La Belle et Le Criminel

† ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 17 †

Si son serpent pouvait l'étouffer il me faciliterait bien la tache.

Je sors de la salle de bain les bras remplit de mes anciens vêtements, priant pour ne pas tomber avec mes talons. Ce serait donner une raison de plus à Katrina pour me rabaisser. D'ailleurs, cette dernière à l'air de se disputer avec la maquilleuse mais cette coupe court en venant me prendre mes affaires et en les posant sur le lit avant de s'exclamer :

— De toute manière qu'il soit content ou pas ce n'est pas mon problème. Elle ne mettra pas de bandeau pour descendre, déjà c'est dangereux avec sa robe et ses talons et en plus ça ruinerait mon maquillage !

La démone carre la mâchoire mais ne réplique rien, à la place elle me lance un regard noir, comme si je suis la source de tous ses malheurs. Les chances que cette dispute me concernait sont très élevée. Je suis heureuse que Maya m'a défendu parce que si je dois descendre des escaliers les yeux bandés avec la robe que je porte et mes chaussures je ne serais plus de ce monde au bout de deux marches.

— Mila suis-moi et ne tante rien car je ne suis clairement pas d'humeur.

La douleur dans mon ventre se réveille. Je l'avais quasiment oublié.

Lorsqu'elle commence à partir je la suis mais je vois que ce n'est pas le cas de Maya. Je me retourne donc et cette dernière me sourie en me faisant un signe de la main. Par reflex je lui fais un petit sourire. Maya ne vient pas avec nous et au fond de moi je ressens un nœud de peur se former. Je déteste être seule avec la démone, la dernière fois que ça a été le cas elle m'a tapé.

Katrina marche rapidement aussi bien dans les couloirs que dans les escaliers. D'ailleurs à chaque fois que j'en empreinte un je me remercie mentalement d'avoir déjà porté des talons et je pris l'univers pour ne pas tomber à la marche suivante.

Nous arrivons au salon où une quinzaine de personnes sont en pleines conversation. Je reconnais facilement Aeron, Dan et Pablo. Nous continuons d'avancer jusqu'à un faute vide.

— Assis-toi et bouge pas.

Je suis sûre que même à son chien elle lui parle mieux qu'à moi. Enfin si elle à un chien son style à elle ça doit sûrement plus être les serpents. Venimeux, comme elle. Je me retiens de dire quelque chose car ce n'est pas le moment, elle est déjà à cran pour je ne sais quelle raison.

Aeron me remarque et fronce les sourcils. Il me détaille de la tête aux pieds, son pli s'accentuant encore plus. Quand son regard s'arrête de nouveau à mon visage, je penche la tête et lui fait mon sourire de peste.

— Tu m'expliques pourquoi elle ne porte rien sur les yeux Kat ?

Alors que sa question résonne dans la pièce et que la démone me fusille du regard une nouvelle fois, à croire que c'est ce qu'elle préfère faire, les quelques conversations s'arrêtent. C'est sûrement l'effet Tanatos.

— Maya n'a pas voulu, elle a dit que ça aurait gâcher son travail.

— Maya n'a pas voulu et toi tu l'écoutes. C'est nouveau. Depuis quand son avis est supérieur aux ordres de Dan ?

— Elle avait de bons arguments ! Regarde la, dit-elle en me pointant du doigt, elle se serait tordu la cheville en descendant les escaliers et toute la mission serait tombée à l'eau.

Le regard d'Aeron est encore plus insistant et cette fois il penche légèrement la tête sur le côté, comme pour essayer de me voir sous un nouveau point de vu. Ses yeux sont d'un bleu perçant qui donnent l'impression d'être capable de voir le moindre de mes défauts, même à travers les vêtements. C'est restabilisant alors je commence à jouer avec mes gants pour occuper mes mains et éviter que mon regard quitte son visage. On peut être deux à jouer à ce petit jeu.

Je peux sentir le regard des autres personnes dans la pièce me scruter grâce à la remarque de Katrina qui a attiré l'attention sur moi. Je relève le menton, décidée à leurs montrer que je n'ai pas peur.

