De Nature Sauvage

1 - Pourquoi Moi ?

Dring... Dring... Dring...

— C'est pas possible, mais il va pas s'taire ce foutu réveil !

Aujourd'hui, c'est la rentrée, bien que je ne sache pas encore où je vais « étudier ». On m'a donné une heure à respecter et à en croire ma montre, je suis déjà plus qu'à la bourre. Mais ne vous inquiétez pas ! C'est tout à fait normal, c'est comme devenu une tradition dans la famille. J'entends ma mère monter comme une furie dans les escaliers en bois qui craquent à chacun de ses pas. La porte de ma chambre vient percuter le mur qui se trouve derrière.

— Rubis ! Ne me dis pas que tu es encore dans ton lit ! crie-t-elle

— Euh...

— Rubis Mills, dépêche-toi de te lever et je ne me répéterais pas deux fois !

Bon, j'ai peut-être exagéré en disant que c'était une tradition familiale. Disons alors que c'est une tradition qui m'est propre... C'est déjà pas mal non ? Cinq minutes s'écoulent avant que je n'arrive à me sortir du lit. Je passe devant mon grand miroir et manque de sursauter en voyant ma tête. J'ai de grandes cernes qui tirent sur le violet et du reste de mascara de la nuit dernière.

— Oh mon Dieu il faut vraiment que je fasse quelque chose..., dis-je en attrapant un coton et du démaquillant. Je vais ensuite dans ma penderie et prends les premiers vêtements que je trouve.

— C'est parti pour une nouvelle année, soupiré-je.

Je prends mon sac de cours, que je jette nonchalamment par-dessus la rambarde : il atterrit au rez-de-chaussée. Puis je prends le chemin de la salle de bain qui se trouve à l'opposé de ma chambre. Une fois arrivée devant la porte, celle-ci ne s'ouvre pas. Je tente de tourner la poignée dans tous les sens, puis réessaie plus fort, lorsque j'entends mon frère de l'autre côté de la porte me hurler dessus :

— T'es débile ou aveugle ? Tu ne vois pas que la porte est fermée ?

— Thomas, sors de là maintenant, je vais être en retard ! réponds-je en tapant du poing contre le battant.

— Toi en retard ? ricane-t-il. T'es tout le temps en retard qu'est-ce que ça peut bien changer ?

Je réfléchis un instant et cherche mes mots pour continuer les négociations.

– Très bien. Si tu ne veux pas sortir, je vais voir maman et je lui dis que tu caches des magazines pornos en dessous de ton matelas, dis-je d'un air goguenard.

— Comment est-ce que... ? demanda-t-il, surpris.

La porte ne tarde pas à s'ouvrir et mon frère apparaît torse nu avec juste une serviette autour de la taille. Il me regarde nerveusement et s'appuie contre l'encadrement de la porte.

— Wow ! s'exclama-t-il.

Un sourire sadique se dessine sur mon visage, je me sens puissante.

— Monsieur Thomas joue les grands ! ironisé-je.

— Tu es peut-être ma sœur, mais je te déteste, siffle-t-il entre ses dents.

— C'est réciproque, cher frère, réponds-je sur le même ton.

Lorsqu'il sort entièrement de la salle d'eau, je le pousse d'un coup d'épaule et y entre rapidement, puis veille à bien fermer à clé derrière moi pour éviter les mauvaises blagues de Thomas.

En me coiffant, je remarque que mon débardeur noir laisse paraître mon tatouage — un loup hurlant à la lune — au-dessus de mon sein gauche. D'aussi loin que je m'en souvienne, il a toujours été là. Après tout je trouve ça plutôt élégant alors cela ne me pose pas de problème.