CHAPITRE 9

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POINT DE VUE DE LAURE:

Assise devant son ordinateur, Laure écrivait l'énième lettre de motivation de la semaine. Habillée d'un short en pyjama et d'un simple débardeur, elle touchait sa souris d'une main et tenait sa tasse de thé glacé dans l'autre, un masque à l'argile sur le visage. Blasée et ennuyée, elle parcourait les offres de la journée avec nonchalance. Quand la sonnerie de son téléphone sonna, elle releva la tête et un rictus étira ses lèvres.

Alors qu'elle s'apprêtait à se jeter sur son téléphone, elle se ravisa et patienta quelques minutes — qui lui parurent une éternité, avant de l'attraper avec indifférence. Elle fut terriblement déçue quand elle vit le message de sa mère lui demandant de passer à l'épicerie du coin pour acheter des bananes.

— Il ne me répondra donc jamais, murmura-t-elle avant de reposer son téléphone à l'autre bout de la table.

Telle une adolescente en attende d'une réponse de son amoureux secret, Laure avait patiemment espéré avoir ce fameux appel de Matthieu...Qui n'était pas arriver. Honteuse d'attendre un signe de vie de sa part, elle avait écrit de nombreux messages avant de tous les effacer. Si Laure se sentait profondément gênée de réagir telle une idiote et une gamine, elle avait été déçue de découvrir que ses belles paroles n'étaient que de belles paroles.

Elle s'assit de nouveau sur son fauteuil, but une gorgée de son thé qu'elle trouva étrangement amer et tenta de se replonger dans sa recherche. Quelques minutes plus tard, alors qu'elle rédigeait une candidature spontanée pour travailler dans la librairie située quelques rues plus bas, son téléphone sonna de nouveau. Persuadée que c'était sa mère, elle ne bougea pas d'un poil. Mais l'incurable espérance que le message vienne de Matthieu la poussa à céder à la curiosité.

Quand elle alluma son écran et vit son nom s'afficher sur l'écran, elle eut envie de sauter au plafond mais se retint et tenta de rester calme et posée. Mais comme la gamine qu'elle était, elle ne put s'empêcher de sourire.

« Désolé de te répondre aussi tard. Je suis libre ce weekend pour un verre. Mais si tu as une tenue appropriée pour un événement huppé et que tu es disponible demain soir, tu peux être ma cavalière. Tentée ? »

En deux trois mouvements, elle rédigea un message qu'elle décida d'effacer de nouveau. Le nombre de points d'exclamation la trahissait. Debout, au milieu de son salon et téléphone à la main, elle se mit à réfléchir à la réponse la plus appropriée. Le oui était évident mais comment lui dire sans se faire passer pour une folle excitée ? se demanda-t-elle, pensive.

« Où est-ce que tu m'emmènes cette fois ? »

Avant même d'avoir relu le message, elle l'envoya. Elle contempla son écran avec patience. Elle devait se comporter comme une adulte responsable de ses émotions. Elle décida que se préparer un déjeuner était une bonne activité d'adulte. Alors elle partit dans la cuisine, découpa quelques rondelles de concombre et essaya de se concentrer sur ce qu'elle était en train de faire pour éviter de se couper un bout de doigt à cause de sa maladresse. Quand elle entendit de nouveau le son de sonnerie, elle continua de mélanger sa vinaigrette. Et quand elle s'installa sur le canapé,  télécommande dans la main, elle évita de penser à sa réponse. Elle mangea son déjeuner avec une lenteur qui ne lui ressemblait pas. Et c'est seulement quand elle termina sa salade, qu'elle se leva pour se diriger vers la table sur lequel avait été déposé son téléphone.

Quelle maîtrise de soi, remarqua-t-elle, amusée.

« Est-ce que tu as entendu parler du Salon de l'entreprenariat ? »

Ses doigts se figèrent. Comment savait-il qu'elle...? La coïncidence la mit mal à l'aise mais elle mit de côté le malaise qu'elle sentait remonter le long de sa gorge pour lui répondre. Qu'allait-elle faire s'il lui proposait réellement de l'accompagner ? se demanda-t-elle.

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