|Chapitre 8|

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Après avoir attendue Sarah près de vingt minutes sur son lit, je me suis finalement installée dans ma chambre avec un bon livre.

J'essaye de me vider l'esprit de toutes les pensées qui y fulminent, mais ce n'est pas des plus simples. Je me concentre, encore et encore, mais plus j'avance, plus je me rends compte que cela fait quatre fois que je relis exactement la même phrase.

Je pose la tête sur mon oreiller et ferme les yeux, mais en essayant de ne plus penser à ma sœur, c'est Liam qui m'apparaît. Je ne supporte pas d'être aussi dépendante d'une personnalité si arrogante. Et j'ai beau essayer de l'oublier, c'est peine perdue. Chaque fois que je pense m'en être débarrassée, il réapparaît comme une fleur dans ma vie, et alors que je devrais être en train de chercher une solution pour ma sœur, je n'arrête pas de penser à lui.

Je souffle un bon coup, les yeux toujours clos.

La nuit commence à tomber et j'ai beau me creuser la tête, remuer mes méninges, et toutes les expressions consistant à réfléchir, je n'arrive simplement pas à comprendre ce qu'il peut bien se passer dans la vie de Sarah. Divers scénarios se jouent dans mon esprit, mais je refuse qu'aucun d'entre eux ne soit la vérité.

Ma mère nous appelle pour dîner depuis le rez-de-chaussée, mais quand je descends, je trouve mes parents attablés. Seuls. Sarah n'est pas descendue et je doute qu'elle ne le fasse.

Nous mangeons en silence, sans doute tous préoccupés par la même personne. J'aide ma mère à débarrasser pendant que mon père prend son café, puis je monte à l'étage, embrassant tour à tour mes deux parents. Tout ceci a trop duré.

Je pénètre dans sa chambre sans y avoir été invitée, mais la vision qui s'offre à moi me fend le cœur. Sarah est devant son miroir, de ses sous-vêtements uniquement vêtue, et elle est si fine, maigre peut être ? Je l'ignore. Mais elle n'est plus la même.

Elle a maigri.

Trop.

Beaucoup trop.

Ses omoplates et ses côtes se laissent apercevoir sous sa fine couche de peau, ses cuisses et ses bras sont si peu épais et ses hanches saillantes... Sans que je ne puisse les intercepter, des larmes roulent sur mes joues. Quand elle me voit dans le miroir, elle se retourne, choquée, comme si le problème venait de moi. Je m'empresse alors d'essuyer mon visage. Moi vivante, je refuse qu'elle ne me voie pleurer.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Sarah..., commencé-je d'une petite voix pour la rassurer. Tu ne crois pas qu'il faudrait qu'on parle ?

— Non.

Sa réponse est catégorique et ne laisse place à aucune discussion.

Je souffle.

Je ne suis pas certaine de réussir à supporter cette conversation bien longtemps. Je sais déjà que ce sera délicat et ce genre de sujet ne m'a jamais vraiment mise à l'aise.

— Écoute, je ne sais pas ce qui t'arrive, mais il faut que tu en parles, Sarah, ça ne peut plus durer...

— Tu ne sais rien de moi, Maddie.

J'ignore mon cœur qui en prend un coup et lui réponds.

— Je sais ce qui est important de savoir. Que tu es Sarah Roberts, ma petite sœur. Une bonne élève, passionnée de photographie. Je sais que tu rêves d'un jour danser sur les plus grandes scènes du monde. Que tu es dotée d'un formidable talent qu'il suffira que tu exploites en temps voulu pour atteindre les étoiles. Que plus que quiconque tu es ambitieuse, et que si tu veux quelque chose, tu l'obtiendras. Je sais que tu as peur quand le tonnerre gronde et que les éclairs transpercent le ciel, que tu as peur toute seule la nuit et que tu détestes l'injustice et les cours de physique. Je sais que je t'aime à en mourir et que s'il t'arrivait quoique ce soit, je ne le supporterais pas...

Perfect - Auto-éditéWhere stories live. Discover now