Inaperçu (02 )

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Can't Stop - OneRepublic

L'école n'est pas loin, rien n'est loin ici. Tout à proximité, l'épicerie, l'école, et le village tourne autour de l'église. Le sanctuaire, le refuge des pieux, des jeunes, des vieilles dames, des veuves. Isay aimait cette endroit, parce qu'il ne connaissait rien d'autre. Il ne se souvenait plus de ses années en Russie, et Ana, sa mère lui assurait qu'il ne valait mieux ne pas le savoir. Qu'ils avaient trouvé les clefs, la voie, le chemin du paradis. Et, le brun y croyait dure comme fer. Alors il passait le plus clair de son temps à lire sa Bible, la couverture cuirassé usé prouvait son acharnement sur cet ouvrage. Il l'ouvrait au moins deux fois pas jour, et commençait tout les matins, après avoir aidé sa mère aux tâches et assisté au cours de Miss Elliott, le posant sur ses genoux et se calant sur le troisième banc au fond à droite de la paroisse.

Pourtant, aujourd'hui il n'en était rien. Isay ne se levait pas, ne priait pas, et ne faisait que penser. Encore et encore, les yeux ouverts, et les mains sagement rangées sur son torse. Comme un mort dans son cercueil, qu'on embaumait ou recouvrait de linceul. Les larmes ne coulaient plus, il n'avait plus de quoi verser quoi que ce soit de toute façon. Alors, il essayait en vain de comprendre pourquoi il était la cible de Satan. Parce que oui, il pensait que quelqu'un lui avait jeté un sort. Peut être la grosse Gloria, il ne pouvait pas la blairer celle là, et le cachait très mal.

Il frissonnait rien que de repenser à sa tête ronde, son haleine putride et ses cheveux gras. Cette fille il ne pouvait clairement pas la supporter. Mais il faisait son possible pour l'éviter. Un soupir puis deux passaient la barrière de ses lèvres. Il tournait alors la tête brusquement vers la fenêtre.

Les hommes doivent choisir de bonnes épouses, et il était proscrit que deux hommes s'aiment. Isay le pensait sincèrement, et il avait cru comprendre que la personne satanique qui se cachait derrière le mot était un homme. Le mot qu'il ne prononcerait pas et commençant par la deuxième lettre de l'alphabet le lui montrait bien. Il mit encore sa main devant sa bouche pour calmer une nausée qui viendrait ruiner la nouvelle moquette bleu que le voisin avait gentiment posé il y a quelque jours. Puis en profitait pour passer dans la salle de bain, enfin ce qui lui servait de salle d'eau. Il ouvrait l'eau, doucement, pour éviter de ne gaspiller. Et baissait la tête pour laisser coulé le liquide froid, qui lui frappait le dos. La main toujours sur le petit robinet, il le tourna une seconde fois pour arrêter le jet, secouant ses cheveux noirs. C'est pas qu'Isay n'aimait pas le savon. Mais sa peau devenait capricieuse une fois en contact avec un liquide parfumée. Tantôt elle s'enflait, de l'autre attrapait des plaques qui mettait des semaines à des disparaître. Alors l'eau seul lavait son épiderme à présent. Et n'étant pas sujet à la transpiration, il ne sentait juste rien.

- Isay, tu n'es pas a l'école ? Tu as vu l'heure ? Tout vas bien ?

Ana était inquiète on pouvait le lire aisément sur son visage, elle avait du linge dans les mains, et une posture droite. Elle ne ressemblait pas tellement à son fils, ne lui donnant que ses lèvres. Des grosses lèvres, que Isay n'aimait pas, trop proéminentes, Nancy les comparaient à celles des gens dehors. Les " égarés " qu'elles les appelaient. Il paraîtrait que le fils d'Ana ressemble à son père. Dont Isay ne connaissent rien de plus qu'un nom, Aleksander O'Dinoff.

- Je ne me sentais pas bien, s'essayait il, cachant ses parties avec une serviette, je vais aller voir Nancy, pour prendre les cours.

La mère pourtant curieuse, acquiesçait, docilement et attrapait ceux pour quoi elle était venu, à savoir des pinces à linge pour disparaître. Le brun se retrouvait alors devant son miroir. Il fuyait sa propre image, de peur de devoir blasphémer, se plaindre. Il n'aimait particulièrement pas son corps. Sa peau blanchâtre, une taille maladivement fine, une absence totale de muscle, des jambes un torse et un menton imberbe, qui le faisait passer pour plus jeune qui ne l'était. Très vite, il se rhabillait, chassant ces idées de sa tête. Décidément il ne réfléchissait plus en ce moment. Une fois sa chemise coincée dans un de ses seules jean, il passa dans la cuisine. Croquait dans une pomme avant de sortir de son entre. A peine dehors, ils scrutait les alentours, à la recherche du moindre soucis, d'un regard suspicieux posée sur lui.

Atomic BodyWhere stories live. Discover now