophes semblaient s'enchaîner sans qu'il comprenne ce qu'il avait fait à l'univers. Son costume était revenu du pressing complètement rétréci. Son coiffeur avait utilisé une tondeuse trop puissante et avait failli le raser complètement. Il s'était brûlé la main, ce matin même, avec l'eau bouillante de la cafetière. Ses nuits étaient courtes et remplies de pensées accaparantes qui ne lui laissaient aucun répit. Il avait la conviction que le monde entier lui en voulait.

Voyant que son ordinateur ne voulait pas se rallumer et que le café coulait de par tous les trous, il décida que rester face à ce champ de bataille n'allait en rien l'aider. Et malheureusement pour lui, sa présentation pour le prochain rendez-vous se trouvait sur cet engin qui semblait rendre l'âme sur son bureau. Résigné à défier le destin et ses sales manières, il prit ses quelques affaires et se dirigea vers le bureau de son acolyte.

— Aimie. J'ai besoin d'un nouvel ordinateur.

— Maintenant ? demanda-t-elle sans relever la tête du sien.

— Dans moins de deux heures. Dites au technicien que je suis désolé. Mon café s'est malencontreusement renversé sur mon clavier et je crois que ça l'ait complètement tué.

— D'accord. Je l'appelle tout de suite. Vous sortez ?

— Je vais aller travailler dans la salle de réunion en attendant.

Elle hocha de la tête en guise d'approbation. Matthieu resta planté, adossé à la porte. Aimie continua de taper sur son clavier à une vitesse impressionnante et attrapa le téléphone fixe pour passer un coup de fil. Comme un idiot, il la regarda faire.

— Quelque chose à confier ?

— Je. Non, non. Je réfléchissais.

— Je sais être une oreille attentive.

Oh et puis, mince. Comme un petit garçon, il s'installa à l'un des fauteuils en face de son bureau méticuleusement organisé. Il remarqua avec nostalgie, une photo de sa mère et d'elle encadré qu'elle avait disposé sur l'une des commodes qui habillait son bureau. Le sourire de sa mère lui réchauffa le coeur.

— J'aime cette photo de vous deux.

— Ta maman est rayonnante, n'est-ce pas ? Ton père l'avait pris lors d'un de vos très nombreux barbecues. Je me rappelle de cette journée comme si c'était hier. J'étais toute impressionnée de la rencontrer. Elle avait été un amour.

— Maman tout craché.

— Tu l'étais aussi, dans ta petite salopette à carreaux. Tu t'amusais à grimper aux arbres et à piquer dans les assiettes des autres. Ta mère passait son temps à te courir après. Ta soeur était trop occupée à discuter avec ses copines pour te prêter la moindre attention.

— J'étais un sale gosse à l'époque.

— Je crois que c'est toujours le cas.

— On ne change pas une équipe qui gagne, répondit-il en lui faisant un clin d'oeil.

Elle le lui rendit avec un sourire. Il était étrange de sentir la bienveillance et le réconfort s'émaner de cette femme. Son attitude maternelle et chaleureuse l'avait toujours rassuré. Elle était telle une épaisse couverture d'amour et de douceur.

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