Chapitre 6

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— Attends, donc tu supposes qu'il n'a pas lu la lettre ? répète le chef du coven, une semblable colère déforme son visage.

Lysandra dépose maladroitement la tasse de thé sur la table basse en déglutissant. Ces gestes la trahissent de sa frayeur. Elle renverse la tasse de thé sur le bois et un peu sur ses cuisses, lui faisant pester de nombreuses insultes.

Qu'allait-il se passer maintenant que le chef est au courant ? Va-t-il la renvoyer du coven ? Va-t-elle devenir une sorcière solitaire ?

On n'en sert rien. Lysandra ose d'affronter le regard ténébreux de son maître, mais le regrette amèrement. Harry tremble de colère, ses yeux noisette deviennent subitement d'un noir opaque et impénétrable. La sorcière trésaille.

— Je... je le suppose Harry. Cela fait maintenant plus que deux semaines qu'il nous a rien envoyé. Je conclus...

— Décevante. Tu es décevante Lysandra ! crie Harry en se levant.

La blonde coupe sa respiration, n'osant pas de regarder le grand sorcier. Oui, elle a peur, terriblement peur qu'elle se retient de s'uriner dessus.

— Même une mission la plus simple au monde, tu n'es même pas capable ! Pas croyable, Lysandra ! Pas croyable !

Son visage prend la couleur pivoine, tellement qu'elle a honte. Elle a déçu Harry.

Le grand sorcier fait les cent pas dans le salon toujours en l'humiliant de toutes sortes d'insultes. Lysandra ferme ses yeux, retenant ses larmes jaillir. Elle serre ses poings.

–- Ton père devrait avoir honte de toi ! Quelle fille incapable a-t-il !

Le temps semble se figer pour Lysandra. Vient-il d'insulter son géniteur ? Vient-il de manquer de respect à son intime, et ancien ami ?

Un goût amer s'installe dans la bouche de la sorcière. Elle serre ses poings, tentant de calmer la fureur en elle. Tout à coup, la vase bleue d'à côté s'explose d'un grand fracas et Harry se rend compte de sa gaffe et déglutit. Non, il ne va pas s'excuser à une de ses disciples. Cet enfoiré a une grosse fierté, se dit Lysandra

— Je repasserai plus tard...

Il s'élance vers la porte d'entrée et l'ouvre. La porte se referme aussitôt par la télékinésie. L'impact fait des fissures dans le mur, Harry perd aussitôt sa couleur naturelle et sent tout à coup une pression sur son cou. Une force surnaturelle et puissante le fait tourner et il commence à suffoquer quand il croise le regard glacial de la sorcière.

Lysandra contrôle par sa pensée sa télékinésie et voir le grand sorcier souffrir comme un chien, lui procure une joie intense en elle. Il doit souffrir, pense-t-elle. Il a osé insulter son père, son exemple, son confident. Oh que oui, il doit se plier à quatre pour se pardonner ! Personne n'ose insulter la fille de Finnegan. Peut-être par respect ou par pitié, mais les excuses doivent être présentes.

Lysandra contrôle sa colère, elle veut juste faire peur le chef du coven, même si ses gestes lui trahissent.

— N'oubliez pas à qui vous adresser Harry, siffle-t-elle d'une voix grave par la fureur.

Le sorcier porte sa main sur son cou pour arrêter son supplice, en vain.

— Ne me faites pas regretter mon choix. Je déteste quand on me manque de respect. Tss, Harry vous savez que je suis plus puissante que vous. Vous savez qui est le loup et la brebis. C'est la dernière fois que vous parlerez de cette sorte, ajoute-t-elle avec un sourire sadique.

Elle relâche la pression et croise ses bras contre sa poitrine, regardant avec fierté Harry tomber à genoux, affaibli. Celui-ci se lève, reprenant son souffle et lance un regard craintif à la jeune femme avant de disparaître dans un sombre brouillard épais.

La nuit arrive s'installe rapidement dans la voûte céleste. Bientôt minuit et la sorcière a toujours le nez plongé dans son grimoire, avalant mot pour mot sur le pouvoir chronokénésie. J'en ai vraiment besoin, songe-t-elle.

Si ce vampire vient encore l'embêter, elle aura une bonne arme entre ses mains pour prendre la distance entre lui.

Un bruit attire son attention. Le bruit vient tout droit du salon. Elle se lève, méfiante, et se dirige avec les sens aux aguets. Elle retrouve sa porte-fenêtre ouverte, la laissant dans la confusion. Pourtant, elle se rappelle bien d'avoir fermé. Peut-être, c'est son imagination qui lui fait des tours. Elle hausse ses épaules et part refermer la porte-fenêtre. En se pivotant, un objet lui attire l'attention. Lysandra s'abaisse pour prendre la boule à neige et la re-déposer sur le meuble.

Elle part dans sa cuisine et se sert un verre d'eau, trouvant toujours étrange que sa porte était ouverte. Elle se retourne et crache toute l'eau de sa bouche, horrifiée.

Elle pose une main sur sa poitrine où son cœur bat comme un fou sous l'effet surprise.

— Bordel ! Que... que faites-vous ici ?! vocifère-t-elle toujours sous le choc.

Erwan se trouve proche d'elle, le visage mouillé à cause de Lysandra. Celle-ci remarque et bafouille une maladroite excuse et se décale, voulant avoir une raisonnable distance entre lui.

— Originale manière d'accueillir une personne comme moi, marmonne-t-il en prenant son mouchoir et essuyer son visage.

Lysandra cligne plusieurs fois ses yeux, ne croyant pas ses oreilles.

— Comme vous ?! Vous vous incrustez chez moi ! Vous avez vraiment cru que ma demeure était une maison pour catin ?!

— J'en suis navré Lysandra, souffle-t-il sincèrement. C'est une habitude.

Elle songe a ne pas lui craquer le cou en un craquement de doigt devant son air calme et posé.

— Vous êtes un pompeur de sang ! Comment avez-vous réussi à entrer chez moi ?! s'exclame-t-elle, perdue.

Un sourire moqueur fend sur les lèvres du vampire.

— Je suis un Ravinoak. Rien ne me résiste.

La blonde prend appuie sur le plan de travail, apeurée par ce vampire invincible. Son cœur bat jusqu'à ses tempes. Erwan s'approche lentement d'elle et tente de prendre sa main fine, mais la sorcière ne se laisse pas faire.

— Que voulez-vous de moi ? demande-t-elle à travers sa respiration sifflante.

Le souverain passe sa main dans la longue chevelure de la sorcière, ne la quittant pas des yeux. Son visage dur s'adoucit en voyant la merveille devant lui.

— Demain, je veux vous voir au palais, déclare-t-il. Je veux que vous me teniez compagnie en cette journée ennuyeuse.

Demain ? Lysandra avait l'intention d'aller voir sa mère.

— P... pourquoi ? Vous voulez me faire de votre muse ? crache-t-elle en essayant de le repousser d'elle. Mon roi, n'esperez pas trop que...

— Vous m'intriguez mademoiselle Alemona. Je veux savoir pourquoi.

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Dans Les Mains D'un VampireWhere stories live. Discover now