|Chapitre 4|

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Deux semaines se sont écoulées depuis ma rentrée à la fac. Deux semaines d'indépendance, mais également deux semaines de travail sans relâche. Ce n'est que le premier mois et j'ai pourtant déjà l'impression d'être débordée. Je me lève le matin, je vais en cours, puis je rentre dans la petite chambre universitaire que je partage avec Taylor et travaille encore et toujours.

Ma colocataire et moi nous entendons à merveille, ce qui est une chance lorsqu'on débarque dans une ville où l'on ne connaît personne, d'autant plus que cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de nouvelles rencontres. Longtemps également que je ne m'étais pas liée d'amitié avec quelqu'un aussi facilement.

Nous révisons nos cours respectifs, elle, en tailleur sur son lit, et moi, assise à mon bureau, et j'apprécie ces moments de tranquillité. Taylor est une fille avec un grand sens de l'humour, mais au-delà de ça, elle est très attentive aux gens qui l'entourent. Ça ne fait pas longtemps qu'on se connaît, pourtant je sais que si j'avais besoin d'elle là maintenant, elle m'écouterait avec la plus grande bienveillance. Je me demande simplement si j'en serais également capable. Si elle me demandait quelque chose, arrêterais-je de travailler pour me focaliser sur elle rien qu'un instant ? Au fond, je crois que je ne suis qu'une piètre amie. Mais la perfection est une question de chaque seconde.

Malgré tout, c'est moi qui romps le silence. J'ai besoin de confirmer mes dires et, accessoirement, envie de parler.

— Taylor ?

Elle relève la tête de ses fiches.

— Oui ? répond-t-elle pour m'inviter à continuer.

— Ça te dit qu'on fasse une petite pause ?

Elle me sourit de toutes ses dents.

— Oh oui, avec grand plaisir !

J'aime cette amitié avec elle.

Je la rejoins sur son lit et nous commençons à parler de tout et de rien. C'est bête, et mal, mais pour une fois je ne me sens pas coupable de ne pas être en train de réviser. Je passe juste un bon moment en compagnie de ma coloc. Mais à peine ai-je pensé cela que la culpabilité me frappe de plein fouet. Je devrais être en train de travailler, pas de rêvasser, et encore moins de parler des nouvelles tendances vestimentaires. Alors oui, je m'intéresse à la mode, mais il y a des moments plus appropriés que celui-ci pour ça.

La voix de mon amie me ramène à elle, je ne l'écoutais plus.

— Maddie, tu es avec moi ?

Elle rit en me tapotant légèrement le bras.

— Excuse-moi, tu disais ?

— Je te demandais si ça avançait avec ton beau scientifique ? répète-t-elle, le sourcil gauche haussé et les lèvres étirées en un rictus malicieux.

— Il s'appelle Matthew, Taylor, lui réponds-je en riant. Et sûrement pas non ! Je suis toujours seule. Pas de copain, pas d'attache. Juste moi.

Et c'est amplement suffisant.

— Mais c'est dommage ! Tu es si jolie...

Les cheveux châtains et les yeux marrons. Tout ce qu'il y a de plus banal.

— Tu as dû briser un tas de cœurs à Philadelphie.

Si elle savait que je n'ai jamais eu aucune relation sérieuse avec un garçon. Cette même vérité qui dit que mon cœur est fait de pierre, inaccessible, bien caché derrière ses barricades, que répondrait-elle ?

Je souris franchement, dévoilant mes dents. Il paraît que c'est ce que je fais chaque fois que je suis nerveuse. C'est peut-être vrai.

— Pas tant que ça.

Perfect - Auto-éditéWhere stories live. Discover now