|Chapitre 3|

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Jamais jusqu'à ce jour je ne m'étais plongée dans un tel regard. C'est comme si plus rien n'existait autour. J'ai l'impression de devenir l'une de ces filles dont la niaiserie m'insupporte, à parler de coup de foudre chaque fois qu'elles croisent un garçon et que leurs hormones s'emmêlent. Celles qu'on a envie de raisonner, à qui on a envie de mettre du plomb dans la tête. Parce que si la vie était si simple, ça se saurait. Si on pouvait tomber amoureux au premier regard. Si deux personnes étaient vraiment destinées à se rencontrer et à s'aimer. Les âmes sœurs, comme on les appelle.

Je n'ai pas envie de paraître rabat-joie et à vrai dire j'en ai marre de paraître coincée, à ne pas vouloir aimer, à ne pas y arriver. Mais que suis-je censée faire ? Simplement attendre que la vie m'apporte comme par magie celui qui changera tout ? Celui qui saura m'aimer comme je l'aimerai ? Qui me rendra heureuse jusqu'à la fin ? Je n'ai pas envie de croire en tout ça. Je veux juste poursuivre mon chemin sans devoir m'arrêter au moindre obstacle.

« Il est encore long le chemin menant au bonheur »

Et actuellement, le seul obstacle se présentant à moi est cette magnifique paire d'yeux ; ce regard ensorcelant duquel je suis incapable de me détacher.

Le garçon m'interrompt dans ma rêverie.

— Tu m'écoutes ?

À vrai dire non, je ne l'écoutais pas. J'étais trop obnubilée par ses beaux yeux.

Stupides hormones.

Je balbutie quelques mots incompréhensibles, mais il ne me laisse pas le temps de finir.

— Tiens, tu avais fait tomber ta veste. Tu devrais faire plus attention, dit-il en me faisant un clin d'œil.

Puis il se détourne et s'éloigne de moi aussi vite qu'il était arrivé, sans même me laisser le temps de le remercier. Il n'était pas méchant, simplement intrigant.

Je sors de l'immense bâtiment, le soleil est au zénith et m'éblouît, m'obligeant à protéger ma vue de ses rayons. Je fais une cinquantaine de mètres quand je vois Matthew un peu plus loin.

— Hey, je lance timidement en m'approchant de lui.

— Re-bonjour ! Tu as faim ? enchaîne-t-il.

Je souris légèrement, contente de ne pas être obligée de manger seule à midi.

— Tu es au courant que l'amitié ne s'achète pas ? lui dis-je en riant, plus sûre de moi.

— Un garçon n'a-t-il pas le droit d'inviter une jolie fille à déjeuner avec lui ?

Je sens le rouge me monter aux joues, ce qu'il remarque évidemment. Mais il ne dit rien et continue de me dévorer des yeux.

— Arrête de me regarder, rigolé-je, je n'aime pas ça.

Il semble réfléchir une demi-seconde plus éclate de rire.

— Ça ne fait pas encore trois heures que je te connais et je trouve déjà fascinante. Ou complètement étrange ; je n'ai pas encore décidé.

— Eh ! m'insurgé-je en riant.

— Allez viens, on va peut-être aller manger avant qu'il soit l'heure de retourner en cours.

Sandwichs, plats cuisinés, gâteaux, la cafétéria est pleine à craquer. Je n'ai pas très faim, alors je me contente d'une petite salade. La pièce est bondée de monde, mais nous profitons quand même du repas pour faire plus ample connaissance – même si nous devons presque crier pour nous entendre. J'apprends qu'il a eu vingt ans il y a quelques mois, il est donc plus âgé que moi, qu'il a une sœur de mon âge partie à l'autre bout du pays pour ses études et un petit frère de quatorze ans. Je sais aussi qu'il a toujours habité à New York, mais qu'il est en colocation dans Manhattan avec l'un de ses meilleurs amis. Il me dit qu'il veut être ingénieur, tandis que je lui confie mon souhait d'être médecin. Enfin, mon souhait n'est pas vraiment le terme, mais ça il n'a pas besoin de le savoir.

Perfect - Auto-éditéWhere stories live. Discover now