13. Délibération

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- Il a dit quoi ?!

Atara s'esclaffait depuis plus de dix minutes. Elle demandait sans cesse à son amie de lui répéter la totalité de l'histoire ; et depuis plus de quinze minutes, la pauvre Anna ne cessait de conter sa visite chez le docteur Elwood. Il était plus de neuf heures, et pour la douzième fois, l'enquêtrice racontait à sa partenaire la chute de l'histoire.

- Il a dit : « Il n'y a qu'une seule possibilité pour votre cas, my lady... »

- Refais-le avec le ton mystérieux, s'il te plait, lui demanda Atara.

Anna soupira, puis fronça les sourcils comme le faisait Elwood, et répéta la réplique en empruntant la voix tremblotante du docteur : 

- « Il n'y a qu'une seule possibilité pour votre cas, my lady... Vous êtes morte. »

Atara explosa de rire et tomba du sofa ; elle se tenait le ventre et ses cheveux verts trainaient négligemment sur le parquet. Son amie roula des yeux et se recroquevilla encore plus dans le tissu orange du fauteuil. 

Etrangement, quand Elwood lui avait dit cela, elle n'avait même pas esquissé un sourire. Elle ne l'avait pas cru tout de suite non plus ; elle avait bredouillé des bribes de mots incompréhensibles et s'était presque évanouie dans son siège. Le souvenir qu'elle avait visionné avait été très éprouvant à revivre. Elle avait beaucoup pensé à sa mère en rentrant avec Enrique. Ce dernier, par politesse, n'avait posé aucune question embarrassante. Il avait seulement demandé pourquoi sa sœur tremblait et pourquoi elle était aussi pâle que la mort elle-même.

« Si seulement il savait... », avait pensé Anna.

Enrique avait gentiment payé son rendez-vous, dont la somme était astronomique, et quand ils se quittèrent, il lui avait fait promettre de l'appeler régulièrement et de l'avertir en cas d'urgence. Mais la jeune femme avait fait une promesse en l'air, et elle se sentait assez coupable à cause de ça.

Anna avait longuement réfléchit au diagnostic du docteur, et au fur et à mesure, elle ne pouvait réfuter cette possibilité. Cependant, une chose lui paraissait étrange : l'homme. L'homme qui souffrait. Elle ne l'avait jamais oublié, et quand elle était happée par la Bulle, elle ne cessait de l'entendre marmonner. Elle reconnaissait sa voix rauque et distante. Mais jamais elle ne comprenait pleinement ce qu'il disait.

- Au fait, Myers a appelé tout à l'heure, lui apprit Atara.

Elle avait une moue sur son visage qui laissait aisément comprendre qu'elle avait découvert quelque chose, et qu'elle brûlait d'impatience de le révéler. Piquée par la curiosité, Anna aida son amie à se réassoir sur le sofa et lui demanda :

- Et que voulait-il ?

- Il a dit que la Scientifique a rendu un bilan complet sur la dépouille de Murdock.

- Et donc ? la pressa la jeune inspectrice.

- Il n'a absolument jamais consommé d'héroïne de sa vie, ni aucune autre substance dans le même genre. Enfin, on sait qu'il n'en a pas absorbé au moins deux mois avant sa mort. 

Toute cette histoire commençait à lui taper sur le système. Trois hommes morts, qui n'ayant apparemment rien en commun, à part peut-être leurs origines sociales. Un dealer affirmant avoir vendu de la drogue à l'un d'entre eux.

Et désormais, elle apprenait que le destinataire n'avait jamais consommé ce genre de chose. 

En saisissant l'une des feuilles se trouvant dans l'énorme dossier cartonné, elle se pencha sur l'un des documents imprimés à partir de l'ordinateur de Sir Murdock. Tout en étudiant les chiffres sur la feuille, elle dit :

- Pourtant, quand on regarde dans ses factures, on remarque bien qu'il y a d'énormes creux dans son compte bancaire, de plusieurs milliers de livres.

- Et je me suis permise de fouiller dans les factures de ... et j'ai trouvé exactement les mêmes trous dans les chiffres, lui apprit Atara en lui plaçant une autre feuille sous le nez. Pendant presque les mêmes périodes.

Anna allait relancer le sujet, mais son amie ne lui laissa pas le temps de placer un mot de plus :

- Et Lula Moop's veut te rencontrer.

En entendant ceci, Anna s'étouffa avec sa propre salive, ce qui fit redoubler les éclats de rire d'Atara. Celle-ci lui donnait de grandes tapes dans le dos, puis tenta de dire quelque chose à son amie. Malheureusement, son incontrôlable crise de rire lui coupa la parole.

- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?! s'insurgea Anna, la voix cassée et les larmes aux yeux. Tu aurais pu commencer par ça !

- Mais c'est plus drôle de le dire comme ça ! rétorqua Atara, la voix entrecoupée par des attaques de rire. 

- Mais... Pourquoi ? Comment ? Quand ? Où ?!

- Calme-toi !

Sans lui répondre, Atara se leva et pris un petit carton blanc, qui se trouvait sur son bureau, puis lui tendit.


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L'adresse et la date était inscrite au dos de l'invitation. 

Le Gibson Hall, à Old Broad St. C'était un lieu prestigieux pour les réceptions, et Anna n'avait jamais espéré pouvoir y mettre les pieds un jour. 

- Je l'ai appelé hier soir, mais son agent m'a dit qu'elle était en pleine préparation de cette réception, lui apprit Atara. Donc je lui ai donné ton identité et l'agent a dit : « Mon Dieu ! C'est vous l'inspectrice ! Mrs. Raquin voudrait s'entretenir avec vous. Je vous envoie une invitation tout de suite. ». Et quand je suis descendu chercher le courrier dans la boite aux lettres, il y avait ça.

- Et il y autre chose que tu dois me dire ?

- Tu dois y aller accompagnée.

- Bon, soupira Anna. J'irai avec Hopper, je lui dois bien ça. J'interrogerai Mrs. Raquin, et il cherchera son autre frère ; je suis sûre que Mr. Alejandro Murdock sera présent.

Un ricanement interrompit ses pensées ; à côté d'elle, Atara riait sous cape. Avec un grand sourire, elle lui dit : 

- Ça me rappelle l'histoire du Bal de Noël, pas toi ?

- Très drôle At, très drôle.


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Chapitre sans trop d'action (bon, ok, pas du tout^^), mais le prochain arrivera ce soir ou demain.

WΔ.


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