CHAPITRE 4

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POINT DE VUE DE LAURE:

Les bras chargées de sacs, Laure suivait sa mère, se chaufillant entre les piétons des rues bondées de Paris. Elles avaient passé leur après-midi à dévaliser toutes les boutiques dans lesquelles elles étaient rentrées et Laure se demandait avec appréhension quand est-ce que son banquier allait l'appeler pour lui faire la leçon. Paires de chaussures, bijoux, nouvelle robe pour l'été qui approchait, sacs à main et maillots de bain. Comment toutes ces achats allaient-ils rentrer dans sa minuscule armoire ?

— Je ne fais plus jamais de shopping avec toi, murmura Laure.

— Attends le sentiment de bien-être et de joie que tu ressentiras quand tu les mettras pour la première fois et ensuite, on en reparlera.

— Nos cartes bleues vont nous maudire. Mes économies aussi.

— Sûrement. Évite de regarder ton compte en banque durant les prochains jours, la culpabilité s'envolera plus vite.

Résignée, Laure leva les yeux au ciel. Elle pouvait sentir ses bouts de doigt commencés à être coupés de circulation à cause des sacs — la partie du shopping qu'elle détestait, encore plus que le dur retour à la réalité dès que le numéro de la banque s'affichait sur l'écran de son téléphone.

— Tu es sûre d'avoir besoin de porter ce sac...vert pomme ?

— Et toi, avais-tu besoin d'une énième paire de chaussures ? demanda sa mère, du tac au tac.

— J'aurais toujours besoin de chaussures, répondit Laure offusquée. Tu les as bien regardé ?

— Oh oui, tu as passé plus de vingt minutes à les avoir aux pieds, à faire des aller-retours dans le magasin. La vendeuse me lançait des regards déplorants.

— J'ai si hâte de pouvoir déposer ces sacs, je commence à ne plus sentir mon petit doigt.

Pour son plus grand bonheur, sa mère parvint habilement à sortir les clefs de son sac à main et quelques minutes plus tard, les sacs éparpillés dans l'entrée, Laure put passer sa main sous de l'eau froide.

— C'est ce soir que tu vas au bar avec Antoine ?

— Oui.

— Je suppose que tu as un rendez-vous téléphonique avec les filles ? demanda sa mère, adossée sur l'encadrement de la porte.

— Exactement. Et j'ai...deux minutes de retard.

— Cache ta robe, je sens qu'Ava va souhaiter te la piquer !

Laura attrapa ses affaires des deux mains et courut le long du couloir pour atteindre sa chambre, allumer son téléphone et répondre de justesse à l'appel vidéo de ses amies.

— Regardez celle qui décide enfin de nous répondre. Tu as une de ces têtes, tu as fait un marathon ?

— Un marathon shopping. Qu'est-ce que vous faites ?

— Qu'est-ce que tu as acheté ? déclara Chloé, toute excitée. Ne me dis pas que tu as acheté une autre paire de sandales pour cet été ?

— Pourquoi tout le monde semble faire une fixette sur le nombre de paires que je possède ?

— Tu en achètes trop. Tu en fais la collection. Tout comme Ava avec les robes.

— Et toi avec les plantes.

— Exactement.

— Qu'est-ce que tu vas mettre pour ta soirée avec Antoine ?

— Aucune idée. Comment s'habiller pour une rupture ?

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