I'm in Love with Satan | EN PAUSE

Boston

   Au bout de deux bonnes heures, Addie, profondément endormie, glisse sur le côté, tombant sur moi. Je ne la réveille pas, lui laissant mon épaule en guise d'oreiller. Bailey, qui ne dormait jusqu'alors que d'un œil, se réveille.

DR. BAILEY. – Oh. Blanc, réveillez-la...
MOI. – Non, c'est bon. Elle ne me gêne pas.
DR. BAILEY. – Votre supérieure directe est avachie contre vous et ça ne vous gêne pas ?
MOI. – Non, ça ne me dérange pas. Laissez-la.
DR. BAILEY, haussant les sourcils. – Très bien...
MOI. – Docteur Bailey, c'est mon amie...

   Addie est réveillée, je le sais. Elle ne bouge pas, mais je le sens. Pour me donner raison, elle pose doucement son bras sur ma cuisse. J'y pose la main et y fais aller et venir mon pouce, la caressant délicatement, mais surtout avec discrétion. Sentant sa peau froide, j'ai alors l'idée d'utiliser mon manteau comme couverture. Je peux désormais poursuivre mes gestes sans craindre que Bailey ne s'en aperçoive. Toujours pas dans mon assiette mais me sentant un peu mieux, je ferme les yeux et pose doucement ma tête en appui sur celle d'Addison, laquelle semble s'être rendormie. Malgré ce contact agréable, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je somnole parfois, mais je demeure la plupart du temps en hypervigilance : je n'aime pas prendre l'avion, et je crains surtout le regard de Bailey même si j'ai désormais l'impression qu'elle dort aussi.
   Aux alentours de 04:00, Addie se redresse. Je bouge rapidement afin de lui laisser sa liberté de mouvements. Ouvrant difficilement les yeux, elle caresse doucement ma cuisse.

ADDISON. – T'as réussi à dormir un peu ?
MOI. – Non, pas vraiment...
ADDISON. – Mince. Tu aurais dû me réveiller : je te gênais.
MOI, m'assurant du sommeil de Bailey. –... Non, non... J'aimais mieux te sentir contre moi.

   Pour toute réponse, elle prend ma main dans la sienne et la serre, me lançant un regard compatissant avant de déposer un discret baiser sur ma tempe. Quelques heures plus tard, nous allons amorcer l'atterrissage. Addie réveille Bailey tandis que je me redresse dans mon siège. Nous commençons à perdre de l'altitude. Respirer. Surtout respirer. Ne pas céder à l'angoisse. Sans rien dire, Addison récupère ma main, et colle même une jambe à la mienne, me sachant mal à l'aise.

BAILEY. – Blanc, ça va ?
MOI. – Oui, docteur Bailey.
BAILEY. – Addison, ça va aussi ?
ADDISON. – Oui. Je suis contente : j'ai réussi à dormir un peu.
BAILEY. – J'ai vu ça...
ADDISON. – Et vous, ça va, Miranda ?
BAILEY. – Oui.

   Une fois à terre, je peux souffler. Nous quittons l'avion assez rapidement, et partons récupérer nos bagages. Je me rends alors compte de mon niveau d'épuisement... Les lumières blanches du terminal me font mal aux yeux, j'ai du mal à rester connectée à la réalité, je me sens engourdie, bref, pas la grande forme. Bailey devant nous, Addison marche à mes côtés. A plusieurs reprises, nos doigts s'effleurent par inadvertance. C'est comme si elle et moi étions aimantées, irrémédiablement attirées l'une par l'autre... Nous en rendant compte, nous échangeons un sourire complice, riant en un souffle. Bailey se retourne à ce moment-là, s'assurant que nous la suivons toujours.

ADDISON. – On vous suit, Miranda, ne vous inquiétez pas.
BAILEY. – Oh, ce n'est pas ce qui m'inquiète, croyez-moi...

   Je fronce les sourcils, ne comprenant pas le sous-entendu... Une fois nos bagages récupérés, nous montons dans le premier taxi venu, direction l'hôtel. Je m'endors brièvement avant que nous arrivions. C'est Addison qui me réveille.

ADDISON. – Iness ? Iness, on est arrivées.

   Sortant de ma torpeur, je descends de la voiture et récupère ma valise alors que Bailey me la tend.

MOI. – Merci, docteur.
DR. BAILEY. – Je vous en prie.

   En reculant, je me heurte à Addison, ne l'ayant pas vue derrière moi. Elle me rattrape en posant ses mains de chaque côté de mes bras, me signalant ainsi sa présence.