CHAPITRE 8

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POINT DE VUE DE LAURE:

Les deux dernières 24 heures avaient été un étrange mélange d'excitation et d'angoisse. Tout avait commencé avec ce coup de fil qui l'avait pris de court. Son coeur s'était arrêté de battre un instant quand il avait prononcé son prénom. Démasquée, s'était-elle sentie morte d'honte. Quand elle avait appelé Ava pour lui hurler des atrocités, son amie avait éclaté de rire et avait rapidement raccrochée. Et Laure en était venue à se demander contre qui était-elle énervée. Puis quand le moment de se préparer au cours de cuisine arriva, elle avait tenté d'établir une liste d'excuses valables qu'elle pouvait lui sortir sans avoir l'air coupable ou lâche.

Assise dans le taxi, elle se demanda pourquoi n'avait-elle pas eu l'audace d'en sortir une. Livre à la main dont la lecture ne la détendit pas, elle observa les avenues de Paris défiler sous ses yeux, des milliers de questions sans réponse en tête. 

Quand le taxi s'arrêta devant l'immeuble, l'angoisse apparue durant le trajet sembla lui tordre l'estomac dans tous les sens. Elle sortit de la voiture, avec son sac rempli d'ustensiles sur l'épaule, impressionnée et mal à l'aise. Avec nervosité, elle sonna sur l'interphone La Brièvre et attendit impatiemment qu'il réponde.

— Allô ?

— Je suis là.

— Oh Laure. Je t'ouvre. Dernier étage.

En deux trois pas, elle s'engouffra dans l'immeuble puis dans l'ascenseur et en profita pour remettre sa robe, réajuster son soutien-gorge. Elle se détourna de la glace pour y revenir, vérifia d'un coup d'œil que son mascara n'avait pas coulé et qu'une aucune trace de rouge à lèvres ne se trouvait sur ses dents. 

Dès que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, elle vit Matthieu, adossé à sa porte d'entrée, sublimé par un de ces sourires dont lui avait le secret. Un court moment se passa sans qu'aucun des deux ne bougea. Elle se sentit dangereusement accrochée à son regard. Il la regardait comme une friandise et elle s'en sentit flattée. Elle avait espéré en enfilant cette robe qu'il la dévisage ainsi. Les bras croisés sur son torse, il paraissait si sûr de lui. Dans son élément avec cette instance naturelle de directeur qu'elle lui jalousait.

Le bruit provoqué par la fermeture des ports la sortit de sa stupeur. Paniquée, elle stoppa la fermeture du pied, en équilibre et manqua de s'affaler sur son palier. Honteuse, elle resta dans cette position inconfortable, un rictus aux lèvres qui ressemblait sûrement à une grimace. Quelle impression, se maudit-elle intérieurement.

— Et si tu descendais de cet ascenseur ?

Il s'approcha d'elle et mit sa main sur la porte métallique qui s'ouvrit de nouveau, comme par magie. Son parfum boisé remplit l'ascenseur et vint lui chatouiller les narines. Intimidée et envoutée, elle avança vers son palier avec précaution.

— Bienvenue chez moi, annonça-t-il dans son dos.

L'appartement aux tons beige et crème s'ouvrit à elle. Un rapide coup d'oeil à l'appartement suffit à Laure pour prendre conscience que Matthieu avait un véritable talent pour la décoration d'intérieur. Elle remarqua qu'aucun grain de poussière ne s'était déposé sur les meubles. Pourquoi le contraire l'aurait étonné ? Elle apprécia les courbes du canapé, les couleurs des tableaux modernes et la douceur de la lumière. Subjuguée par l'endroit, elle ne réalisa pas que Matthieu se trouvait à côté d'elle.

— Laure ?

— Oui. Quoi ? lui demanda-t-elle avant de se tourner vers lui, remarquant sa main tendue vers elle.

— Je te débarrasse du sac ? Il a l'air lourd.

— Oh. Le sac. Oui, oui bien sûr. Ce sont tous les gadgets d'Ava, elle les a tous appelé « Reviens en parfait état ».

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