CHAPITRE 10

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POINT DE VUE DE MATTHIEU:

Sa main chaude dans la sienne, Matthieu n'avait jamais marché aussi rapidement à travers une salle d'invités qui ne demandaient qu'à discuter avec lui. Dans leur course effrénée dont il menait la cadence, il saluait simplement certains de la main ou de la tête. Mais la chaleur de la main de Laure dans la sienne le faisait frissonner. Il avait ressenti l'éclair qui l'avait traversé quand leurs deux paumes s'étaient retrouvés.

Quand ils arrivèrent derrière un paravent séparent les autres stands, comme deux adolescents se cachant des regards indiscrets, Matthieu prit son visage entre ses deux mains. Il vit dans son regard qu'elle ne le repousserait pas. Leurs regards semblaient avoir un dialogue qu'eux seuls pouvaient entendre et comprendre. Quand il s'approcha de son visage, sentant son souffle se mélanger à son parfum de vanille, il dut faire appel à toute sa bonne volonté pour ne pas partir à l'assaut de ses lèvres sans ménagement.

Alors avec une lenteur calculée qui lui demandait un sang-froid sans pareil, il prit possession de ses lèvres. L'étincelle qui reprit feu en lui était de nouveau présente. Elle provoqua une explosion qui lui coupa le souffle. Un gémissement de satisfaction dont il ne saurait déterminer la provenance — était-ce lui ou elle ? sortit d'une gorge. Approfondissant ce baiser au goût de poison et de danger, leurs langues se retrouvèrent et Matthieu sentit les mains de Laure remonter le long de son dos pour se perdre dans ses cheveux. Agrippés l'un à l'autre, collés intimement, ils s'embrassèrent à en perdre haleine.

Des rires, près du paravant, se firent entendre et Matthieu remarqua que le corps de Laure se tendit. A contre coeur, il détacha ses lèvres des siennes et recula son visage de quelques centimètres. Ses mains quittèrent elles aussi son visage pour venir se loger au creux de ses reins. Quand il vit un petit sourire malicieux dessiner ses lèvres, son coeur manqua un battement.

Qui es-tu ? se demanda-t-il, surpris. Pourquoi ressentait-il ce feu en sa présence, quand leurs corps se retrouvaient comme s'ils ne s'étaient jamais quitté, comme s'ils étaient déjà rencontrés ? Pourquoi voulait-il la garder près de lui, pourquoi avait-il ce besoin profond en lui ? 

Ces sentiments qui se bousculaient dans son esprit n'avaient aucun sens.

— Et si on trouvait un autre endroit ? chuchota-t-il.

— Autre qu'un coin comme si on était des lycéens, cachés dans les toilettes entre deux cours ?

— Ça te rappelle de bons souvenirs ? répondit-il en remettant une mèche derrière son oreille.

— Peut-être bien. J'utilisais les vestiaires après la séance de sport.

— Intelligent.

— Quel était ton lieu de prédilection ? demanda-t-elle en lisant une partie de sa chemise avec la paume de sa main.

— J'aimais les toilettes et ma chambre. C'était plus pratique.

— Tu n'étais pas polyvalent ? Tu préfères une zone plate horizontale ?

 Il remarqua que ses yeux pétilles de malice et il eut envie de l'embrasser de nouveau.

— Tu es bien curieuse.

— On pourra tester la théorie un jour, répondit-elle en haussant des épaules.

— C'est vrai ?

— Peut-être bien, qui sait ? Je t'aime bien dans un costume, dit-elle en touchant, cette fois, sa cravate.

— Laure, ne t'aventure pas sur un terrain dangereux.

— Où veux-tu m'emmener cette fois ?

— Pas dans un restaurant, tu sembles avoir mangé trop de feuilletés.

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