Vendredi 19 octobre : 06H35 :

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Vendredi, 19 octobre : 06h35 :

Je me réveille dans mes draps, l'esprit encore embué de la veille. Je reste allongée, là, étendue. Je suis bien trop exténuée pour bouger. Je ferme les yeux, me remémorant les derniers souvenirs de la soirée d'hier. Il ne s'est rien passé de spécial après notre discussion avec Romain. Je suis juste retournée avec mes amies et nous sommes vite rentrées. Margot n'a finalement pas dormi à la maison. Elle a préféré rentrer chez elle. J'observe les quelques rayons du soleil qui parviennent à se filtrer un passage dans ma chambre. Je me redresse dans mon lit aux draps défaits, observant cette dernière. Mon regard se tourne vers ma toile blanche que je n'ai toujours pas agrémentée de couleurs. Je tourne ensuite mon regard vers ma table de chevet pour attraper ma bouteille d'eau. Je bois une gorgée, avant de reposer ma bouteille manquant de faire tomber un cadre. LE cadre. Je l'attrape du bout des doigts, le tenant à présent entre mes mains. Je souffle dessus pour enlever les fines particules de poussière qui se sont déposées avec le temps. C'est une photo de Maman, Papa et moi. Je souris tristement en repensant au souvenir de la photo. C'était pendant la période de Pâques, à un de ces repas de familles stupides où l'on t'oblige à aller. J'avais revu mes cousins. Je me souviens m'être sentie complètement heureuse. On faisait des batailles d'eau. Je me souviens de la chaleur ambiante, et des rires qui s'élevaient au-dessus des nuages. Et puis, je me souviens que c'est grand-mère qui a pris cette photo. Je me souviens qu'on a même fait cette photo plusieurs fois parce que Mamie se trompait de bouton ou alors parce que je ne faisais que bouger. Je me souviens de tout ça, de ces jours heureux.

Mais comme tout, tout a une fin. Papa a fini par partir. Le temps s'est allongé, le monde a continué de tourner et après le chaos qu'a été ma vie pendant cette période, tout s'est éclairci. J'ai appris à vivre, même si au début, cela m'a coûté beaucoup. Je me suis tournée vers l'Art, libérant mes peines dans la peinture. La peinture n'était alors plus qu'un exutoire. J'étais heureuse. Et je le suis. Mais dès que je peins, je suis vraiment moi : je ne suis plus aussi heureuse que je le prétends. L'illusion de bonheur disparaît, et c'est là que le masque tombe :

Je suis moi.

Les songes éternelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant