Peu importe le nom que l'on me donne

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Nuada

Je suis accoudé au bar, le nez dans ma bière. Juste pathétique !

Je suis une déité, je devrais même dire la seule, la référence ultime. Les hommes me donnent différents noms, mais continuent de se « battre » par amour pour moi, les pauvres fous !

Je ne suis qu'un imposteur ! J'ai refusé à mes soldats le droit d'aimer et moi, je me suis roulé dans la luxure. J'ai renié, pas un, mais mes trois enfants, les laissant souffrir juste pour sauver ma peau.

Je surprends mon reflet dans le miroir qui me fait face et j'ai un haut-le-cœur à cette vision. Je ne me suis pas rasé depuis une semaine, j'ai cru que cette fois, il en était fini de mes descendants et je me suis comporté comme un lâche. J'aurais pu les aider, mais comme d'habitude, je me suis caché derrière le libre arbitre. La vérité, c'est que je suis un pétochard et puis c'est tout !

Ah ! Il a une belle gueule, le Dieu Bon !

Je balance mon verre au reflet qui me fait face afin de briser cette image qui m'insupporte. Le barman se dirige vers moi en hurlant et je jette négligemment une liasse de billets, alors qu'il ronchonne pour savoir qui va payer les dégâts.

C'est bien beau de filer du fric pour réparer vos conneries, mais c'est ma pomme qui va nettoyer ! râle-t-il.

Je hausse les épaules, ce qu'il pense m'indiffère totalement. Est-ce qu'une divinité peut faire une dépression ?

Car j'ai bien l'impression que c'est ce que je suis en train d'expérimenter. Ou alors est-ce le poids des fanfaronnades de ma famille qui me pèse ?

J'ai abandonné Dagda avec sa compagne, j'ai laissé mon autre frère Lug détruire la vie de milliers d'innocents et je ne parle même pas de Lucifer. Je me pensais meilleur qu'eux, plus fort, plus vertueux et finalement tout ça pour ça ?

Une larme coule le long de ma joue ce qui fait stopper le babillage de l'homme derrière son bar.

Et ne va pas me déprimer ma clientèle, ce n'est pas le bureau des pleurs ici ! éructe-t-il en me dévisageant. Si tu veux te soûler la gueule, OK ! Mais interdiction de brailler comme une gonzesse, tu m'entends ? continue-t-il en me secouant le bras.

Mais tu vas cesser de l'ouvrir pour dire de la merde, pauvre con ! lâché-je, fulminant de colère en me dégageant. Sers-moi ta pisse infecte et ferme-la ! Si tu ne souhaites pas que je détruise ton établissement de seconde zone et ta tête de vicieux !

Je suis hors de moi et c'est à ce moment-là que je surprends les pensées de Lucifer. Non ! Bordel ! Il n'oserait pas faire cela ?

Je ne sais pas pourquoi je me pose la question, cette chose est le mal à l'état pur. Il n'hésitera pas une seule minute à violer ses nièces... à part si je l'en empêche, je suis leur père et c'est un rôle que je repousse depuis trop longtemps.

Ma décision prise, je me matérialise devant mon frangin avec la vive intention de lui expliquer ma façon de penser, mais il arrive à me faire sortir de mes gonds tellement facilement que c'en est désespérant. Nous nous battons sans que l'un ou l'autre puisse vraiment avoir le dessus. Je suis furieux et c'est un euphémisme !

Pas que les sorcières ne sachent pas déjà que je me suis jouée d'elles, car il n'y a que Lucifer pour croire qu'elles sont ignorantes de mon larcin. Elles sont au courant de tout depuis le début.

C'est d'ailleurs pour cela que la mère supérieure de l'époque l'avait vite compris. Et comme la génitrice de Nicholas était sur son passage pour l'accession à plus de pouvoir, cela ne l'a pas trop dérangée que je prenne ce dont j'avais envie. Il ne lui a pas fallu grand-chose pour que la Camille, la mère de Nicholas, ne tombe un peu plus dans la démence...

Daemonuis Heaven or Hell'sWhere stories live. Discover now