La Belle et Le Criminel

† ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 6 †

La vie est une succession de montagne russe.

Il relâche progressivement la pression qu'il exerce sur mes mains, jusqu'à ce qu'il les garde simplement entre les siennes.

Je m'étais promis de ne pas pleurer devant lui mais j'ai déjà échoué. Peut-être que je mérite ce qui m'arrive, on dit que tout arrive pour une raison. Le karma a décidé que mon tour est venu de payer pour mes crimes : j'ai tapé, insulté, volé, triché, menti et fait le mur.

— Maintenant, il est l'heure de nettoyer.

Est-il bipolaire ou totalement fou ? Il veut nettoyer se qui a fait exprès de ré-ouvrir, ça n'a pas de sens.

— Je vais chercher le nécessaire, pendant ce temps n'essaye pas de jouer à la plus maligne car Pablo te surveille.

Posé dans l'ange entre la porte et la bibliothèque, je ne l'ai pas aperçu lors de ma rapide inspection de la pièce.

Il est stoïque, ses bras croisé sur son torse. Si je devrai donner la définition d'une armoire à glace je le prendrai comme exemple. Il est grand, possède une musculature plus qu'imposante et doit être capable de briser une nuque à main nu. Il semble imperturbable, fixant un point sur le mur d'en face.

Il porte un bandana autour de son poignet, noir avec un motif blanc comme Amir. Il s'agit probablement d'une marque distinctive du genre : bravo tu fais enfin partie de la famille des truands.

Mes larmes ont séché, il est temps que je me remette en jeu.

— Hey Pablo, est-ce que tu es un boxeur ?

Malgré le plus beau sourire que je possède, c'est à peine s'il y cligne des yeux.

— Je te demande ça car tu viens juste de me mettre KO ! Repris-je en lui faisant un clin d'œil.

Je n'arrive pas à y croire, ma phrase d'accroche pourri ne lui tire aucune émotion, même pas un sourire moqueur. Je n'ai pas l'intention de m'avouer vaincu, mais mon kidnappeur entre dans la pièce au moment où j'ouvre la bouche pour en dire une nouvelle.

Il tient dans ses mains des compresses stériles, des gants et une bouteille d'alcool à quatre-vingt-dix.

Il pose le tout sur son bureau, et se retourne vers moi. Après avoir mit les gants, il prend une compresse qu'il asperge d'alcool et l'applique sur les phalanges de ma main gauche.

L'alcool sa pique, ça pique même vraiment fort. Mes larmes montent pour les retenir je me mords l'intérieur des joues. Créer une autre douleur pour me distraite, je ne sais pas si c'est un idée de génie ou une à jeter à la poubelle. Ma mère a toujours acheter du désinfectant qui ne fait quasiment pas mal et je comprends mieux pourquoi.

Le regard que je lui lance est d'une noirceur absolu, ce qui le fait sourire. Le connard il se réjouit de ma douleur.

Je le hais plus que je n'ai jamais haïs personne. Il rigolera moins quand la police me retrouvera et qu'il se trouvera derrière les barreaux. Ce sera alors à moi de me réjouit et de rigoler, car il peut être sûr que je ne le louperai pas au procès.

Les menottes continuent de me fendre les poignets, m'empêchant de tenir la compresse moi-même et donc l'obligeant à le faire lui même.

Quand il juge que c'est assez désinfectées, il prend une nouvelle compresse et fait la même chose pour ma main droite.

Mais pourquoi avais-je donc décidé de taper dans le ce matelas ? Peu importe, vivre avec des regrets ne sert à rien.

— Qu'es-ce que signifie Tánatos ? Demandé-je dans le but de me changer les idées et de me rebeller contre Amir.

Il fronce pendant une demi-seconde les sourcils, si je ne le fixai pas je ne l'aurais pas vu. C'est le premier signe d'expression que je vois franchir la barrière de son visage sans qu'il l'est autorisé.

Finalement, son visage n'est fait de marbre mais bien de chair, de muscle et de sang comme n'importe quel être humain.

Ma question le dérange, j'ai donc mis le doit sur une chose d'importante.

Tánatos est être un drôle de nom ou c'est un surnom. La logique veut qu'il appartienne à Blondinet mais n'a pas une tête à s'appeler ainsi Blake lui irait mieux.

— Ne crois pas que parce que je te soigne tu as le droit de parler.

Son ton ne trahis aucune surprise, il s'est vite reprit, à un tel point que ça fait presque peur. Néanmoins, il ne peut pas cacher la tension dans ses épaules.

Je viens de me prendre un vent, un de plus à ajouter à ma collection. Si je reste longtemps ici, je vais devenir millionnaire avec le nombre de mes questions restées sans réponse.

— Où est-ce que tu as entendu ce nom ? Reprit-il.

— C'est une fée qui me l'a chuchotée, dis-je en soulevant mes épaules avec mon air le plus innocent scotché au visage.

Pour une fois que je suis celle avec une réponse et non une question, je compte bien le faire mariner un peu. Qu'il ressent ce que moi je ressens.

— Tu rigoleras moins lorsque ta langue sera coupée. Alors ?

— Excuse-moi de vouloir apporter de l'humour à ma situation sinistre. Et pour répondre à ta question, c'est Amir, il m'a dit quelque chose comme : Tánatos veut te voir.

Jeter Amir dans la fosse au lion ne me pose aucun problème de conscience. Il a menacé de me tuer, à deux reprises, et il m'a forcé à prendre l'ascenseur. Autrement dit, il ne fait pas partie de la courte liste de gens que j'apprécie.

Mon kidnappeur retire la compresse de ma main droite. Je doute que juste désinfectée serve réellement à quelque chose, c'est une première étape importante mais sans bande elle perd de son intérêt.

Il fit le tour de son bureau et jeta les gants dans une poubelle. Il me fixa en levant un sourcils alors que pour une fois je n'ai rien fais de mal.

— Quoi ?

— Il faut être polis dans vie Mila.

C'est vrai que menacer de tuer toute ma famille, de me tuer, de couper ma langue et surtout me kidnapper c'est faire preuve de politesse. C'est vrai qu'il est un exemple de bonté tout le monde devrait prendre exemple sur lui !

Je le remercie à contre cœur.

— Tu vois ce n'était pas si compliqué. Pablo, appelle Amir pour qu'il l'a ramène dans sa chambre.

J'espère de tout cœur qu'en ce peut de temps Amir est devenu une meilleure personne et qu'il ne va pas me forcer à monter dans la gueule du monstre.