|Chapitre 6|

2.8K 287 319
                                    

Avez-vous déjà ressenti cette sensation ? La sensation d'un instant qui se stoppe dans l'espace-temps. Un instant si intense que le monde alentour s'amenuise peu à peu, jusqu'à complètement disparaître. C'est si bon. Alors plus rien n'existe autour, plus rien ne compte. Comme dans un rêve. Alors on n'a pas envie de se réveiller.

Mais à quoi bon ? On ne peut pas simplement vivre dans une euphorie constante. Ce serait trop simple. La vie serait trop facile, et on se laisserait vivre, jusqu'au jour où la première épreuve arrivera. Et ce jour-là, personne ne saura comment y faire face. Ils se laisseront tous couler. Alors que moi je serai prête. Parce qu'aujourd'hui plus rien ne peut m'atteindre, plus rien ne me fera jamais souffrir. C'est la promesse que je me suis faite, et je la tiendrai.

Et si je veux survivre à ce monde de douleur, si je veux vivre, il va falloir lutter. Lutter jour et nuit. Me battre chaque seconde de ma vie. Et cela commence par surmonter le premier obstacle sur ma route. Si je m'arrête à chaque fois, je n'y arriverai pas, car il est encore long l'interminable chemin menant au bonheur.

Mes sensations sont décuplées, je suis à bout de souffle, mais c'est trop. Je reprends doucement mes esprits, me ressaisis et pose fermement mes mains sur le torse de Liam. Il est hors de question que je me laisse avoir, hors de question qu'un tel garçon ne me touche. Que n'importe qui ne me touche. Mais surtout lui. Lui plus que les autres ne doit pas m'approcher. Je sais qu'il ne m'apportera jamais rien de bon.

Je le repousse violemment, le regardant droit dans les yeux.

— À quoi est-ce que tu joues, Liam ?

Pendant une courte seconde, j'ai l'impression qu'il regrette ce soudain éloignement, mais je dois sans doute me tromper. Ou alors il est vraiment fort pour dissimuler ses sentiments et reprendre ses esprits.

Du regard, il fait le tour de la pièce. Une dizaine de paires d'yeux est posée sur nous, tandis que les autres continuent de danser.

— À rien du tout. Je voulais vérifier mes dires.

— Mais qu'est-ce que tu racontes à la fin ? C'est si compliqué de t'exprimer clairement de temps à autres ? m'emporté-je.

— C'est simple et confirmé, tu n'es pas mon type de fille.

Sa voix est si sèche que c'est comme s'il essayait encore et toujours de planter le même poignard dans mon cœur.

— Et tu avais besoin de m'embrasser pour en être sûr ? Tu sais quoi ? Va te faire foutre.

Je lui jette un regard noir et me dirige vers l'entrée de la grande maison afin de m'éloigner le plus possible de lui. Il a un don pour me mettre hors de moi et la musique, dont les décibels sont bien trop élevés pour mes pauvres tympans, commence à me monter à la tête. J'ai mal au cœur, comme chaque fois que je suis trop près des enceintes lors d'une soirée.

Je m'apprête à passer la porte, mais Matthew me rattrape avant que je n'aie eu le temps de m'éclipser.

Trop lente ma vieille.

— Maddie, attends ! m'interpelle-t-il en m'attrapant par l'épaule.

Il me tourne face à lui. Je ne veux pas de sermon, vraiment pas.

— Explique-moi ce qu'il vient de se passer, s'il te plaît, parce que j'ai un peu de mal à comprendre comment tu t'es retrouvée avec Liam Parker, le connard par excellence.

— Ne l'appelle pas comme ça.

J'ignore pourquoi j'ai tout à coup ressenti le besoin de le défendre. Je suis pourtant bien la première à ne pas supporter le caractère fier et arrogant du géant brun. Mais c'est comme si une mystérieuse force m'avait poussée à le faire.

Perfect - Auto-éditéWhere stories live. Discover now