De Nature Sauvage

10 - Un peu de discipline | Partie 1

Je finis de descendre les deux étages en courant. Je tourne à gauche en gardant un pas actif, pressée de rejoindre ma chambre. Lorsque je retrouve la grande porte en bois menant à ma tranquillité un détail me vaut le coup d'œil. Ma porte n'est pas fermée à clé et est très légèrement ouverte.

- Super, manquait plus que ça...

Je respire un grand coup et rentre dans la pièce. Je la retrouve inchangée, les trous sur mon tapis sont toujours là. Je m'assois sur la malle au pied de mon lit et entends un bruit de frottement derrière mon petit canapé noir. Je m'approche sans chercher à être discrète m'attendant à trouver Cerbère Junior remis sur pied et joyeux de me retrouver. Je ne suis plus qu'à quelques centimètres lorsqu'une forme humaine se relève d'un coup subite. 

- Rubis ! Tu es déjà guéri ? C'est super !
- Sierra ! Putain tu m'as flanqué la peur de ma vie !

Elle se gratte la tête l'air désolé, fait le tour du canapé et se laisse tomber dessus.

- Je peux savoir comment tu es rentrée ici ?
- A vrai dire j'étais super inquiète après l'épreuve, Drake une fois remis sur pied m'a ouvert pour que je t'attende ici.
- Mais c'est pas vrai bordel ! Il ouvre à Cerbère, il t'ouvre à toi, je peux savoir pourquoi il a mes clés de chambre ?
- Son nom de famille.
- Quoi "son nom de famille" ?

Elle expire fortement pour montrer son agacement et roule des yeux.

- "Palm"

Je la regarde avec des gros yeux interrogateurs.

- Sa famille est une famille de protecteurs.
- Et donc ? Allez accouche...
- Patience ma p'tite Ru'.

C'est à mon tour de rouler les yeux.

- Il est dans cette école pour étudier mais aussi pour apprendre à être un protecteur. Alors au lieu de dormir toute la nuit il patrouille devant les chambres une partie de celle-ci. Il sert aussi de chauffeur à l'école.

C'est donc ça un protecteur ? Surveiller des chambres et faire des aller-retour en voiture ? Ridicule. Je me mets à pouffer de rire comme une gamine.

- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle mais bon pas grave, je t'apprécie comme tu es. Au fait, je suis ravie de voir que tu vas mieux mais je ne suis pas là que pour ça.  Grégoire t'attend dans son bureau.
- Qui ?
- Le PRO-VI-SEUR.

Mes "exploits" ont dû remonter jusqu'à lui. Je suis dépitée. Je regarde l'horloge accrocher au mur qui affiche dix-neuf heure et demie.

- Maintenant ?
- Ça fait déjà une journée entière qu'il t'attend. Ses ordres étaient clairs : " Quand tu vois Rubis, dis-lui de venir immédiatement dans mon bureau"

Je pousse un grognement désespéré. Je fais un tour sur moi-même ne sachant pas quoi penser et m'apprête à me débarbouiller avant de m'y rendre. Je jette un coup d'œil à Sierra toujours assise sur le sofa. Je croise les bras et campe sur ma position. Elle m'observe bizarrement.

- Quoi ?
- Tu ne vas pas rester squatter dans ma chambre...
- Ah oui pardon !

Elle se relève en faisant un petit saut sur place, et trottine jusqu'au couloir. Je la regarde s'éloigner un peu plus loin jusqu'à sa chambre. Ce n'est qu'une fois qu'elle ferme sa porte que je me rends compte que je n'ai aucune idée de l'emplacement du bureau du principal. Je ferme la porte de ma chambre et me dirige vers mon miroir. Je me remets un peu de mascara et du fond de teint pour cacher mes cernes. J'en profite pour m'attacher mes cheveux emmêlés qui deviennent gras. Plus je m'observe et plus je me trouve horrible à voir, le séjour à l'infirmerie ne m'a pas réellement fait du bien. Mes bras encore douloureux sont emballés de pansements et des points de suture bleus encore frais dépassent de ma blessure sur la joue. Je change rapidement mes vêtements que je porte depuis plus d'un jour contre un jogging et un crop top noir. Une fois remis au goût du jour je sors de ma chambre et prends soin de refermer à clé derrière moi, même si d'après ce que j'ai pu voir, ça ne sert à rien. Je m'arrête quelques minutes et réfléchies à l'endroit où je dois me rendre.