Alors que je me rends compte que je retiens ma respiration, Aeron acquiesce et met fin au débat.

Mon regard ce pose sur Dan qui porte un magnifique costume trois pièces bleu marine qui ressemble plus au style d'Aeron que le sien. Je dois reconnaître que l'air de bad boy qui lui colle à la peau avec ce costume élégant, le rend presque séduisant. Il serait séduisant s'il n'était pas à l'origine de mon kidnapping, et qu'il ne m'avait pas tapé.

Dan attire toute l'attention sur lui lorsqu'il se met à parler, on pourrait entendre un mouche voler dans la pièce.

— Comme vous le savez déjà cet hijo de puta de Granos nous doit de l'argent, beaucoup d'argent. Comme il n'a pas l'air décidé pour rembourser sa dette nous allons lui faire une piqûre de rappel.

De nombreux hochement de tête et sourire mauvais font leur apparition. Ils connaissent cet homme, contrairement à moi qui n'ai jamais entendu son nom.

Dans un effet théâtral, il reprend :

— Il se cache de nous depuis quelques mois déjà mais nous savons de source sûre qu'il organise un gala et que forcément il va y être présent. C'est là que notre petit agneau rentre en jeux, il fait une légère pause, car après tout quoi de mieux que de la chair fraîche pour appâter le loup ?

Il éclate de rire tout comme les autres et je me retiens de faire une grimace. Je n'aime pas la tournure que prend ce discours et encore moins le rôle que l'on m'attribue. La belle et la bête et maintenant le petit chaperon rouge ? Je dis non.

— Tu n'auras pas grand chose à faire, tu devras juste l'amener dans une chambre où nous l'attendrons. Simple comme bonjour non ? M'annonce t-il en me regardant.

Je suis tellement raide que cela est en train de me faire mal. Il y a d'énormes risques que leur plan ne se déroule pas comme prévu et bizarrement Dan ne m'a pas dit ce qui se passera si je n'arrive pas à l'emmener dans la chambre. De plus, il ne faut pas être bête pour savoir ce que Granos va attendre de moi quand je vais l'amener dans la chambre.

J'ai également un million de question en tête: comment vont-ils rentrer dans la chambre? Quelle chambre ? Où a lieu ce gala et chez qui ? Il ne me donne que le stricte minimum niveau information et je n'aime pas ça.

— Il est l'heure. Katrina tu emmènes notre petit agneau au garage et assure toi qu'elle ne voit que du carrelage, ordonne Aeron.

Katrina hoche la tête avant de m'aboyer de me lever et de regarder le sol. Moi devant et elle derrière j'avance sous ses ordres en ne voyant que du carrelage, ce n'est pas compliqué et mille fois mieux que les yeux bandés.

Lorsqu 'elle m'ouvre une porte et que des bruits de moteur retentissent je comprends que nous sommes arrivées au garage. Nous avançons jusqu'à une voiture, je relève la tête discrètement pour observer les alentours. Le garage est immense : des voitures de courses, des quatre-quatre, des fourgons et des voitures lambda y sont entreposé. Je suis à côté d'une Porsche macan dont toutes les vitres sont opaques ce qui ne me surprend pas, il est nécessaire qu'ils puissent cacher ce qu'ils font d'illégale et la drogue ça paye trop bien.

Aeron et Dan nous attendent appuyé sur la voiture, à notre arrivé Dan monte du coté conducteur et la démone du coté passager.

— Monte, m'ordonne blondinet alors qu'il ouvre ma portière et qu'il me donne une légère tape sur la nuque, il a vu mes yeux baladeurs.

Une fois que je suis assise dans l'habitacle il referme la portière et je mets ma ceinture de sécurité. Je n'ai aucune confiance en Dan au volant. A peine s'assoit-il que la voiture par au quart de tour entourée de quatre-quatre. Une protection rapprochée digne de la reine d'Angleterre sauf que ce ne sont pas des agents des forces de l'ordre mais des mafieux. Une meilleure protection à mon avis, ils sont bien plus sanguinaires et terrifiants.