Chapitre 5

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— Ceci est à vous, n'est-ce pas ? Elle empeste l'encens, ajoute Erwan d'une voix bizarrement étrange.

Le vampire lui montre près de ses yeux la montre à la couleur argentée. Lysandra prend une grande inhalation, voyant son seul souvenir qui lui rappelle son père qui était un brave homme. La main tremblante, elle s'apprête à prendre l'objet, mais le roi le remet dans la poche de sa veste.

La blonde fronce ses sourcils, n'appréciant pas son geste.

— Pourquoi vous ne parler pas ? Vous êtes devenue soudainement muette, sorcière ?

Elle garde le silence. Son silence parle pour elle, de même son regard sombre qui foudroie le vieux vampire.

Elle n'ose pas de lui adresser la parole. Son physique lui fait terrifier, surtout avec ce grand manteau noir donnant plus l'impression d'un homme pas net.

— Ou peut-être, vous avez compris qu'il n'est pas bien de se moquer de votre roi, continue Erwan, voulant l'énerver.

C'est gagné.

— Jamais je vous considérerai comme mon roi, Ravinoak. Jamais !  crache Lysandra avec dédain.

Elle se rend compte de ses propres paroles qui puissent lui nuire si le roi prend en compte, mais trop tard. Elle ne veut pas se plier à quatre pour un pompeur de sang comme lui.

Erwan sourit en coin et reprend son air impassible.

— Savez-vous à qui vous parler ?

— Et vous, savez-vous qui je suis ? Ce que moi, je suis capable ?

Ce détournement de sujet en répondant par des questions, agace Erwan.

Il observe chaque trait de la sorcière. Il rêve de passer ses doigts dans les cheveux d'or de la femme.

— Rendez-moi ma montre ! ordonne la sorcière, sèchement.

— Et moi j'exige votre identité ! clame Erwan d'une voix puissante que les arbres se mettent à vibrer.

Lysandra jette un regard circulaire en se mordant la lèvre, sans se rendre compte que ce geste provoque un soudain désir au roi. Doit-elle révéler qui elle est ? A-t-elle d'autres issues secours ? Malheureusement, non.

Elle regrette amèrement de n'avoir jamais pratiqué la téléportation à ses études. Amèrement.

Le souverain semble s'impatienter, et à ce moment-là, la sorcière, résignée, porte son attention sur lui.

— Promettez-moi de me laisser la vie sauve. Je n'ai rien fait de mal dans ma vie ! s'exclame-t-elle.

Erwan tente de déceler dr quelconques petits grains de mensonges, mais il sent que la sorcière est sincère, ce qui le impressione. Depuis quand une sorcière est sincère ?

Il opine. La blonde se lance, méfiante.

— Je... Humhum... Je suis Lysandra Alemona, fille d'Aurore et Finnegan Alemona...Je fais partie du coven du Dakota du Nord.

Derrière son air impassible, Erwan est tourmenté par cette révélation. Ce regard azur et pénétrant, ces cheveux d'un blond si doré... Tout cela vient de Finnegan, le père de Lysandra sauvagement tué par deux vampires toujours pas identifiés.

La sorcière détourne le regard, triste qu'on lui force à parler de son géniteur. Dire son prénom est comme un supplice, comme un couteau qu'on tourne dans la plaie. Elle se frotte le bras, gênée de ce regard intense et pénétrant.

Malgré que cet événement date de dix ans, elle n'a toujours pas avalé la pilule. Cette pilule est coincé dans sa gorge. Elle s'est promis tant qu'elle n'a toujours pas retrouver les assassins de son père, elle ne fera pas son deuil, elle n'avalera pas cette pilule.

— Quel âge avez-vous mademoiselle Alemona ? dit Erwan, faisant descendre la blonde sur Terre.

Son nez se retrousse.

— Vous avez besoin aussi de savoir mon âge ? Ensuite quoi ? Le type de sorcière que je suis ? Mon adresse ? s'emporte-elle avec un goût amer sur la langue.

— Je dois savoir à qui j'ai à faire. Je sais que vous m'avez ensorcelé.

Lysandra reste muette en le mirant, les yeux exorbités. Puis elle éclate de rire devant l'air confus du roi. Elle trouve insensé les paroles d'Erwan. Elle essuie ses fausses armes, le regardant avec un brin moqueur.

— Eh bien sachez, si je vous ai lancé un sort ça sera plutôt celui qui vous fera dormir dans une durée indéterminée !

Les traits d'Erwan durcissent de colère.

— Donc c'est vous qui...

— Mais bon sang j'ai rien fait ! crie brutalement la sorcière. Mon but hier soir était de vous donner l'enveloppe de mes propres mains. Même si je déteste votre race, je ne suis pas une personne qui adore lancer des sorts sur les autres. Maintenant donnez-moi ma montre !

Mais pourquoi se sent-il incontrôlable avec son odeur ? Le vampire décèle que la pure sincérité dans ses paroles. Un visage doux devant lui, comment pouait-il être en rogne ? Il se demande à lui-même pourquoi cette magnifique créature devant ces yeux puisse être une sorcière ? Un être maléfique, satanique.

Et là, il remarque soudainement qu'il est beaucoup plus calme qu'avant. Son monstre en lui ne se manifeste pas. Certes, l'odeur de la sorcière empeste et l'ensorcele, mais il a l'impression d'être apaisé à côté d'elle. Qu'est-ce qui lui arrive ?

Il est confus.
Lentement, il sort l'objet de sa poche et le tend à la propriétaire. Lysandra lui arrache de la main et recule prudemment.

— À jamais, lâche-t-elle en s'apprêtant de se retourner.

Mais elle est confrontée par un regard dur, étrange, qui l'interpelle. Elle essaie de sonder le vampire, son âme mais quelque chose lui bloque. Elle se noie dans ce regard onyx, elle se sent brûlée à la fois. Plusieurs sensations contradictoires s'entremêlent en elle. Elle coupe sa respiration et détourne sa tête.

Elle tourne ses talons et part en courant, avec l'espoir de ne plus revoir le vampire.

Erwan la fixe partir la cape rouge disparaître comme un mirage avec un goût amer dans la bouche.

Dans Les Mains D'un VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant