Jeudi, 18 octobre : 12h12 :

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Jeudi, 18 octobre : 12h12 :

Je suis assise en face de Margot, dans le réfectoire de notre établissement. Elle est elle-même installée à côté d'une de nos amies, Lisa. Cette dernière possède des cheveux flavescent coupés aux épaules et des yeux de biche. Elle a le teint pâle et les joues roses. Lisa est menue, la silhouette fluette. Mon coude frôle celui de la personne à ma gauche, Rosalie, une belle brune habituellement, mais elle a coloré ses cheveux en un rose pastel. Sa chevelure lui arrive en bas du dos. Elle possède des yeux bruns foncés, presque noirs. Elle est un peu plus enrobée que Lisa.

Nous parlons de tout et de rien, tout en mangeant. Les commentaires et remarques sur les cours s'enchaînent. Les blagues se racontent le sourire aux lèvres. Les soupirs se fondent dans le tumulte du réfectoire. Les yeux tristes tentent de sourire. Sans succès. Je jette un dernier coup d'oeil à la salle avant que Rosalie ne m'interpelle :

- Tu vas à la soirée de Mehdi ce soir ?

- Je n'avais pas prévu d'y aller...

- Viens, ça sera amusant ! S'exclame Lisa.

Je jette un regard à Margot pour savoir si elle est décidée à y aller. Elle me sourit, hochant la tête. Bien. Je crois que je n'ai pas le choix... Je tente de lancer un argument :

- Mais, le lendemain on a cours...

- Claire ! On a déjà fait bien pire que ça ! Soupire Rosalie.

Elle fait probablement allusion à notre première grosse bêtise. C'était lorsque nous étions en troisième, en fin d'année, lors de notre bal. C'était un bal simple. Assez ennuyant pour être honnête. On avait toutes mis de jolies robes. On s'était même maquillées, ce qui nous étaient interdis avant ! Là-bas, il n'y avait pas d'alcool. On était trop jeune. Alors, on est allées à l'after de Baptiste. C'est là que tout a dégénéré. On a un peu trop bu, puis, on est allées pour je ne sais quelle raison taguer des voitures de police. Bien sûr, on s'est fait attraper. Autant vous dire que nous avons passé un sale quart d'heure et que pendant deux bonnes semaines, on a dû ramasser les déchets lâchés par terre. Pire expérience de ma vie. Vous n'imaginez pas à quel point les gens peuvent jeter des objets étranges voire des choses dégoûtantes sur le sol...

Rosalie fait une moue boudeuse et Margot me supplie du regard de venir. Je croise les bras, soupirant :

- Bon, si vous insistez...

Rosalie lâche un petit cri victorieux. Margot et Lisa me font un grand sourire. La discussion s'enchaîne ensuite, les sujets divers se multipliant au fur et à mesure. J'écoute distraitement. Je savais que j'aurais pu peindre cet instant. J'aurais mis du jaune un peu partout. J'aurais peint le bonheur et l'amitié. En rentrant chez moi, j'aurais pu peindre cet instant. Mais, je ne l'ai pas fait.

Les songes éternelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant